Malgré plusieurs rappels d'aliments - quatre en mai concernant des légumes, du porc et du piment moulu contaminés par des bactéries dangereuses pour la santé -, 65% des Canadiens font confiance au système qui assure la salubrité de leur nourriture. Ils sont pourtant nombreux à constater une augmentation des rappels et «la possibilité qu'il y ait plus de problèmes», révèle un sondage Decima obtenu par La Presse en vertu de la loi d'accès à l'information.

Le Québec se met la tête dans le sable: seuls 51% des Québécois ont entendu parler de salubrité ou de rappels dans les six mois précédant l'enquête, comparativement à 71% des autres Canadiens. Payé 74 000$ par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ce sondage a été fait auprès de 1001 Canadiens en mars 2010. Il a été suivi de groupes de discussion.

Les citoyens font confiance aux fermiers canadiens (à 80%) et au gouvernement fédéral (à 73%) pour limiter la contamination d'aliments. Mais cette confiance est «de modérée à basse» envers l'industrie agroalimentaire canadienne et les responsables à l'étranger. «Plus des deux tiers des répondants croient que les aliments produits au Canada sont plus salubres» que ceux importés, selon Decima. La Chine est identifiée comme source d'aliments «préoccupants».

Bonne nouvelle pour Maple Leaf: les répondants «ont une opinion positive de l'entreprise et de la façon dont elle a géré l'éclosion de listériose» qui a fait 22 morts en 2008.

Plus de renseignements réclamés sur les étiquettes

Fait étonnant, 85% des répondants ont dit lire l'étiquette des produits qu'ils achètent pour la première fois. Les Canadiens aimeraient que les étiquettes «fournissent plus de renseignements», en plus gros caractères. Le «plus grand irritant» ? Que la taille des portions présentées varie d'un produit à l'autre, rendant ardues les comparaisons.

La réglementation bio est méconnue: à peine 10% des participants aux groupes de discussion savaient «que des normes gouvernementales ont été instaurées pour les aliments biologiques», d'après Decima. Pourtant, un sur trois «a dit acheter régulièrement des produits étiquetés biologiques».

Par ailleurs, une «grande confusion» règne quant au sens des mentions «Produit du Canada» (fait à 98% ou plus d'ingrédients canadiens, au pays) et «Fabriqué au Canada» (lorsque la «dernière transformation substantielle du produit» a été faite au Canada). Presque personne ne sait ce qu'elles signifient.

Après avoir été informés, la moitié des gens se sont dits d'accord pour ne plus tenir compte du sucre (qui n'est jamais produit au pays) dans les «Produits du Canada». Une confiture de fraises du Québec, contenant du sucre d'Amérique centrale ou du Sud, pourrait ainsi être officiellement un «Produit du Canada».