La petite salière des publicités de Knorr a raison de pleurer: un adulte canadien consomme 3092 mg de sodium par jour en moyenne. C'est beaucoup trop, «plus du double de la quantité recommandée», selon Santé Canada.

Ce sel provient à 75% des aliments préparés, comme les sauces et les soupes en boîte. Le Groupe de travail sur le sodium a fait 27 recommandations, l'été dernier, visant à réduire du tiers cet apport en sodium d'ici à 2016. Mais Ottawa a récemment démantelé ce Groupe, en catimini.

L'application du plan de réduction du sodium a plutôt été confiée au Conseil consultatif sur la réglementation des aliments de Santé Canada, jugé trop près de l'industrie agroalimentaire par plusieurs critiques. Qu'arrivera-t-il? Ottawa appuie toujours l'objectif de réduire à 2300 mg l'apport quotidien en sodium des Canadiens, a indiqué Santé Canada à Postmedia News.

Mais il n'est pas question d'adopter une réglementation contraignante. Agir rapidement permettrait d'éviter jusqu'à 16 000 crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux par an, souligne le Centre pour la science dans l'intérêt public dans une lettre adressée au gouvernement fédéral, que La Presse a obtenue.

Mais saler moins n'est pas toujours facile, selon Steve Labrie, professeur en innocuité alimentaire à l'Université Laval. «Dans le fromage, le sel a plusieurs rôles, dont celui de lutter contre les pathogènes, fait-il valoir. Il est extrêmement difficile de faire des fromages moins salés si on n'utilise pas de substituts de sel.» Exceptions: les fromages fondus ou en tranche, que l'industrie pourrait saler moins, selon M. Labrie.