(Montréal) Eye of the Tiger Management avait bien hâte de présenter son nouveau joyau, le super-moyen Osleys Iglesias, au public montréalais. Le champion du monde de l’International Boxing Organization (IBO) a toutefois connu des ratés pour sa rentrée en étant incapable de faire le poids en vue de son premier combat en sol québécois.

Iglesias (9-0, 8  K. -O.) a fait osciller le pèse-personne 168,9 livres pour son combat contre l’Argentin Marcelo Caceres (32-6-1, 18 K. -O.), qui a de son côté respecté la limite en vue de ce combat de 10 rounds.

La ceinture d’Iglesias n’est pas en jeu pour ce duel. Le Cubain devra toutefois remettre 20 % de sa bourse à Coceres.

Camille Estephan, président d’EOTTM qui vante les talents du pugiliste depuis son arrivée dans l’écurie, ne semblait pas trop inquiet par cet accroc aux règles de son nouveau protégé.

« Iglesias n’a pas mis sa ceinture en jeu, donc il y avait une différence au contrat pour le poids habituel de 168  livres, a indiqué Estephan. Il s’est pesé à l’hôtel [mercredi] matin et faisait 0,3 livre de trop [que le poids convenu], alors qu’à la pesée officielle, la différence était légèrement plus grande. »

Grand intérêt

Il y a toutefois à parier que l’engouement des partisans à l’endroit d’Iglesias, installé à Berlin, en Allemagne, n’en sera pas affecté. Le boxeur de 26 ans a une belle feuille de route chez les amateurs, et il a été parfait jusqu’ici chez les professionnels.

Iglesias a raflé son titre alors vacant de l’IBO en défaisant l’Ukrainien Andrii Velikovskyi par K. -O. technique au 10e round de leur combat en décembre 2022. Il a défendu son titre une fois depuis, signant une victoire par K. -O. au quatrième round aux dépens de l’Allemand Artur Reis, en octobre. L’ex-aspirant chez les 175 livres Isaac Chilemba fait notamment partie de son tableau de chasse.

À six pieds deux pouces, son physique n’est pas sans rappeler celui de Lucian Bute. Iglesias arrive toutefois dans les hautes sphères des super-moyens alors qu’il y a congestion au sommet, tout le monde étant ralenti par les très rares occasions de défier le champion unifié, Saul « Canelo » Alvarez.

EOTTM compte également deux aspirants classés parmi les top 5 des quatre principaux organismes de sanction en Christian Mbilli et Erik Bazinyan. Malgré tout, Iglesias n’a pas l’intention de faire le saut chez les mi-lourds.

« Je n’y ai jamais pensé en plus, a-t-il affirmé à La Presse Canadienne par le truchement de l’interprète Claudia Diaz, lors de la conférence de presse de mardi. Mon rêve est de devenir champion unifié. Oui, c’est congestionné à 168 livres. Mais ça veut aussi dire qu’il y a plus d’adversaires potentiels à affronter, donc plus de défis à relever, et je carbure aux défis. »

« J’ai parlé à des gens en Allemagne qui sont objectifs par rapport à lui et ils me disent que c’est le meilleur boxeur qu’ils ont vu depuis des dizaines d’années, a affirmé Estephan. Il fait du sparring avec des médaillés olympiques. Son entraîneur a longtemps dirigé l’équipe est-allemande. C’est à la dure : deux entraînements par jour, six jours par semaine. Il est très bien préparé.

« C’était très difficile pour sa précédente équipe de lui trouver de bons adversaires : il est gaucher, il est Cubain, il est champion. C’est la formule parfaite pour dire non à un boxeur ! Je pense qu’en Mbilli, Iglesias et Bazinyan, on a trois gars qui peuvent devenir champions du monde », a résumé Estephan.

Précoce

Iglesias s’est rapidement mis à la boxe dans son île natale, enfilant les gants pour une première fois à 7 ans. Mais c’est en Allemagne que sa carrière professionnelle a pris son envol.

« Je suis allé en Allemagne pour un Championnat du monde et j’ai gagné l’or. Je suis passé pro ensuite et j’ai commencé à travailler avec Georg [Bramowski]. Je suis toujours avec lui. C’est plus que mon entraîneur maintenant ; il fait partie de ma famille », a confié Iglesias.

Père d’une petite fille, Iglesias ne compte pas déménager à Montréal pour la suite de sa carrière.

« Ma famille est bien installée à Berlin. Je vais venir pour des camps d’entraînement ou des stages de préparation », a-t-il expliqué.

Son duel face à Coceres sera présenté en demi-finale du gala de jeudi, au Cabaret du Casino de Montréal. Steven Butler (33-4-1, 27 K. -O.) et Steve Rolls (22-3, 12 K. -O.) assureront la finale. Butler (160) et Rolls (159) ont respecté la limite de poids pour ce duel chez les moyens.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Steven Butler

Vanessa Lepage-Joanisse (6-1, 2 K. -O.) et Abril Argentina Vidal (10-1, 4 K. -O.), à 173,3 et 170,1 livres respectivement, ont toutes deux respecté la limite de 175 livres imposée pour leur combat de championnat du monde. Les deux pugilistes tenteront de mettre la main sur le titre vacant des lourdes du World Boxing Council (WBC).

Lepage-Joanisse tentera de devenir la première boxeuse depuis David Lemieux chez EOTTM à mettre la main sur une ceinture de championnat.

« C’est une inspiration pour tout le monde, a dit Estephan au sujet de Lepage-Joanisse. Quand on pense à la boxe féminine au Québec, on pense à Marie-Ève Dicaire. Mais je pense que Vanessa va pouvoir reprendre le flambeau. […] C’est quand même beaucoup de pression, mais elle en a vu d’autres avec tout ce qu’elle a surmonté sur le plan personnel. On veut tous qu’elle gagne. »

Arthur Biyarslanov, Luis Santana, Mehmet Unal, Jhon Orobio et Wilkens Mathieu seront également en action. Tout ce beau monde et leurs adversaires ont respecté les limites imposées. Les premiers coups seront échangés à compter de 19 h. Le gala est présenté à guichets fermés, mais peut être suivi sur PunchingGrace.com.