Kim Clavel ne se refusera jamais à une métaphore de vie amoureuse pour illustrer les différentes étapes de sa carrière.

Le printemps dernier, la boxeuse décrivait son retour à la Place Bell comme une « deuxième date ». Mardi, elle a comparé à une peine d’amour le deuil qu’elle a vécu après s’être inclinée devant Evelin Nazarena Bermúdez en combat de championnat du monde, en octobre dernier, à la suite d’une décision partagée.

« Quand tu es sur le point d’atteindre ton rêve et que tout s’écroule, tu as besoin de vivre ton deuil, a-t-elle lancé au cours d’un point de presse organisé par le groupe GYM. C’est un peu comme quand tu es en couple : plus tu aimes ton chum, plus tu as de peine quand il te laisse. »

Pendant trois mois, elle a mangé de la crème glacée, a-t-elle raconté.

Le deuil, aujourd’hui, est bien fini. Clavel rentre à peine de Cuba, où elle s’est imposé un camp d’entraînement aride de plus d’un mois. En janvier, elle confiait justement à notre collègue Katherine Harvey-Pinard à quel point elle souhaitait vivre dans l’« inconfort » avant de remonter dans le ring.

À La Havane, elle a vécu un mois « difficile », mais « enrichissant ». « Une expérience inoubliable », en somme.

La première semaine, je me demandais comment j’allais endurer 33 jours comme ça ; la dernière semaine, je me demandais comment j’allais faire pour partir.

Kim Clavel

La crème glacée, pas besoin de nous faire un dessin, est loin derrière elle. Son teint témoigne du fait qu’elle descend tout juste de l’avion, mais elle a déjà trois entraînements derrière la cravate depuis son retour à Montréal. Et elle sera la tête d’affiche d’un gala organisé par le Groupe Yvon Michel, le 4 avril prochain, au Casino de Montréal, contre une adversaire qui reste toujours à déterminer.

Clavel est toutefois catégorique. Oui, la défaite contre Bermúdez a fait mal. Oui, elle doit être « active » au cours des prochains mois. Oui, elle veut « gagner, mettre du vert sur [sa] fiche », après avoir encaissé deux revers en 2023, l’autre étant contre la Mexicaine Yesica Nery Plata. Mais non, elle ne veut pas de combats pour « reprendre confiance ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Conférence de presse des boxeurs de GYM en vue des trois prochains galas qui auront lieu les 14 mars, 4 avril, et 16 mai au Casino de Montréal

« Je n’ai pas perdu confiance, insiste-t-elle. Quand tu chauffes les fesses des meilleures du monde, tu sais que tu es à ta place. Ça fait 17 ans que je boxe, je ne vais pas réapprendre à boxer.

« Je ne suis pas retraitée : je suis ici avec l’objectif d’être championne du monde. »

Patience

Pour y (re)parvenir, la boxeuse de 33 ans devra s’armer de patience.

Une revanche contre Plata, actuelle championne WBA et WBC, ou Bermúdez, championne IBF et WBO, n’est pas envisageable pour l’instant. Il faudra donc emprunter la route panoramique et remonter la pente jusqu’au sommet. En ce sens, son retour sur le ring, en avril, sera une première étape.

Yvon Michel planche toutefois sur l’organisation d’un combat Plata-Bermúdez sur le sol québécois, « à la fin de l’été », avec quatre ceintures à l’enjeu. Une idée de Plata elle-même, dixit le promoteur.

L’objectif du projet, s’il se concrétise, serait que Clavel puisse affronter la gagnante de ce duel.

« Avoir ma chance pour quatre ceintures, ce serait extrêmement stimulant ! s’est exclamée la pugiliste. Ce serait le summum de ma carrière. »

J’ai affronté ces deux filles-là, je sais que je suis à leur niveau.

Kim Clavel

Si elle en avait le choix, elle se mesurerait à Plata. Leur combat de janvier 2023 l’a laissée sur son appétit. « Je sens que je n’ai pas performé à la hauteur de ce dont je suis capable. »

Peu importe l’identité de son adversaire, son prochain combat à ce calibre lui demandera de puiser jusqu’au fond de ses ressources mentales et physiques. Car malgré la défaite, en octobre, elle persiste à croire qu’elle a livré contre Bermúdez la « meilleure performance de [sa] vie ».

Comment rehausser la barre, dans ce contexte ? En utilisant – littéralement – la même recette, croit-elle.

« Je dois me rappeler l’état d’esprit dans lequel je me trouvais, a encore dit Clavel. J’ai tout documenté pendant mon camp d’entraînement avant d’affronter Bermudez. J’écrivais beaucoup. Ce que je lis, c’est la recette pour cet état d’esprit.

« J’ai repassé ce combat dans ma tête un million de fois, a-t-elle conclu. C’était de bonne guerre, c’était un bon combat. J’ai senti que j’aurais pu gagner. Ça arrive, ça fait partie du sport. J’ai fait tout ce que j’avais à faire. Je n’ai aucun regret. Et si c’était à refaire, je le referais probablement de la même manière. »

Mathieu Germain en mars

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Mathieu Germain

Le prétexte du point de presse de GYM, mardi matin, était de donner un avant-goût de l’année 2024, au cours de laquelle on souhaite présenter huit galas professionnels et huit évènements amateurs. Le premier gala professionnel, prévu pour le 14 mars au Casino de Montréal, aura pour tête d’affiche Mathieu Germain. Le Québécois affrontera le Mexicain Jesus Antonio Rubio. Une victoire permettrait à Germain de se rapprocher d’un combat de championnat du monde, possiblement dès le mois de juin contre l’actuel tenant du titre IBF chez les super-légers, Subriel Matias. « Je dois passer à travers le 14 mars, a résumé Germain. Ce gars s’est déjà battu pour un championnat du monde, c’est à moi de le battre clairement. La suite des choses, ce sera un combat d’envergure. »

Houle « très près d’une finale »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Marie-Pier Houle

Lentement, mais sûrement, le nom de Marie-Pier Houle se rapproche du haut de la carte. Le 4 avril prochain, elle se battra en demi-finale du gala qui se conclura par le retour de Clavel. Après avoir battu Cindy Reyes Espinoza en octobre, et après avoir « très bien fait » contre Sandy Ryan il y a un an en combat de championnat du monde, Houle (9-1-1) est « très, très près d’une finale », a affirmé Yvon Michel. Selon lui, son nom « circule très bien » dans la division des super-légères. « Éventuellement, elle va retourner en championnat du monde », croit-il. La boxeuse, pour sa part, a décrit comme « un honneur » le fait de se battre juste avant Clavel. « On a tout le temps une belle énergie ensemble, a-t-elle dit. On montre que la boxe féminine, c’est de la boxe, c’est un spectacle, peu importe que ce soit une femme ou un homme. On a toujours l’objectif de donner un gros show. »

À la recherche d’une idée pour Jean Pascal

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Jean Pascal

S’il avait gagné son combat contre Michael Eifert, en mars dernier, Jean Pascal serait devenu l’aspirant obligatoire à la ceinture de champion du monde des mi-lourds de l’IBF. Il aurait ainsi retrouvé sur sa route le Montréalais Artur Beterbiev. Or, ce n’est pas arrivé. Il n’empêche qu’à 41 ans, Pascal n’a toujours pas abandonné l’idée de remonter dans le ring, a révélé Yvon Michel. Il a même demandé au promoteur s’il pouvait « trouver une façon de le ramener ». « On y réfléchit, on aimerait ça, mais on n’a pas encore trouvé » de combat pour lui, a toutefois convenu le patron de GYM.