Adonis Stevenson a rarement été ébranlé dans un ring. Mais il l'a été la semaine dernière devant la controverse suscitée par son passé criminel. Il songe maintenant à quitter le Québec avec sa famille et parle de racisme à son endroit.

«J'ai eu une semaine difficile. On a revu mon passé. Ça fait 17 ans. On a essayé toutes sortes de tactiques pour me déconcentrer pour que je ne puisse pas gagner, a déploré Stevenson après sa victoire, samedi. Je suis en train de réfléchir avec ma famille à la possibilité de quitter le Québec.»

Stevenson n'a pas précisé vers quels cieux il souhaiterait partir. Mais il a mentionné que ses prochains combats pourraient avoir lieu aux États-Unis. «J'ai déjà des propositions pour Las Vegas et New York.»

Cette déclaration-choc a été faite dans la foulée de sa victoire contre Tony Bellew (20-2, 12 K.-O.) samedi soir au Colisée de Québec. Le champion WBC des mi-lourds a réussi la deuxième défense de son titre. Il a envoyé le Britannique au tapis deux fois au 6e round pour l'emporter par K.-O. technique à 1:50 de ce même engagement. Une victoire impressionnante devant 8400 spectateurs.

Stevenson a sauté de joie sur le ring. Il y a de quoi. Ce gain lui ouvre la porte à un lucratif contrat avec le réseau HBO. Les négociations vont commencer dans les prochains jours.

La victoire aux dépens de Bellew est aussi la cerise sur le gâteau de son année 2013. En mars, il a vengé son unique défaite en carrière; en juin, il est devenu champion du monde; en septembre, il a défendu son titre. Il l'a fait encore samedi. «J'ai livré quatre combats et j'ai réussi quatre K.-O.», a rappelé le champion.

Stevenson parle de racisme

Mais au moment de rencontrer les médias, dans la nuit de samedi à dimanche au Colisée, son visage s'était assombri. «Adonis a le sourire facile. Mais cette semaine, je ne l'ai pas vu. Il était tétanisé», a dit son promoteur, Yvon Michel.

En cause, les articles publiés sur ses démêlés avec la justice lorsqu'il était dans la jeune vingtaine, d'abord dans La Presse, puis repris dans Le Journal de Québec. «Je parais en première page quand c'est négatif. Mais quand je suis devenu champion du monde, je ne parais pas dans les premières pages. C'est du racisme, ça», a-t-il fait valoir.

«Il n'y a personne qui va essayer de dire quoi que ce soit, de me décourager, d'essayer de me salir dans les journaux, a poursuivi Stevenson. Je suis beaucoup trop fort. Je suis l'exemple du Québec. Je suis le premier Noir qui a eu des problèmes et qui, maintenant, est champion du monde.

«Ça sert à quoi de se rétablir, si on est constamment en train d'écraser la personne?», demande-t-il.

Une semaine d'enfer

Les articles ont été repris à la radio et à la télé. Les détails sur l'affaire de proxénétisme pour laquelle il a été condamné à quatre ans de prison ont fait la manchette. L'entourage du champion s'est mis en mode panique.

«On essayait qu'il ne lise rien, qu'il n'aille pas sur les réseaux sociaux, raconte Yvon Michel. Mais il ne pouvait pas s'empêcher et il était attristé par ce qu'il lisait. Ç'a été dur pour lui.»

Le promoteur avance qu'il a même envisagé un instant d'annuler le combat. «Si on avait perdu le contrôle, on l'aurait fait.»

Yvon Michel dénonce le moment choisi pour sortir ces histoires. «Ça aurait pu attendre à la semaine après le combat. Je comprends qu'on veut sortir des cochonneries comme ça au moment où une personne est mise en vedette quelque part, dit-il. Pour un politicien qui va en élection, pour un joueur de hockey, c'est plate, mais il n'y a pas de répercussions graves. Lui, il met sa vie en danger sur le ring. Une inattention peut tout changer.

«C'est dangereux, ce sport-là, pour un boxeur mal préparé et samedi soir, il n'était pas bien préparé», a-t-il ajouté.

Yvon Michel va maintenant s'asseoir avec son boxeur pour discuter de la suite. Une entente à long terme avec HBO? Un prochain combat contre Bernard Hopkins? Mais il sera aussi question du probable exil d'Adonis Stevenson.

«Il a l'impression que les Québécois lui tournent le dos», note-t-il.