Blessée à une cheville, la championne mondiale Laurence St-Germain doit faire une croix sur les deux prochains slaloms de Coupe du monde.

La skieuse de 29 ans a enfourché un piquet des milliers de fois dans sa vie, sans conséquences fâcheuses. C’était vrai jusqu’à lundi dernier [le 11 décembre], alors qu’un choc avec une porte durant un entraînement en Italie l’a stoppée net dans son élan et projetée tête première dans la neige. Bilan de la chute : déchirure partielle d’un ligament de la cheville gauche.

« Ça aurait pu être vraiment pire », s’est-elle encouragée, lundi après-midi, depuis chez elle à Saint-Ferréol-les-Neiges.

Laurence St-Germain ne sera pas du départ des deux prochains slaloms, celui prévu à Courchevel mercredi soir et le suivant à Lienz, en Autriche, le 29 décembre. Dans le meilleur des cas, elle renouera avec la compétition le 7 janvier à Kranjska Gora, en Slovénie, bien qu’elle ne s’impose aucune pression.

« C’est sûr que je veux revenir en janvier, a-t-elle précisé. Je ne veux pas revenir trop vite et j’essaie de ne pas me fixer de date, mais Flachau [le 16 janvier] est l’une de mes courses préférées sur le circuit. C’est un slalom de soir. Juste pour l’évènement, j’aimerais être de retour à ce moment-là. Si tout va bien, le plan super ambitieux serait de reprendre à Kranjska Gora. »

PHOTO GIOVANNI AULETTA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Laurence St-Germain en action à Levi, en Finlande, en novembre dernier

L’athlète de 29 ans s’est blessée lors de la troisième manche d’un entraînement à Pozza di Fassa, dans le nord-est de l’Italie. Elle a enfourché au passage d’une chicane à trois portes (flush dans le jargon), une figure verticale qui contraste avec les piquets tournants.

« J’ai frappé le piquet du mauvais côté et mon ski l’a accroché. C’est ce qui fait que ma cheville a twisté. Mon ski a lâché juste au bon moment. S’il ne s’était pas défait, ça aurait pu être vraiment pire : ma cheville ou mon genou y passait, c’est sûr. »

Elle a subi une déchirure de grade 2 du deltoïde, un important ligament de la cheville. Son pied sera immobilisé dans une botte orthopédique pour une période minimale de deux semaines, au cours de laquelle elle se déplacera en béquilles.

« Je suis contente parce que ma saison n’est pas complètement annulée, mais c’est un gros bloc de slalom qui commence en ce moment. On a quand même quatre courses en cinq semaines. Ce n’est pas idéal pour les points et tout ça. Plus je reporte mon retour, plus je manque de courses. En même temps, je ne veux pas revenir trop vite parce que je veux revenir en santé. »

Patience

De retour au Québec au milieu de la semaine dernière, Laurence St-Germain a amorcé ses traitements samedi. Sa physiothérapeute Isabelle Trottier est en contact étroit avec son préparateur physique, Charles Castonguay. « J’ai un entourage hors pair à la maison. Ils m’ont tout de suite prise en charge dans les heures où ils n’étaient probablement pas supposés travailler ! Ils m’ont fait un bon plan. »

Elle a commencé le vélo stationnaire sans résistance et le rameur avec la jambe gauche qui glisse à l’extérieur. « L’une des qualités de Charles est qu’il est très créatif. Il me patente des affaires pour que je n’aie pas de mise en charge dans mes exercices, mais pour que je ne me pogne pas le beigne non plus ! »

Le maître mot de son équipe médicale est la patience. St-Germain ne veut rien risquer en précipitant son retour sur des skis.

« Il va d’abord falloir que je sois capable de mettre du poids sur mon pied. J’ai beaucoup d’étapes à franchir sans douleur avant d’essayer ma botte de ski et de faire du ski libre. Avec mon staff, on s’est dit qu’on ne se fixerait pas de date pour ne rien presser. »

L’étudiante à la maîtrise en génie biomédical ne veut pas répéter une erreur qu’elle a peut-être commise en 2016, alors qu’elle s’est blessée deux fois à un ligament du genou gauche.

J’en ai encore quelques séquelles. Ça ne me tente pas d’avoir d’autres bobos chroniques !

Laurence St-Germain

À son âge et avec son statut, elle ne sent pas non plus l’obligation de faire ses preuves et de chasser les points de Coupe du monde.

« Je veux revenir quand je suis en confiance et que je me sens aussi fraîche qu’avant de me blesser. Au moment de revenir, je veux être capable d’être dans le top 10. »

Insatisfaite de son début de saison – non qualifiée au premier slalom de Levi, septième au deuxième et 14à Killington –, Laurence St-Germain anticipait avec optimisme la suite de sa saison, s’estimant tout près d’un premier podium en Coupe du monde. Se relancer dans un parcours avec la même assurance sera son principal défi dans les prochaines semaines.

« C’est la partie la plus stressante d’une rééducation : tu ne sais jamais comment ça va aller sur la neige. Je parle de l’aspect mental. J’ai enfourché des milliers de fois, on passe tellement près des piquets en slalom, mais je ne m’étais jamais fait mal. C’est pour ça que je veux revenir en confiance avec une cheville solide. Je veux pouvoir attaquer comme je le faisais avant. »

Rare élément positif de ce coup du destin : elle pourra fêter Noël avec sa famille et ses amis pour la première fois depuis 2016. Elle souhaite néanmoins retourner en Europe avant le Bye bye puisqu’elle doit s’accorder une bonne semaine d’entraînement avant de remettre un dossard de Coupe du monde.