« Les statistiques disent que tu es censée avoir ton premier podium à 23 ans… »

Avec sa médaille d’or de championne du monde de slalom déposée devant elle, Laurence St-Germain peut s’autoriser à sourire.

Ce titre, un premier pour une Canadienne en 20 ans, l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges est allée le chercher à la sueur de son front. Avec quelques alliés indéfectibles, mais souvent seule.

« Je suis encore plus fière de ne pas avoir eu un chemin comme les autres, a-t-elle noté lundi. Les meilleures, comme Mikaela Shiffrin ou Petra Vlhová, elles ont littéralement des équipes privées. »

Non seulement St-Germain n’a pas d’encadrement privé, mais elle a aussi dû refaire sa place dans l’équipe nationale après en avoir été écartée en 2014, sans même avoir été invitée à un camp de sélection. À 19 ans, elle était jugée trop vieille…

« Je l’ai fait vraiment toute seule, a-t-elle convenu sans amertume. Il y a eu des moments où je n’ai vraiment pas eu de soutien. Heureusement, mes parents et mon frère étaient là pour m’aider. »

« Si c’est fini, c’est fini »

St-Germain s’est tournée vers les études en sciences informatiques à l’Université du Vermont et le circuit universitaire américain, où elle a brillé avec deux titres nationaux mémorables à la fin de son parcours en 2019.

L’équipe du Québec et son entraîneur-chef Francis Royal, qui a toujours cru en son potentiel, lui ont tendu la main. C’est encore lui qui a trouvé des terrains d’entraînement pendant son séjour actuel au Québec.

Après une première expérience chez elle au Mont-Sainte-Anne en 2013, elle s’est lancé comme défi de retourner aux Championnats du monde juniors disputés en Norvège en 2015. La technicienne a même pris part à des super-G sans entraînement pour grappiller des points, empruntant les skis de sa coéquipière Valérie Grenier…

Deuxième rebuffade de Canada Alpin : « Ils ont décidé de ne pas me prendre même si mes résultats étaient assez semblables à ceux des filles qui se sont qualifiées. »

Un retour dans l’équipe canadienne lui paraissait hautement improbable. Sans abandonner, elle s’est résignée, en toute sérénité. Les trois années à venir dans le circuit de la NCAA s’annonçaient une belle façon de clore la boucle du ski de compétition.

J’adore le ski, c’est ma passion. Mais j’ai tellement de choses dans ma vie que je n’ai pas besoin du ski pour être heureuse non plus.

Laurence St-Germain

Avant les Mondiaux, elle pointait au 19e rang de la liste de départ de la Coupe du monde, un classement établi sur un an de calendrier. L’équipe canadienne exige une place parmi les 15 premières pour revenir l’année suivante…

Cette situation précaire ne l’a jamais inquiétée. « Cette année a été pleine de hauts et de bas. Je me suis dit : si c’est fini, c’est fini. Mais je vais toujours aimer le ski. Je n’ai jamais pensé arrêter de skier comme tel, mais il y a des moments où j’ai arrêté de croire que je me rendrais jusqu’à aujourd’hui. »

Pour ce qui est des statistiques…