Le patinage artistique canadien est entre bonnes mains. Sur le podium à l’épreuve de danse sur glace des Championnats des quatre continents, les duos canadiens composés de Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sørensen, ainsi que de Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, se tenaient respectivement sur la deuxième et la troisième marche. À peine revenus du Colorado, les médaillés ont offert de leur temps pour transmettre leur passion.

Le Quartier des spectacles renferme l’un des plus beaux secrets de Montréal. Dans le creux des immeubles de condos et des tours de bureaux où les jeans ne sont probablement pas tolérés, au coin de la rue Clark et du boulevard De Maisonneuve Ouest, se cache l’esplanade Tranquille.

Une patinoire géante sur laquelle les familles, les amoureux et les travailleurs font mordre leurs lames sous les lumières multicolores et au son de morceaux choisis par l’équipe d’ICI Musique.

À travers cette mer de patineurs occasionnels, certains sortent du lot.

Ils se sont présentés avec des manteaux Lululemon, et le logo de l’équipe olympique canadienne sur l’épaule.

Un peu avant 19 h 30, Fournier Beaudry et Sørensen partagent un petit bol de bretzels dans le grand salon en bordure de la patinoire.

Le duo conclura sa saison aux Championnats du monde, dans quatre semaines, au Japon. Néanmoins, sa médaille d’argent acquise aux Quatre continents a une grande valeur. Surtout compte tenu de l’importance de la compétition.

« C’est gros », lance Fournier Beaudry, déjà maquillée pour sa prestation.

« On voulait vraiment gagner. On est passés près, mais on était un peu à court, poursuit son compagnon. On était vraiment contents lorsqu’on a quitté la glace et c’est l’important », ajoute-t-il à propos de leur première médaille en championnat.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sørensen

Il serait difficile d’être déçus de ce résultat, confie la patineuse, car ils ont établi deux marques personnelles. « Ça prouve que tu t’améliores d’une compétition à l’autre. Ça nous donne encore plus de motivation pour les championnats du monde. »

Après le spectacle, le couple aura la tête aux Mondiaux, la compétition la plus importante de la saison. « On va continuer à pousser, assure Sørensen. Il n’y aura pas vraiment de changements majeurs, ce sont des détails. Mais c’est certain qu’on a encore plus faim pour une médaille. »

Une fin satisfaisante

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Marjorie Lajoie et Zachary Lagha lors des Championnats des quatre continents tenus au Colorado

Marjorie Lajoie et Zachary Lagha ont atterri sur la dernière marche du podium. Pour ces deux perfectionnistes invétérés, c’est un résultat amplement suffisant.

« Les autres duos sont tellement plus âgés. Ils ont beaucoup d’expérience et on a encore du chemin à faire pour être à leur niveau », précise Lagha, tisane à la main.

À ses côtés, Lajoie abonde dans le même sens : « On était juste contents d’avoir la médaille. C’était ça l’objectif. »

Il aurait été difficile pour la paire de terminer sa saison de meilleure façon. « Ça veut dire beaucoup », raconte le patineur de 23 ans. Le duo a excellé cette saison en devenant un abonné du podium.

Les deux patineurs sont satisfaits d’avoir fait aboutir leur programme et ils prendront quelques jours de repos avant de redémarrer la machine.

Partager la passion

Il faisait environ - 3 oC lorsque les patineurs se sont engagés sur la patinoire du centre-ville. Une masse de curieux s’est réunie autour de la surface gelée.

Les olympiens étaient davantage en démonstration qu’en compétition. Les enfants, notamment, émerveillés, ne pouvaient que constater l’habileté et le talent de ces patineurs de renom à s'exécuter sous leurs yeux.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Romain Le Gac et Marie-Jade Lauriault

Pour cette raison, les patineurs voulaient tout de même patiner à la hauteur de leurs capacités. « C’est toujours stressant, parce que tu veux toujours bien faire et montrer de quoi tu es capable sur la glace », selon Sørensen.

C’est une façon de transmettre notre passion. C’est un moyen pour les enfants de venir nous voir et il y a peut-être une relève qui va naître de ça. Le feeling est différent, parce que ce n’est pas jugé et le public est là pour triper, pour vivre un moment, et ça nous donne de l’énergie.

Laurence Fournier Beaudry

Cette énergie, Lajoie s’en nourrit également lors de ce genre de prestation. « En compétition, tout le monde est bon. Donc embarquer devant des gens, qui sont moins habiles ou moins habitués de voir un patin de ce calibre, c’est une petite fierté. Il y a cet effet de surprise. Habituellement, les gens ne savent pas qui on est. »

Pourtant, ils ont fait leur entrée sous des applaudissements, des cris et des sifflements.

« On est toujours dans la performance », précise Lagha.

Sauf que jeudi soir, ils étaient en mode plaisir. Le plaisir de transmettre leur passion, de représenter l’Académie de glace de Montréal et de patiner, tout simplement. « Il faut quand même apprécier ce qu’on fait, parce qu’on est à un très bon niveau et il faut en être fiers », conclut Sørensen.