Un message « d’espoir, d’amour, de réconciliation, de paix, de sérénité ». C’est ce que souhaitent véhiculer les 56 participants qui entreprendront le 16 février la grande Expédition Premières Nations. Ce parcours de motoneige hors-piste, le plus grand au monde, s’étend sur 4500 km et fera passer les participants dans 16 communautés autochtones en 18 jours.

Le groupe, composé d’autochtones issus de différentes Premières Nations ainsi que de non-autochtones, partira de Manawan et montera graduellement vers le nord, jusqu’à Chisasibi, avant de se diriger vers l’est jusqu’à Kawawachikamach, puis de redescendre vers Fermont et le poste des Montagnais.

Projet inclusif

Les participants seront accueillis et hébergés dans les différentes communautés sur leur chemin, où des cérémonies « du feu sacré » et d’autres activités seront organisées, notamment des repas traditionnels. Le groupe, qui comprend 10 femmes, souhaite notamment rendre hommage aux enfants morts dans les pensionnats pour autochtones, aux femmes disparues ainsi qu’à Joyce Echaquan, morte en septembre 2020 à l’hôpital de Joliette dans des circonstances troublantes. Mme Echaquan était originaire de la communauté atikamekw de Manawan, point de départ de l’aventure.

Le thème principal de cette grande expédition ? La réconciliation entre les nations, les non-autochtones, « tous », fait savoir le chef d’orchestre du projet et habitué des expéditions hors-piste, Christian Flamand.

PHOTO AUDREY MCMAHON, FOURNIE PAR L’EXPÉDITION PREMIÈRES NATIONS

Christian Flamand

Les nations ne feront qu’une pour « émanciper le message de la réconciliation », explique-t-il. « Pour qu’on puisse fraterniser, travailler main dans la main, tous ensemble. C’est le message qu’on veut porter dans la province de Québec. Si ça peut prendre des proportions internationales, tant mieux. L’objectif de ça, c’est vraiment de sensibiliser. »

On est un organisme à but non lucratif, on est neutres, on ne fait pas de politique. On est juste là pour rendre hommage, pour porter le message de la réconciliation. C’est important pour les communautés.

Christian Flamand, chef d’orchestre du projet d’Expédition Premières Nations

Très sûre

Voilà deux ans que M. Flamand travaille à temps plein sur ce projet d’envergure, qui nécessite toute une logistique. Le coût moyen pour chaque participant se situe entre 60 000 $ et 65 000 $.

Tout a été pensé pour que l’expédition soit le plus sûre possible. Air Medic sera notamment présent pour offrir un soutien aéroporté en cas d’accident. Par ailleurs, le groupe aura avec lui des personnes formées comme premiers répondants ainsi que des défibrillateurs.

PHOTO AUDREY MCMAHON, FOURNIE PAR L’EXPÉDITION PREMIÈRES NATIONS

La sécurité des participants sera assurée en tout temps.

« La sécurité est vraiment mise au premier plan, fait valoir M. Flamand. On a identifié tous les tracés... On fait du hors-piste, oui, mais on essaie de rendre ça un peu plus facile parce qu’on a des femmes qui ne sont pas habituées de faire de la motoneige. [...] On ne veut pas de pépins ; on veut que tout le monde arrive en santé, du point A au point B. »

« Il va falloir qu’on soit très prudents avec les conditions climatiques de cette année, surtout sur les plans d’eau, continue-t-il. On a des tracés de faits : un plan A, B, C et D en cas de nécessité majeure. On a demandé à tous les participants d’avoir un GPS parce que ça peut arriver qu’on arrive tard la nuit. »

Les participants dormiront dans leurs tentes au moins quatre nuits. Ils feront face à certains défis, comme les conditions climatiques ; M. Flamand s’attend à des températures oscillant entre -35 oC et -55 oC dans certains secteurs. La faune pourrait aussi nécessiter quelques précautions.

« Depuis quelque temps, il y a beaucoup de meutes de loups qui circulent dans le grand territoire, tant dans notre territoire [atikamekw] que chez les Cris. C’est quand même un danger. [...] Il faut prévoir le coup, on ne sait jamais », lance-t-il.

Quoi qu’il arrive, les participants travailleront ensemble, dans la même direction. C’est l’essence même de ce projet, qui se veut rassembleur. Les organisateurs sont d’ailleurs en discussion afin qu’un documentaire de 60 minutes découle de cette aventure tant sportive que sociale, communautaire et culturelle. « Ça laisserait un héritage à long terme », dit M. Flamand.