En revenant des Jeux olympiques, la patineuse canadienne Courtney Sarault était drainée mentalement et physiquement. Elle a passé deux semaines à la maison afin de récupérer. Pour les Championnats mondiaux de courte piste, qui se sont amorcés vendredi à Montréal, elle n’a qu’un mot d’ordre : plaisir.

Les Jeux olympiques de Pékin ne se sont pas déroulés comme Sarault le souhaitait d’un point de vue individuel. Elle a terminé en 11place au 1000 m et au 1500 m, ses deux distances de prédilection.

« En revenant, j’ai pris deux semaines d’arrêt. Tout le monde est revenu à l’entraînement quelques jours après le retour. Pas moi! J’ai passé deux semaines dans mon lit, c’est tout », a-t-elle raconté en entrevue après la première journée de compétition à l’aréna Maurice-Richard.

La Néo-Brunswickoise avait besoin de se reposer. De se recentrer, aussi. De se rappeler qu’elle devait « en profiter et ne pas avoir autant d’attentes » envers elle-même.

Cette pause a été bénéfique. Au cours des dernières semaines, l’athlète de 21 ans s’est de nouveau sentie elle-même. Elle s’est retrouvée. Et ça paraissait sur la patinoire, vendredi. Sarault s’est qualifiée dans chacune des distances individuelles, soit le 500 m, le 1000 m et le 1500 m.

« Pour moi, si je me donnais le temps de récupérer physiquement et mentalement, je savais que ça allait me permettre de mieux performer que si j’avais juste essayé de patiner sans être bien », a-t-elle affirmé.

Je me sens bien ! Je ne sais pas à quel point mes jambes vont tenir le coup parce que je n’ai pas fait le même entraînement que d’habitude avant cette compétition. Alors quand la fatigue va revenir, c’est là que ça va peut-être commencer à m’atteindre. Mais je vais juste avoir du plaisir, et nous verrons ce qui arrivera.

Courtney Sarault

L’an dernier, elle avait remporté le bronze au 1000 m et l’argent au 1500 m aux Championnats du monde de Dordrecht.

Journée parfaite

Sarault n’est pas la seule à avoir été à la hauteur des attentes, vendredi. En fait, les six patineurs canadiens, femmes et hommes, qui prenaient part aux distances individuelles se sont qualifiés dans chacune d’elles. Ç’a été une longue journée éreintante, mais couronnée de succès.

Chez les femmes, Kim Boutin a pris le premier rang dans chacune de ses vagues de qualifications. Les quelques centaines d’écoliers dans les gradins en matinée lui ont donné de l’énergie.

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Kim Boutin

« C’était le fun ! », a d’abord lancé la Sherbrookoise en souriant sous son masque.

« J’étais quand même fébrile qu’il y ait des gens dans les estrades, a-t-elle ajouté. Pour moi, c’était facile de me mettre dedans. Il y avait l’énergie de la foule. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas senti ça, donc ç’a fait du bien. »

Alyson Charles, dont les dernières épreuves individuelles en championnats du monde remontaient à 2019, a aussi bien fait. La patineuse de 23 ans s’est aussi sentie soutenue par la foule, qui était néanmoins nettement moins nombreuse qu’elle le sera ce week-end, alors que 3200 personnes sont attendues.

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Alyson Charles

Normalement, pendant les courses, je n’entends pas beaucoup. Mais là, j’entendais des parcelles. J’entendais des cris quand je faisais des mouvements.

Alyson Charles

« J’étais quand même nerveuse, ce matin, a-t-elle confié. […] Mais une fois que c’est parti, le stress descend, et c’est comme des automatismes. Je suis contente de la manière dont j’ai coursé. »

Chez les hommes, Pascal Dion, Steven Dubois et Jordan Pierre-Gilles ont fait comme leurs coéquipières. Dion, champion de la Coupe du monde au 1000 m, a mené chacune de ses vagues de préliminaires et de qualifications, même celles du 500 m, une distance qu’il n’a pas courue depuis deux ans dans une compétition internationale.

« Ç’a super bien été, a lancé le sympathique athlète. J’ai l’impression de retrouver le Pascal des Coupes du monde cette saison. Aux Jeux, je ne dirais pas que j’ai mal coursé, j’ai plus eu de petites malchances. Le vent n’a pas été de mon bord. Mais j’ai l’impression que tout se place et je course vraiment comme cette saison. »

Le double médaillé olympique de 27 ans sent que sa première médaille individuelle en championnats du monde est à sa portée. « Si je suis confiant, que je course bien, que j’ai confiance en mes capacités, tout est possible », a-t-il affirmé avec enthousiasme.

Des absents de taille

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Suzanne Schulting

De grosses pointures manquent à l’appel cette fin de semaine. La championne du monde en titre sur toutes les distances, la Néerlandaise Suzanne Schulting, a dû se retirer jeudi après avoir été déclarée positive à la COVID-19. La meneuse au classement mondial, l’Italienne Arianna Fontana, a décidé de ne pas participer au Championnat.

C’est sans parler des équipes russe et biélorusse, qui sont exclues en raison de l’invasion en Ukraine, et des équipes chinoise et japonaise, qui se sont retirées en raison de la COVID-19. En d’autres mots, la porte est grande ouverte pour les patineuses canadiennes.

« C’est le fun de se battre quand il y a de grandes athlètes qui sont là avec nous, a cependant laissé entendre Kim Boutin. J’aurais aimé me battre contre ces filles-là. »

« Ça change assurément la game sans elles, a quant à elle reconnu Courtney Sarault. Mais je suis arrivée deuxième l’année dernière, et les filles étaient là, alors pour moi, ç’aurait simplement été plaisant de patiner contre elles et de voir où je me situe après cette année. »

Du côté masculin, le Sud-Coréen Hwang Dae-heon et le Hongrois Shaolin Sándor Liu, deux des meilleurs patineurs, sont aussi absents.

« La préparation est là, comme d’habitude, a souligné Pascal Dion. Évidemment, si l’un de nous gagne, tu ne peux pas être aussi content que si c’était un Championnat du monde normal avec tous les meilleurs au monde. On va être un peu moins festifs, mais ça reste un titre important si l’un de nous arrive à aller le chercher. »

Samedi auront lieu les demi-finales et finales du 1500 mètres ainsi que les quarts de finale, demi-finales et finales du 500 mètres, tant chez les hommes que chez les femmes.

Charles Hamelin, dont il s’agit de la dernière compétition en carrière, ainsi que Maxime Laoun se joindront à leurs coéquipiers Dubois, Dion et Pierre-Gilles pour les demi-finales du relais 5000 mètres en fin de journée. Également, Florence Brunelle et Danaé Blais seront des demi-finales du relais 3000 mètres avec Boutin, Sarault et Charles.