Il a reçu la médaille d’argent du 500 m, mais Laurent Dubreuil a tout de même volé la vedette, samedi, à la finale de la Coupe du monde de patinage de vitesse longue piste présentée à Heerenveen, aux Pays-Bas.

Le cauchemar des Championnats du monde sprint étant maintenant derrière lui, il a renoué avec le podium dans des conditions invraisemblables.

Placé en confinement après les mondiaux sprint qu’il a été forcé d’abandonner, la semaine dernière, il a seulement reçu le feu vert vendredi et s’est envolé vers les Pays-Bas samedi, en matinée. Laurent Dubreuil a ensuite pris la route vers le Thialf, l’anneau de glace d’Heerenveen qu’il a si souvent vanté.

Évidemment, le trajet ne s’est pas déroulé comme prévu et il a été retardé à l’aéroport. Le 500 m avait lieu à 13 h 30 et il est arrivé à destination à midi, lui qui ne s’est pas entraîné durant huit jours.

Ça peut sembler fort, mais considérant les circonstances, je pense que c’est la meilleure performance de ma carrière, et de loin !

Laurent Dubreuil

La veille, il affirmait qu’un top-4 était irréaliste.

Cette mince préparation ne l’a pas empêché de remporter une 9e médaille en autant de courses sur 500 m cette saison en Coupe du monde. Le Québécois a franchi la distance en 34,532 s et a conclu à égalité avec le Japonais Wataru Morishige. Tatsuya Shinhama, aussi du Japon, a raflé l’or grâce à son chrono de 34,384 s.

En plus de conclure la campagne sur sa piste favorite, Laurent Dubreuil a pu compter sur la présence de son épouse et de sa fille dans des gradins bondés. Des facteurs qui ont probablement fait la différence à la ligne d’arrivée.

« J’ai accepté le fait que je n’allais pas être au top physiquement, alors j’ai voulu utiliser le moment pour me motiver. On est des humains, pas des robots et l’émotion joue un gros rôle sur nos performances. […] La présence de mes proches et l’ambiance survoltée m’ont fait réaliser que ça ne valait pas la peine de stresser ou de penser aux résultats. »

Après la course, il a effectué un tour de piste avec la petite Rose dans les bras, elle qui saluait la foule avec enthousiasme, sourire aux lèvres. Le duo a eu droit à une ovation de la part des quelque 9000 spectateurs sur place.

« Un moment magique dont elle ne se souviendra jamais parce qu’elle est trop jeune, mais moi, je vais m’en rappeler toute ma vie », a décrit Dubreuil, encore ému.

Son périple avait fait écho dans le monde du patinage de vitesse. Des Néerlandais l’ont reconnu et l’ont encouragé à bord de l’avion, même s’il avait son masque, puis plusieurs compétiteurs sont venus le féliciter après sa performance. Il venait de réaliser l’impensable.

« Les gens étaient tous au courant de ce que j’avais traversé. Je menais les Championnats du monde de leur sport national il y a une semaine ! C’est le fun d’avoir droit à tout ce soutien. Je n’ai jamais eu autant de félicitations, alors je pense que j’en ai impressionné plus d’un ! »

Tout près du titre

Cette deuxième place a permis à Laurent Dubreuil de conserver la tête du classement général au 500 m. En finale de la Coupe du monde, les compétiteurs récoltent deux fois plus de points qu’en saison pour leur performance. La médaille d’argent obtenue samedi a ainsi valu 108 points à Dubreuil au lieu de 54.

Il détient désormais une priorité de 62 points sur Tatsuya Shinhama. Tout se jouera dimanche avec la présentation d’un deuxième 500 m.

« Il faudrait que ça se passe vraiment mal pour ne pas l’avoir (le titre). […] Ça prendrait une catastrophe, mais en même temps, c’est ce qui est arrivé la semaine passée ! »

« Mon but reste de gagner une médaille dimanche, sans prendre de risques qui ne sont pas nécessaires. J’aime mieux finir quatrième que risquer de tomber. Je veux faire la meilleure course possible et je vais m’assurer de bien patiner techniquement pour maximiser mes chances. »

13e au 1000 m

Vice-champion olympique du 1000 m, Dubreuil a aussi pris part à cette épreuve samedi. Il était jumelé avec son bon ami Havard Holmefjord Lorentzen pour l’occasion.

Le Norvégien a effectué un faux départ d’entrée de jeu. À la reprise, le Lévisien a connu un excellent départ, le plus rapide de la journée à cette épreuve. Il a toutefois perdu de la vitesse par la suite et s’est finalement classé 13e avec un temps de 1 min 9,918 s.

Laurent Dubreuil l’affirme sans hésiter, il ne lui restait plus d’énergie pour cette deuxième course de la journée, qui a été à l’image de ses attentes pour cette Coupe du monde.

« Il ne me restait rien dans les jambes. L’adrénaline a chuté et je n’avais juste plus de jus. Mentalement et physiquement, j’étais complètement vidé. »

Plus tôt cette saison, les Néerlandais Kjeld Nuis et Thomas Krol avaient décroché des médailles aux trois 1000 m auxquels ils ont participé en Coupe du monde. Chaque fois, Thomas Krol a eu le dessus sur son compatriote et il occupait la tête du classement général du circuit sur cette distance.

Kjeld Nuis s’est levé au bon moment. Il l’a emporté grâce à un chrono de 1 min 8,051 s. Krol, champion olympique en titre du 1000 m, a fini deuxième, à 0,19 seconde du vainqueur. Hein Otterspeed, un autre patineur des Pays-Bas, a reçu la médaille de bronze (+0,65 seconde).