Mémorable. Intense. Surprenante. Trois mots qui pourraient décrire à merveille l’année 2021 de Laurie St-Georges. Son équipe et elle de représenteront le Québec pour la deuxième année de suite au mythique Tournoi des cœurs Scotties, et comme l’an passé, St-Georges a bien l’intention d’y laisser son empreinte.

À 24 ans, la Lavalloise aura déjà le luxe de pouvoir participer à son deuxième championnat national. L’année dernière, elle avait été la grande révélation du tournoi. Notamment en raison de la belle performance de son équipe, mais aussi de l’impression qu’elle a laissée.

Certains observateurs l’ont surnommée « la reine des neiges ». En raison de ses longs cheveux blonds et de ses traits similaires à ceux de la princesse Elsa, dans les films de Disney, mais aussi grâce à sa joie de vivre et son sourire permanent sur la patinoire. Elle avait par ailleurs remporté le prix Marj Mitchell, remis à la joueuse incarnant le mieux l’esprit sportif pendant les Scotties.

Le 7 janvier dernier, Curling Québec a annoncé que St-Georges ainsi que ses coéquipières Hailey Armstrong, Emily Riley, sa sœur Cynthia St-Georges et Alanna Routledge allaient représenter la province au Tournoi des cœurs Scotties, à Thunder Bay, à compter de ce vendredi. L’équipe sera dirigée par Michel St-Georges, le père de Laurie et Cynthia.

Une nouvelle qui a fait du bien, après une année fertile en rebondissements.

On a reçu la nouvelle environ deux heures avant que l’annonce soit publiée sur le site de Curling Québec. Quand on a appris la nouvelle, c’était complètement incroyable. Ça reste un championnat canadien, donc ça nous fait une belle fleur de nous faire choisir. On attendait la nouvelle avec impatience.

Laurie St-Georges

L’équipe St-Georges a été choisie parmi trois équipes inscrites. Évidemment, elles auraient préféré les affronter et gagner leur place au tournoi, mais la skip de l’équipe se console en se disant que si elle a été choisie, c’est parce qu’elle a accompli de belles choses au cours des derniers mois et qu’elle a le talent pour représenter dignement la province à cet immense tournoi.

Après les Jeux olympiques, le Tournoi des cœurs est le tournoi le plus important pour les joueuses de curling d’ici. Même s’il y a de plus en plus d’engouement pour ce sport au Québec, la frénésie dépasse l’entendement au Canada anglais, où le curling est une religion. L’an dernier, sur la chaîne nationale anglophone, le week-end inaugural du tournoi a attiré 331 000 spectateurs. La finale en a réuni plus de 500 000. Ce qui en plus, représentait une baisse contrairement aux éditions antérieures.

L’objectif sera encore cette année de jouer sans pression. L’an dernier, St-Georges et son équipe étaient inconnues et le tournoi s’est bien déroulé. Il n’est pas question pour l’équipe de changer cette formule gagnante.

La seule pression que l’équipe pourrait ressentir, explique Laurie St-Georges, vient du fait d’avoir été choisie par le programme provincial. Malgré tout, il sera important pour toutes les filles de l’équipe de profiter du moment et d’acquérir le plus d’expérience possible. D’autant que St-Georges sera l’une des plus jeunes skips du tournoi, à 24 ans. Cette jeunesse doit aussi être parmi les raisons qui expliquent l’engouement autour de l’équipe St-Georges : « Ce n’est pas nécessairement nos victoires que les gens ont aimées. Oui, ça aide un peu, mais je pense vraiment que c’était plus notre énergie », a précisé la Québécoise.

Comme l’année dernière, le tournoi se déroulera à huis clos, du moins pour commencer. Il est possible qu’une limite de 500 spectateurs soit acceptée à compter du 4 février, mais rien n’a encore été confirmé. Ce sera donc une deuxième expérience sans spectateurs pour St-Georges au Tournoi des cœurs. Ce qui fait le charme du tournoi habituellement, c’est la foule disjonctée et les spectateurs en délire. Même si elle préférerait bien entendu avoir la chance de jouer devant cette foule, la Lavalloise profitera de cette seconde occasion pour se familiariser davantage avec l’environnement, pour qu’une fois le moment venu, elle soit fin prête : « Lorsqu’on arrivera un jour dans un environnement plus hostile, plus stressant, je vais pouvoir me rattacher à des moments plus calmes que j’aurai vécus auparavant. »

Une année rock and roll

Laurie St-Georges a eu le luxe de participer à certaines des plus grandes compétitions à l’échelle nationale au cours des 12 derniers mois. Elle a vécu de grands moments, mais aussi de grandes déceptions.

Tout a commencé avec une première participation au Tournoi des cœurs Scotties, en février.

En septembre, l’équipe St-Georges, surnommée « Team Rockstars », s’est qualifiée pour les « (pré) pré-essais » olympiques, à Ottawa. Une compétition ayant des répercussions sur le processus de sélection olympique. L’équipe faisait partie des huit formations qui bataillaient pour une place aux pré-essais.

En vérité, les Jeux olympiques de Pékin de 2022 n’étaient pas dans la ligne de mire de Laurie St-Georges et de son équipe. Néanmoins, être choisies pour faire partie du processus était une immense récompense. Même si le résultat et les performances de l’équipe ont été un peu en deçà des attentes, St-Georges est capable de poser un regard honnête sur la situation.

On s’était peut-être inconsciemment mis un peu de pression, parce que ce sont les Olympiques. Ça arrive une fois tous les quatre ans. On avait aussi eu moins de pratique qu’on en a maintenant. Ça a fait en sorte que ça n’a pas été nécessairement de notre côté.

Laurie St-Georges

À la mi-décembre, Laurie St-Georges et son amoureux Félix Asselin, qui est l’un des meilleurs joueurs de curling au Québec, se sont rendus à Brantford, en Ontario, pour tenter de se qualifier pour les essais olympiques canadiens en double mixte. Encore une fois, le duo s’est présenté au tournoi sans trop d’appréhension. Finalement, ils ont remporté la compétition avec brio, obtenant leur billet pour les essais olympiques qui devaient avoir lieu au Manitoba.

« C’était vraiment stressant et je suis chanceuse d’avoir pu vivre ça avec mon copain. Quand on joue ensemble, on ne se met pas de pression. Ce que j’aime, quand je joue avec Félix, c’est qu’on est juste deux. C’est intime, on ne dépend de personne d’autre. On se dit les vraies affaires, on se comprend, et c’est comme si on était une seule entité. Quand on a gagné à Brantford, c’était comme le summum, je sautais partout sur les glaces quand on a été qualifiés pour les essais olympiques. Je capotais, parce qu’on avait atteint notre but d’aller aux essais olympiques. »

Cependant, le 25 décembre, les essais ont été annulés en raison de la nouvelle vague de COVID-19. Les chances du duo de participer aux Jeux étaient donc anéanties. « Ç’a été une nouvelle dévastatrice, j’étais complètement renversée. Ce n’est pas vraiment le genre de cadeau de Noël qu’on souhaitait recevoir », a expliqué St-Georges. Au moins, l’année 2022 a bien commencé avec l’invitation de Curling Québec de participer au Tournoi des cœurs pour la deuxième année de suite. Ça venait bien boucler la boucle d’une année chargée, pendant laquelle l’athlète a aussi poursuivi son baccalauréat en communications à l’Université du Québec à Montréal.

« C’était une année intense ! On dirait que l’année a duré 10 ans, parce qu’il s’est passé tellement de choses. C’est bizarre, mais c’est comme ça que je le sens. Je ne pourrais pas être plus enthousiaste pour ce qui va arriver et je ne pourrais pas être plus reconnaissante. Ç’a été une année complètement folle. »