Les sélections olympiques longue piste et les Championnats canadiens juniors qui devaient se tenir à Québec du 27 au 31 décembre n’auront finalement pas lieu, a annoncé Patinage de vitesse Canada, lundi soir. Pour certains athlètes, cette nouvelle pourrait représenter la fin du rêve olympique…

Patinage de vitesse Canada (PVC) a expliqué dans un communiqué que cette décision visait à « protéger la santé et la sécurité » de ses athlètes. L’organisation précise avoir appris dans la journée de lundi que « certains membres » de sa communauté qui s’étaient récemment entraînés à Québec avaient reçu un résultat positif à un test de COVID-19. L’organisation n’a pas précisé de qui il s’agissait, mais on sait que l’équipe nationale de courte piste s’entraînait à Québec pas plus tard que la semaine dernière.

Du côté de la Fédération de patinage de vitesse du Québec, qui organisait les deux évènements, la décision a été difficile à accepter. Il faut dire que c’était la première fois en 38 ans que Québec accueillait les sélections olympiques.

Selon le directeur général de la Fédération, Robert Dubreuil, les choses ont déboulé à une vitesse fulgurante au cours des derniers jours. Vendredi dernier, la Fédération québécoise a déposé une demande d’exemption auprès du gouvernement, qui l’avait acceptée à condition qu’un protocole sanitaire strict soit mis en place. PVC avait également approuvé ladite demande.

Samedi soir, on se couche, tout est beau. Dimanche, ça roule, on commence à travailler sur un protocole sanitaire. […] Tout d’un coup, lundi en après-midi, je reçois un appel de Patinage de vitesse Canada pour m’annoncer que ça ne va pas, qu’on pense à annuler les sélections.

Robert Dubreuil, directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec

Près d’une centaine d’athlètes canadiens au total devaient prendre part aux deux évènements au Centre de glaces Intact Assurance. Selon M. Dubreuil, plusieurs d’entre eux étaient déjà dans l’avion ou arrivés à Québec au moment où PVC a pris sa décision, lundi en fin de journée. Ils ont dû rebrousser chemin mardi matin.

« Est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise décision ? C’est difficile à dire, laisse entendre M. Dubreuil. Chose certaine, c’est une décision extrêmement difficile et on ne saura jamais quelle est la meilleure option. S’ils prennent la décision de maintenir la sélection et qu’ils se retrouvent avec deux cas chez les espoirs de médailles… C’est légitime de penser à ça. C’est déchirant, d’un bord ou de l’autre. »

Le rêve olympique en péril

L’annulation des sélections olympiques aura un impact considérable sur le processus de sélection en vue des Jeux. PVC a fait savoir qu’elle travaillerait à ajuster les critères des politiques et des procédures au cours des prochains jours.

« C’est assez évident que ce sera [décidé] avec les données qu’ils ont [déjà], évoque Robert Dubreuil. On a eu une saison 2021 où il n’y a presque pas eu de patin, donc ils vont se baser énormément sur l’automne. »

Selon lui, ce sont les résultats des Championnats canadiens qui ont eu lieu en octobre et des quatre dernières épreuves en Coupe du monde qui guideront les sélections. Jusqu’à maintenant, quelques athlètes ont déjà obtenu une présélection. C’est le cas des Québécois Laurent Dubreuil et Antoine Gélinas-Beaulieu.

Mais sur la quarantaine de patineurs qui devaient prendre part aux sélections olympiques, une vingtaine n’ont pas pris part aux épreuves en Coupe du monde et n’ont donc aucun résultat international à leur fiche pour l’automne.

« Pour eux, tout tombe à l’eau, dit M. Dubreuil. Leur rêve olympique, d’au moins avoir la chance de s’essayer… […] Ils n’étaient peut-être pas prêts en octobre, ils ont sous-performé ou ont été blessés. Ils se disaient : “Je vais être à mon meilleur à la sélection entre Noël et le jour de l’An à Québec.” Pour eux, le rêve est brisé. »

Robert Dubreuil donne entre autres l’exemple de David La Rue. Aux Championnats canadiens, il avait obtenu sa place pour les épreuves en Coupe du monde au 1500 m. Mais il s’est blessé et a décidé de ne pas se présenter aux quatre épreuves.

« Là, il se préparait pour les sélections, et on lui annonce cinq jours avant qu’elles sont annulées », déplore-t-il.

M. Dubreuil a toutefois apprécié que PVC ait demandé, mardi matin, « de se réassurer que les athlètes de l’équipe nationale à Québec soient encadrés et sécurisés au maximum dans leur entraînement régulier ».

Pas dramatique financièrement

L’annulation des deux évènements n’est « pas dramatique » financièrement pour la Fédération québécoise, assure Robert Dubreuil. « On n’a pas dépensé tant que ça, mais on a mis du temps et de l’énergie de façon épouvantable. Mais là, tout est arrêté. On va se ressourcer pendant le temps des Fêtes. » Chez les associations régionales de patinage de vitesse, « ça patine encore », note-t-il. « Évidemment qu’il y a de la nervosité et de l’incertitude. D’ici au 20 janvier, il ne se passe plus rien en termes de compétitions. »