(Calgary) Laurent Dubreuil s’est fait rincer par la Chine mardi à Calgary. Pas en raison de ses opinions politiques, mais plutôt autour d’une table de billard.

En équipe avec son jeune coéquipier Cédrick Brunet, qui vivra son baptême de la Coupe du monde vendredi, Dubreuil a tué le temps en jouant contre Tingyu Gao, son rival du 500 m, et un entraîneur de l’équipe chinoise.

« On s’est fait battre comme 14 parties en ligne ! a rigolé le Québécois. Gao n’était pas bon, mais moi non plus. C’est son coach qui nous a donné une leçon de pool. »

Au lendemain de ce duel amical, le Canada a annoncé qu’il se joignait à quelques autres pays pour un boycottage diplomatique des Jeux olympiques de Pékin.

Dubreuil estime que c’est « une bonne idée ».« Pour nous, les athlètes, ça ne change rien à notre préparation et à nos chances de performer. »

Il est surtout heureux que « les athlètes n’aient pas été utilisés pour faire passer un message ».

Les personnes que tu punis le plus en faisant un boycottage [complet], ce sont les athlètes de ton propre pays.

Laurent Dubreuil

« Je ne sais pas à quel point ça stresse la Chine que les athlètes canadiens soient sur la ligne ou non. Je pense qu’ils s’en foutent ben raide. Ils vont gagner plus de médailles si le Canada n’y va pas et ils vont trouver le moyen de dire qu’ils sont meilleurs. Ils vont spinner ça. »

Dubreuil s’interroge quand même sur l’impact d’un boycottage des autorités politiques. « Si on voulait prendre de vraies mesures envers des pays avec lesquels on n’est pas d’accord au sujet de leur bilan sur les droits de la personne, on devrait juste arrêter d’acheter des trucs de là-bas. Ça, ce serait une vraie punition. Les athlètes, c’est très symbolique, mais je ne sais pas à quel point ça accomplit quelque chose. »

Au même titre que pour la COVID-19, il dit ne pas gaspiller d’énergie sur des éléments extrasportifs dont il n’a pas le contrôle.

N’empêche, le père de famille de 29 ans n’est pas imperméable ni insensible à ce qui se passe actuellement en Chine.

« Je ne suis pas d’accord avec la façon dont la Chine traite ses citoyens et tout le monde dans le pays. Le respect des droits de la personne, c’est atroce, en Chine. Je ne suis pas d’accord avec [la situation]. Mais je ne pense pas que c’est la job d’un athlète canadien de payer le prix pour les transgressions d’un pays étranger. Il y a des façons beaucoup plus efficaces et concrètes que de ne pas envoyer les athlètes. Je suis content qu’ils ne nous aient pas fait payer le prix pour ça. »