Olivier Léveillé prenait part à sa première Coupe du monde chez les seniors à Ruka, en Finlande, ce week-end. Avant de s’y rendre, sa plus grande inquiétude était de « sentir qu’il ne méritait pas sa place ». Le voilà aujourd’hui en bonne position pour intégrer l’équipe olympique…

Olivier Léveillé a bel et bien sa place sur l’équipe nationale, et il l’a prouvé tout au long de la fin de semaine. Après une 58e place au sprint classique vendredi, il a pris le 30e rang au 15 km classique samedi. Puis, dimanche, il a vraiment montré de quel bois il se chauffait en se plaçant au 17e rang avec un temps de 36 min 24,4 s. au 15 km poursuite style libre. Un résultat remarquable.

Au terme de la course, il s’est dirigé vers son bon ami et coéquipier Antoine Cyr, qui venait de finir en 12place (36 min 22,5 s).

« J’ai eu la chance de skier les derniers kilomètres avec lui, donc je suis allé le serrer dans mes bras à l’arrivée, raconte Léveillé à La Presse. J’étais bien content de ma course ! »

Avec son top 30 de samedi, le jeune fondeur remplissait déjà un des critères des qualifications olympiques. C’est là qu’il a vraiment commencé à croire en ses chances de prendre part à la plus grande compétition sportive au monde.

« J’essayais de ne pas trop m’en faire avec ça, dit-il. Je me disais : “ peut-être que les deux autres [Canadiens à se batailler pour une place aux Olympiques] vont me tasser, il faut que j’arrête d’y croire pour ne pas être déçu plus tard ”. »

Maintenant, avec un top 20 en banque, « on dirait que ça devient de plus en plus réel ».

Au total, trois des quatre Canadiens à compétitionner sur le circuit de la Coupe du monde auront une place dans l’avion pour Pékin. Cyr et Léveillé sont en excellente posture.

« Je ne veux pas non plus me faire des attentes et que finalement ça n’arrive pas et être déçu, mais c’est certain que j’aimerais vraiment ça y participer », laisse-t-il entendre.

[Participer aux Olympiques], c’était un peu un rêve pour moi. Ce n’était pas mon objectif vraiment d’y aller à tout prix cette saison. […] Il n’y a rien de confirmé, mais c’est sûr que ça sent un peu plus Pékin qu’hier !

Olivier Léveillé

Une première

Pour cette première fin de semaine sur le circuit de la Coupe du monde, Olivier Léveillé n’avait aucune attente en termes de résultats. En réalité, il souhaitait trois choses : « apprendre, donner mon maximum et avoir du fun ».

« Veux, veux pas, j’ai 20 ans, rappelle-t-il tout bonnement. J’ai encore plusieurs années devant moi pour peaufiner ma stratégie et ma forme physique. Mon plus gros objectif, mon rêve avant les Fêtes, c’était de faire un top 30. Là, de réussir à la première distance samedi, j’étais super content. Ça faisait un poids de moins sur mes épaules. »

C’est un tout petit peu grâce à un de ses adversaires qu’il a réussi cet exploit, d’ailleurs. Explications :

« Je partais avec un bon groupe quand même. Il y avait un gars derrière moi, il est multiple médaillé en coupe du monde. Il était juste quelques secondes derrière moi donc ça n’a pas pris de temps qu’il m’a rattrapé », relate le jeune homme.

Ce gars, c’est le Britannique de 31 ans Andrew Musgrave.

« Après ça, on a skié ensemble, poursuit-il. [En fait] j’ai plus skié derrière lui, mais en tout cas, je me suis inspiré de lui pour une bonne partie de la course. »

« Ce n’était pas sa première Coupe du monde, il y allait pour un gros résultat. Donc je me suis dit : “ je vais le suivre pour voir comment il skie, pour apprendre aussi vu que ce sont mes premières courses ”. Au début, on était deux ou trois. On n’arrêtait pas de rattraper du monde et à la fin on était rendus une dizaine. Mais on rattrapait du monde et il y en a qui n’arrivaient pas à suivre le rythme en arrière. »

Je me sentais bien aujourd’hui. C’est sûr que c’était une grosse fin de semaine, mais j’ai réussi à bien récupérer et à tout donner aujourd’hui pour rester avec le groupe.

Olivier Léveillé

Ascension fulgurante

Si le nom d’Olivier Léveillé ne vous dit pas grand-chose, ça devrait changer bientôt. Le jeune skieur connait une ascension fulgurante depuis deux ans.

Natif de Sherbrooke, Léveillé a commencé le ski de fond vers l’âge de 10 ans, quand ses parents l’ont inscrit dans des compétitions. C’est là qu’il a eu la piqûre.

« Ça me permettait vraiment de donner mon max, d’exploiter mon esprit compétitif, explique-t-il. Ce que j’aime du ski, c’est que c’est quand même facile de pointer ses faiblesses et de les améliorer. »

Le jeune homme passait ses hivers sur les pistes pour skier et ses étés dans les montagnes pour faire du vélo. C’est à la fin de son secondaire qu’il a décidé de consacrer toute son énergie au ski de fond. Il y a deux ans, il s’est joint au Centre national d’entraînement Pierre Harvey. Et les choses ont commencé à débouler.

Après son premier été au Centre, Léveillé a pris part à ses premiers Championnats du monde chez les juniors, à Oberwiesenthal, en Allemagne. Là-bas, l’équipe a terminé en deuxième place, remportant la première médaille de l’histoire du Canada en relais à cette compétition.

Puis, la COVID est arrivée. Tout a été mis sur pause, on s’en souvient. L’année dernière, il n’a pris part qu’à une seule compétition : les Championnats du monde juniors de Vuokkati, en Finlande, où il s’est entre autres emparé de la médaille de bronze au 10 km skate.

Qui est le seul skieur canadien à avoir remporté une médaille individuelle à des Championnats du monde ? Alex Harvey, c’est exact.

« Ça me met quand même dans un groupe sélect », lance le jeune homme.

Pour les prochaines semaines, Olivier Léveillé se concentre sur les trois prochaines épreuves de la Coupe du monde. Et son objectif ne change pas : « avoir du fun, apprendre et vraiment donner mon max, être fier de mes courses, n’avoir aucun regret à l’arrivée ».

« Avec les deux dernières journées, je me suis rendu compte que je méritais ma place ici. Je vais profiter de cette chance que j’ai de courir en Europe. »

Les Québécoises brillent aussi

Chez les femmes, les Québécoises Katherine Stewart-Jones et Cendrine Browne ont aussi brillé, dimanche sur les pistes finlandaises, se faisant une place dans le top 30 au 10 km poursuite style libre. Stewart-Jones a terminé 21e (28 min 40,8 s), tandis que Browne a pris le 28rang (29 min 56,1 s).