La plus grande fierté sportive d’Alex Harvey demeurera toujours son titre de champion du monde du 50 km décroché en Finlande en 2017. La deuxième ? « D’avoir su me retirer au bon moment. »

Alex Harvey est désormais avocat en droit des affaires pour le cabinet BCF Avocats. Il habite Saint-Ferréol-les-Neiges, où il a commencé la construction de sa nouvelle demeure il y a quelques semaines. Il n’a pas encore d’enfant, « mais c’est dans les cartons ».

C’est là qu’en est l’ex-fondeur canadien, deux ans après sa retraite. La Presse a pris de ses nouvelles à l’occasion du 30Gala d’intronisation du Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec, le 3 novembre.

Quand on lui parle de son emploi, les yeux de l’homme de 33 ans s’illuminent.

« C’est un défi très différent, mais très similaire en même temps, dit-il. C’est extrêmement stimulant. Ce sont de grosses journées. Ça prend de la persévérance, il faut être capable de trouver le positif quand ça va moins bien. Même quand ça va bien, il faut quand même tirer des leçons pour s’améliorer et toujours mieux servir les clients. »

« Moi, je tire beaucoup de parallèles avec ce que j’ai vécu dans ma carrière, ajoute-t-il. J’adore ça. »

Tu t’épanouis ?

« Vraiment ! »

L’olympien ne regrette pas du tout sa décision de se retirer des pistes de ski, prise il y a deux ans. Il a conclu sa prolifique carrière avec deux podiums en deux jours sur les plaines d’Abraham.

Je voulais trouver le bon moment pour arrêter, pour ne pas avoir de souvenirs amers. Et c’est le cas. Je n’ai que du positif.

Alex Harvey

Quand il repense à toutes ces années à voyager d’un bout à l’autre de l’Europe et à se surpasser sur les pistes de ski, ce ne sont pas tant les exploits sportifs qui lui viennent en tête en premier. C’est plutôt l’esprit de camaraderie qui régnait au sein du groupe de skieurs. Chaque année, Harvey quittait le Québec pour cinq mois. Ses coéquipiers faisaient figure de famille.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Alex Harvey, lors des finales de la Coupe du monde de ski de fond, à Québec, le 24 mars 2019

« Certaines années, je passais plus de temps dans une chambre avec Devon Kershaw qu’avec ma conjointe, lance-t-il à la blague. Il y avait l’hiver, mais les camps d’entraînement l’été aussi. C’est ça qui me manque beaucoup. »

Bien occupé

En plus de son emploi d’avocat, Harvey s’implique au sein de l’organisme Les Amis du Mont-Saint-Anne, qui milite pour un important réinvestissement dans la station. Il siège également au conseil d’administration du Centre de règlement des différends sportifs du Canada, l’organisme fédéral d’arbitrage pour les différends dans le milieu du sport au pays.

Il est bien occupé, donc.

Et le sport, dans tout ça ? Quelle place occupe-t-il dans sa vie ?

« Moins grande qu’avant, répond-il. Avant, c’était la performance, de l’entraînement. Là, ce n’est plus de l’entraînement, c’est beaucoup plus social. »

Le week-end, c’est avec ma conjointe, ma famille, des amis. Je ne fais pratiquement plus jamais de sport par moi-même.

Alex Harvey

L’ex-athlète s’assure de bouger au moins une fois par jour. Il a même renoué avec le vélo de montagne, sport qu’il pratiquait quand il était plus jeune. L’hiver, il s’adonne au ski de randonnée (ski touring).

Et puis, il continue de suivre tout ce qui se passe avec ses amis canadiens, scandinaves et norvégiens sur le circuit de la Coupe du monde de ski de fond.

« On regarde les épreuves pratiquement tous les matins. Avec ma conjointe, on se fait des paris entre nous sur quel sera le podium », évoque-t-il.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Pierre et Alex Harvey, à l’occasion du 30e Gala d’intronisation du Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec, le 3 novembre dernier

En février 2022, il fera comme bien du monde et regardera les Jeux olympiques d’hiver de Pékin à la télévision, probablement confortablement installé sur son sofa. La nostalgie s’emparera peut-être « un petit peu » de lui, mais il est « vraiment bien » avec sa décision.

Ce qui lui manquera, c’est cette sensation d’être dans la meilleure forme de sa vie, physiquement et mentalement. De voler sur la neige, presque.

« Il y a tellement une grosse équipe qui t’aide à ne pas avoir à te soucier du reste que tu flottes, se souvient-il. Ça, les humains
“normaux” ne peuvent pas vivre ça, et moi, je ne pourrai plus le vivre non plus. Au moins, je sais que je l’aurai vécu. »