Issu d’une famille de patineurs de vitesse comprenant entre autres la médaillée olympique Annie Perreault, Nicolas Perreault fait son petit bonhomme de chemin dans le sport.

Et ça se passe assez bien jusqu’à maintenant, alors qu’il lutte pour obtenir sa place au sein de l’équipe nationale senior sur courte piste.

Le Sherbrookois de 20 ans venait tout juste de remporter le deuxième 1500 m des Championnats canadiens, dimanche, au moment de s’entretenir avec La Presse. Derrière son masque, il était encore essoufflé d’avoir vaincu des patineurs de l’équipe nationale senior comme Steven Dubois, Jordan Pierre-Gilles et Maxime Laoun.

« J’ai juste donné tout ce que j’avais, a-t-il lancé. J’ai vraiment été focus dans ma façon de courser. J’ai vraiment coursé de l’avant. Je regardais les tours. Je me disais : il y a cinq tours à faire, puis quatre tours, c’est le temps d’aller en avant. C’est ce que j’ai fait. »

Nicolas Perreault vient d’une famille bien connue dans le monde du patinage de vitesse canadien.

Son père, Sylvain Perreault, a fait partie de l’équipe nationale sur longue piste dans les années 1980, tandis que ses tantes Annie et Maryse Perreault ont marqué le monde du courte piste. La première a été triple médaillée olympique dans les années 1990, alors que la deuxième est une ancienne championne du monde.

Le jeune homme, qui fait partie de l’équipe nationale de développement, semblait étonné de ses propres performances à la compétition, laquelle fait figure de sélections olympiques. Il faut dire que c’est la première fois qu’il se mesure aux membres de l’équipe nationale senior. Il semblait néanmoins très à l’aise à leurs côtés sur la patinoire de l’aréna Maurice-Richard, lors des deux premières de cinq journées de compétition.

Perreault a terminé en cinquième place au premier 1500 m, puis en troisième position au premier 500 m, samedi. Le lendemain, il est arrivé en neuvième place au premier 1000 m avant de sortir vainqueur en finale du deuxième 1500 m – rappelons que chaque distance individuelle est parcourue à trois reprises pendant la semaine, pour un total de neuf épreuves.

« Je ne suis pas le meilleur dans les entraînements. Je les faisais bien, mais j’étais un peu craintif en arrivant ici, a-t-il confié. Je trouvais qu’il m’en manquait un peu. Avec tout le repos juste avant, j’ai fait confiance à mon coach Marc [Gagnon]. Il m’a dit : “Ça va Nic, ça va bien aller à la compétition.” Je suis arrivé et j’étais top shape»

Je ne m’attendais pas à performer autant que ça, pour vrai. Je me surprends moi-même et je pense que j’en surprends plusieurs aussi.

Nicolas Perreault

Avant que ne commencent les Championnats canadiens, l’objectif du patineur était de faire sa place dans l’équipe nationale senior et, peut-être, au sein du groupe de course pour les épreuves d’automne de la Coupe du monde. Il était loin de même penser à la possibilité de faire partie de l’équipe olympique pour Pékin. Mais soudainement, tout semble possible…

« Je ne m’attendais pas à être aussi haut dans le classement et à autant bien faire que ça, a-t-il dit. Je peux espérer, mais il reste tellement de distances encore. Ce n’est vraiment pas fini. Il va falloir que je garde ça comme ça. Mais c’est sûr que ça donne un espoir en ce moment. 

« Principalement, j’aimerais faire les Coupes du monde, prendre de l’expérience avant d’aller aux Jeux, peut-être dans quatre ans. C’est plus ça que je vise en ce moment. Et si je fais les Jeux [de Pékin], écoute… tant mieux ! », a-t-il ajouté, presque surpris de seulement aborder une telle idée.

Le plaisir avant tout

Personne ne sera étonné d’apprendre que Nicolas Perreault a enfilé ses premiers patins à l’âge de 4 ans. Même s’il n’a pu être témoin des exploits des membres de sa famille sur la patinoire, on les lui a racontés. Et voilà qu’il fait à son tour sa place dans l’élite du sport.

Je n’ai pas de pression. Personne ne m’a mis de la pression pour que je réussisse, même si j’ai de la famille qui a réussi dans le patin.

Nicolas Perreault

« Ils m’encouragent vraiment et ils aiment ça, me voir aller », a-t-il précisé.

Le conseil principal qu’il a reçu au fil des années est bien simple : « Aie du plaisir. » Et il s’assure de le suivre.

« Je veux vraiment avoir du plaisir, a-t-il affirmé. C’est comme ça que je réussis. J’ai toujours été comme ça. »

« Je ne suis pas étonné »

Au quotidien, Perreault bénéficie des conseils de son entraîneur Marc Gagnon, qui est l’un des athlètes les plus médaillés de l’histoire olympique canadienne. Évidemment présent aux Championnats nationaux, ce dernier n’est pas surpris des performances du jeune homme.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Gagnon

« Je ne suis pas étonné, mais c’est sûr que Nicolas va l’être parce que, depuis deux semaines, ça n’a pas été si facile que ça en entraînement », a-t-il souligné.

Perreault le dit lui-même : il n’est pas un « gars d’entraînement ». « Je suis comme deux personnes différentes. Quand j’arrive en course, je suis une autre personne. »

Selon Gagnon, la confiance du jeune Sherbrookois a été mise à rude épreuve à l’entraînement au cours des deux dernières semaines.

« On a eu besoin de lui démontrer ce qu’il était capable de faire et ce qu’il avait fait dans les six derniers mois aussi. Ensuite, de juste foncer avec ses forces sur la glace. 

« Je ne mentirai pas : est-ce que je sentais qu’il pouvait gagner une finale A ? Je ne t’aurais pas dit “oui” si tu m’avais posé la question. Je t’aurais dit : peut-être. Est-ce qu’il a le potentiel d’aller dans l’équipe olympique ? Peut-être. Est-ce qu’il peut faire l’équipe nationale senior ? Hors de tout doute. Ça, ce n’était même pas un doute pour moi. Nico était même à mettre ça en doute. »

Les prochaines courses des Championnats canadiens sont prévues mercredi. Il reste encore beaucoup d’épreuves au menu, mais Nicolas Perreault semble parti pour la gloire.