Deux ans après sa médaille d'or surprise lors du relais sprint aux Mondiaux d'Oslo, Alex Harvey repart à la conquête du podium à Val di Fiemme. La Presse l'a rencontré.

Pour un gars qui se rétablit d'une blessure et qui vient de recevoir deux raclées en Coupe du monde, Alex Harvey est remarquablement serein à la veille d'entreprendre les Mondiaux de ski nordique de Val di Fiemme, en Italie, où il jouera ni plus ni moins sa saison 2013.

L'épaule droite, qu'il s'est luxée lors d'un entraînement à Sotchi il y a trois semaines, ça va.

Harvey en a fait la démonstration mardi soir, lorsqu'il a reçu La Presse à l'hôtel de l'équipe canadienne à Panchià, à quelques kilomètres du stade de Lago di Tesero, un hameau enfoncé au creux de la vallée où seront présentées les épreuves de ski de fond à partir de jeudi.

Cherchant l'oeil approbateur de sa mère, Mireille, médecin de l'équipe, Harvey a mimé un exercice de musculation qu'il fait dorénavant sans douleur. «Pour la préparation, ça n'a vraiment rien changé», a-t-il assuré. Tout au plus recevra-t-il un bandage protecteur pour le sprint individuel de jeudi, dans le but de prévenir une blessure en cas de chute sur la même épaule.

Difficile Coupe du monde

Plus préoccupants ont été ses résultats à la Coupe du monde de Davos, où il s'est classé 39e (sprint) et 56e (15 km style libre), pas plus tard que le week-end dernier.

Enfin, préoccupants pour les amateurs et son entourage. «Même ma blonde me demandait si j'allais être correct. Elle était quasiment plus stressée que moi!», a-t-il lâché quand on a insisté sur l'impact psychologique d'un tel faux pas avant les Mondiaux.

Vérification faite auprès de son entraîneur Louis Bouchard, Harvey, sur le coup, a mal digéré le fait de se faire corriger de la sorte en Suisse.

Les deux hommes ont cependant convenu que ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait au sortir d'une période d'entraînement particulièrement chargée.

Ce fut le cas, par exemple, à la Coupe du monde de Canmore (62e et 48e) qui a précédé les Jeux olympiques de Vancouver, où Harvey avait collé trois tops 10. Scénario identique avant ses deux derniers Mondiaux juniors.

De plus, Davos est à 1600 mètres au-dessus du niveau de la mer, alors que son entraînement était organisé en fonction des 850 mètres de Val di Fiemme.

«Si je l'entraînais pour l'altitude, je ne le préparais pas pour les Mondiaux, a fait valoir Bouchard. On finit par se dire: il est tellement bon, ça va passer. Mais personne n'est surhumain.»

En confiance

Harvey jure qu'il a tourné la page. Il s'appuie sur son expérience et les données physiologiques qu'il compile soigneusement depuis le début de son association avec Bouchard, il y a près de huit ans. «Tous les indicateurs sont au vert», a-t-il illustré.

Il y a aussi ses propres repères sur la neige et l'impression de vitesse qu'il dégage en passant devant coachs et techniciens. Tout ne peut pas être noir. «J'ai confiance en l'entraînement que j'ai fait dans le dernier mois et demi, a souligné l'athlète de 24 ans. C'est la seule chose à laquelle je peux me fier.»

Vingt-septième au classement général de la Coupe du monde (il a fini sixième l'an dernier), Harvey affirme qu'il n'est pas déçu de sa saison, préparée en vue des Mondiaux. «Après, on va être capable de tirer un bilan», a plaidé celui qui a signé son unique podium justement en Italie, à Val di Fiemme, une troisième place au 15 km classique du Tour de ski.

De quoi motiver ses ambitions. «Si je ne pars pas d'ici avec une médaille, je serai déçu», conclut-il.