«Bip, bip, biiip...» Erik Guay se demandait comment il réagirait à ce signal dans le portillon de départ. Après 20 mois d'absence, il n'a pas l'air trop rouillé.

Troisième la veille, le skieur de Mont-Tremblant a enregistré le sixième temps de la deuxième descente d'entraînement de la Coupe du monde de Lake Louise, qui lance la saison de vitesse du cirque blanc.

La circonspection doit guider l'analyse des résultats des manches d'entraînement, mais les deux sorties de Guay dans les Rocheuses albertaines lui ont fait un bien immense.

«Il n'y a aucun doute, a-t-il convenu au téléphone quelques minutes après sa descente. Je suis quand même très content. Je ne peux pas demander mieux pour un retour. Ça me donne énormément de confiance en moi.»

Absent toute la saison dernière après une énième opération au genou gauche, Guay jouait de prudence, il y a trois semaines, lorsqu'il répondait aux questions sur son retour. «Ça se peut que j'arrive là et que je finisse 40e, prévenait-il en marge de la Rencontre au sommet de Ski Québec alpin. Ce n'est pas la fin du monde.»

La donne vient de changer. «À l'entraînement, on n'a pas de vrais dévers, de grosses vitesses au-dessus de 130 km/h, a-t-il expliqué. On skie dans la ligne de pente, de gauche à droite. [...] C'est chose du passé. Là, j'ai vu que j'étais solidement parmi les 10 meilleurs.»

Deuxième mercredi, le Norvégien Kjetil Jansrud a dominé le deuxième entraînement chronométré. Guay n'a cédé que trois quarts de seconde au tenant du globe de cristal de la spécialité, à qui il s'est mesuré l'été dernier au Chili.

«J'ai bien poussé, j'ai pris un peu plus de risques et j'ai commis un peu plus d'erreurs, a analysé le skieur canadien le plus décoré. C'est une question de millage pour moi. C'était un peu plus rapide [jeudi] et je n'étais pas tout à fait capable de me mettre dans le rythme de course.»

L'ancien champion mondial n'a pas ressenti de nervosité inhabituelle en épinglant son dossard. «C'était un peu plus de l'excitation que de la nervosité. J'avais hâte de me retrouver dans le portillon de départ. Il faut que ça reste amusant. Je me suis fait plaisir aujourd'hui. C'est tellement une belle piste, il y avait un gros soleil. C'est pour ça que j'adore ce sport.»

Rassuré par l'état de son genou, Guay n'a pas d'ambitions précises pour la descente (samedi) et le super-G (dimanche), sinon bien se sentir sur ses planches.

«J'ai changé à plusieurs égards, mais surtout sur le plan mental, a assuré l'athlète de 34 ans. Je n'ai plus la même approche, la même perspective. Quand tu passes un an assis sur le divan à regarder tes amis courir à travers le monde, ça remet les choses en perspective. Je suis ici pour les bonnes raisons, pour m'amuser, pas pour gagner de l'argent. Je fais ça parce que j'aime ça. Le résultat, c'est presque secondaire.»