1 minute et 56,65 secondes. C'est le temps qu'a mis le skieur Érik Guay pour descendre la piste Saslong, à Val Gardena, en Italie, qui allait le conduire au titre de plus grand médaillé en Coupe du monde de l'histoire du ski alpin canadien, ex aequo avec le Crazy Canuck Steve Podborski.

En remportant la prestigieuse descente, hier, le Québécois a égalé le record canadien de 20 podiums en Coupe du monde en carrière.

L'athlète originaire de Mont-Tremblant a terminé 12 centièmes de seconde devant le Norvégien Kjetil Jansrud. Le Français Johan Clarey a fini troisième. À l'entraînement mercredi, Guay avait enregistré le deuxième puis le meilleur temps. Il a aussi terminé sixième en super-G, vendredi.

« J'ai eu une très bonne semaine. [...] ça m'a donné beaucoup de confiance pour la course d'aujourd'hui [hier], a affirmé Guay au cours d'une téléconférence. Les conditions étaient assez variables quand je suis parti. Il n'y avait pas beaucoup de lumière, j'avais un retard à rattraper de 0,9 seconde, mais j'ai très, très bien skié sur le reste du parcours. Je ne pourrais pas être plus content pour Noël qui s'en vient. »

Une blessure et des doutes

Au début de la saison 2012-2013, Erik Guay espérait bien pouvoir battre le record de Steve Podborski établi il y a 30 ans. Il est venu bien près d'y arriver en signant ses 18e et 19e podiums à Val Gardena et à Kitzbühel, en Autriche, avant d'être rattrapé par une blessure au genou. En ce début de saison 2013-2014, son objectif semblait d'autant plus difficile à atteindre qu'il a été opéré de nouveau au genou gauche au mois d'août et a raté la majeure partie des entraînements préparatoires.

« Ce qu'il a accompli est grandiose, a indiqué à La Presse Daniel Lavallée, directeur général de Ski Québec Alpin. J'ai été surpris de sa victoire, car il a seulement recommencé à skier en novembre. Mais j'ai toujours pensé qu'il en était capable. Il a tellement de talent. »

Même son père, Conrad Guay, demeurait prudent par rapport à ses attentes en raison de ses ennuis de santé. « Après son opération, il a été assez déprimé », reconnaît M. Guay, joint au téléphone après la victoire de son fils aîné. Mais les résultats d'Érik à l'entraînement lui laissaient croire que tous les espoirs étaient permis.

« Quand je suis allé le reconduire à l'aéroport, il m'a dit un peu à la blague : "Je vais aller en gagner une à Val Gardena", se rappelle M. Guay. Vendredi soir, il a parlé à la femme d'Érik, Karen Sherris. « Elle m'a dit : 'J'ai un super bon pressentiment qu'Érik va gagner !', a-t-il raconté en riant. Il s'est fait un beau cadeau de Noël ! »

« Mon mari a fait l'histoire aujourd'hui ! », a écrit Mme Sherris sur sa page Facebook.

Une descente prestigieuse

Il s'agit du cinquième podium du skieur de 32 ans à Val Gardena. « C'est une descente prestigieuse. C'est une des descentes difficiles et une des belles à avoir remporté », a indiqué M. Lavallée.

La dernière médaille d'or du Québécois en Coupe du Monde remontait à 2010 en super-G à Kvitfjell, en Norvège.

Il ne manque maintenant à Guay qu'une seule victoire pour battre le record de Podborski, dont la dernière victoire remonte à 1984. Ce dernier, qui est chef de la mission canadienne pour les Jeux olympiques de Sotchi, a félicité le Québécois.

« J'espère que tu réalises à quel point cette victoire est historique, lui a dit Podborski en téléconférence. C'est pleinement mérité, tu as relevé tant de défis. [...] Continue de montrer la voie à suivre à l'équipe canadienne [de ski alpin]. J'ai hâte au jour où tu battras mon record ! »

Cette victoire est aussi celle de tous les skieurs du Québec et du Canada, croit Daniel Lavallée. « Elle est importante pour les jeunes skieurs. Quand ils voient des champions du monde d'ici, ils croient alors que leurs rêves sont réalisables. »

La prochaine étape de la Coupe du monde se déroulera à Bormio, en Italie, à partir du 27 décembre. L'athlète s'accordera une journée de repos aujourd'hui et sera de retour sur les pentes dès demain.

« J'ai très hâte à Sotchi »

À deux mois des Jeux olympiques de Sotchi, cette victoire historique est de bon augure pour Érik Guay. « Je sens que je comprends pourquoi je vais vite. Possiblement pour la première fois de ma carrière, je comprends pourquoi je suis rapide. C'est une bonne sensation. Je sens que je peux le refaire demain. On verra comment la saison progresse, mais j'ai très hâte à Sotchi », a-t-il déclaré après sa victoire.

Seule une médaille olympique manque à son palmarès, lui qui a déjà remporté le titre de champion du monde en descente, en 2011, et le Globe de cristal pour l'ensemble de la saison du super-G, en 2010.

Le Québécois a frôlé le podium aux Jeux olympiques de Turin et de Vancouver. Il a terminé quatrième au super-G des J.O de 2006 et cinquième au super-G et à la descente à Vancouver, en 2010.

Érik Guay est prêt pour Sotchi et voudrait déjà y être.

« J'aimerais que Sotchi soit demain. Comment garder le momentum ? Ce n'est pas facile. Le ski est un sport psychologique où vous avez des hauts et des bas. Mon objectif est de créer les conditions pour être à mon meilleur à Sotchi. »