Gérant de l'équipe avec le Canadien de Montréal depuis plus de 20 ans, Pierre Gervais assure que c'est un «véritable cauchemar» que son homologue du Wild du Minnesota a vécu lorsqu'un incendie a détruit une partie de l'équipement de l'équipe.

«Ce n'est pas comme si tu pouvais entrer dans un grand magasin avec une carte de crédit et tout racheter en neuf», a lancé Gervais entre deux patins à aiguiser samedi matin.«Il y a des tas de détails à respecter pour satisfaire les besoins des joueurs. En plus, il y a des gars qui accordent une importance capitale à des pièces d'équipement qu'ils traînent depuis leur enfance. Je t'assure que c'est le genre de chose que je ne voudrais jamais avoir à vivre. Cela dit, comme nous avons deux vestiaires séparés à Brossard et au Centre Bell, les gars ont tous deux «sets» d'équipement. Ils gardent aussi des vieux patins en réserve. Mais quand même, ce serait vraiment le bordel.»

Une petite fortune

Combien coûterait le remplacement de tout l'équipement nécessaire au Canadien lorsqu'il prend la route.

«Une fortune!» lance d'abord Pierre Gervais avant de se mettre à réfléchir.

«Ça varie selon la durée du voyage, mais on traîne toujours pour environ 25 000 $ juste en bâton. Équiper un joueur, c'est quelque chose comme 1000 $ à la base. En plus de tous les petits gadgets que les gars tiennent à avoir. Mais tu ne peux pas arriver avec de l'équipement neuf, le sortir des sacs et des boites et le donner aux gars. Peut-être pour les jambières et les culottes. Mais les patins par exemple, il faut les mouler. Je ne pourrais pas envoyer les 20 gars jouer un match avec des patins neufs, pas cassés. Ils se blesseraient tous au cours de la partie», enchaine Gervais.

«Les gants, les casques, la majorité des pièces sont faites selon les normes et les goûts propres à chaque gars. Les chandails, les bas... Je ne peux m'imaginer les heures que le gars du Minnesota a dû passer au téléphone pour tout remplacer», défilait le gérant de l'équipement du Canadien qui a aussi fait le même boulot avec plusieurs équipes canadiennes dans le cadre des Jeux olympiques et des championnats du monde.

Sans oublier les gardiens qui, dans plusieurs cas, apportent des soins jaloux à leur équipement.

«Carey n'est pas trop superstitieux. Jaro non plus. Et ils ont des jambières en réserve à Brossard. Mais je en me vois pas arriver avec des «pads» flambant neuves devant Casseau (Patrick Roy) et lui dire qu'il devra jouer avec le soir même. Il ferait une crise. Un gars comme Jeff Hackett qui était vraiment particulier avec son équipement jusque dans la façon de le placer dans le vestiaire, ne s'en remettrait pas», a ajouté Gervais en riant.

Trousse médicale

Ce n'est toutefois pas dans les poches de Pierre Gervais que les pertes monétaires seraient les plus considérables.

Mais bien dans celle de son collègue Graham Rynbend, thérapeute athlétique de l'équipe.

«Je dois traîner plus de 50 000 $ d'équipement. Facilement! Mais Graham, avec les machines pour les traitements, les médicaments, tous les instruments pour les premiers soins doit en trainer pour plus du double. Franchement, c'est la première fois que j'entends parler d'une affaire comme ça et je suis dans le hockey ça fait plus de 30 ans. Et j'espère que je n'aurai jamais à vivre ça. Jamais», a conclu Gervais en reprenant l'affilage des patins de ses «petits gars» en vue du match face aux Islanders.