La haute direction de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) a rencontré les représentants des médias, vendredi, afin de faire le point sur la première saison de l’histoire du circuit, qui se conclura dans quelques jours. Survol des enjeux abordés, à commencer par une bonne nouvelle de la journée : les équipes auront bientôt des noms !

Noms d’équipes : une question de « jours »

Le dévoilement des chandails des clubs avec seulement des noms de marché, en novembre dernier, avait laissé bien des partisans sur leur appétit. Puisque créer une ligue de toutes pièces en quelques mois tenait déjà de l’exploit, la direction du circuit avait choisi de laisser ce chantier en suspens pour la saison inaugurale. Les vocables Montréal, Toronto, Ottawa, New York, Minnesota ou Boston sont finalement entrés dans l’usage.

Cette ère, toutefois, achève. Vendredi, à quelques heures du troisième match de la série finale entre Boston et le Minnesota, Jayna Hefford, vice-présidente des Opérations hockey de la LPHF, a confirmé que des noms et des logos seraient dévoilés bientôt. « Au courant de l’été. Vous pouvez compter les jours ! », a renchéri Stan Kasten, représentant du conseil d’administration de la ligue. Ce dernier s’est réjoui du fait que ce temps passé sans identité visuelle pour les clubs a permis à la LPHF d’établir sa notoriété.

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Jayna Hefford, vice-présidente des Opérations hockey de la LPHF

Un repêchage le 10 juin

Quelques instants avant que commence la conférence de presse, la ligue a publié un communiqué dans lequel elle a dévoilé la date du repêchage. C’est donc le 10 juin que joueuses et dirigeants se réuniront à Saint Paul, au Minnesota, pour le deuxième repêchage de l’histoire du circuit.

À ce moment, chaque franchise choisira sept joueuses. New York possédera le premier droit de parole de chaque tour, et Montréal, le cinquième.

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Marie-Philip Poulin est en lice pour les titres d’attaquante par excellence et de joueuse la plus utile à son équipe.

La ligue profitera de l’occasion pour tenir, le lendemain, un banquet de remise des trophées individuels. Du côté de l’équipe de Montréal, Marie-Philip Poulin est en lice pour les titres d’attaquante par excellence et de joueuse la plus utile à son équipe, tandis qu’Erin Ambrose pourrait bien être sacrée meilleure défenseuse, et Kori Cheverie, entraîneuse de l’année.

Un « écosystème » à bâtir

La liste des athlètes admissibles au repêchage n’a pas encore été publiée, mais on s’attend à ce que quelque 150 noms s’y retrouvent. Toutes celles qui ne seront pas choisies par des clubs auront la chance de signer un contrat comme joueuses autonomes ou encore d’accepter des invitations à des camps d’entraînement.

Tout ce monde s’ajoutera aux 160 joueuses qui ont déjà joué dans la ligue cette saison, et dont plus de la moitié se retrouvera incessamment sans contrat. Cela laissera donc plusieurs dizaines d’athlètes en plan, sans équipe avec laquelle jouer en Amérique du Nord, où la LPHF est l’unique circuit existant.

Jayna Hefford a indiqué que l’une de ses priorités du moment était de trouver « la bonne solution à court terme » pour « permettre à plus de femmes de jouer à un haut niveau ».

Une expansion n’est cependant pas prévue dans l’immédiat, et on ne verra vraisemblablement pas apparaître par magie une ligue de développement pour les joueuses en attente d’un rappel.

« On a construit une ligue en neuf mois, mais on ne pouvait construire tout un écosystème de hockey tout de suite, a nuancé Hefford. On devra user de créativité pour que les joueuses puissent jouer [quelque part] si elles ne font pas partie des formations » après les camps de sélection.

La gestionnaire prédit toutefois qu’avec la quantité de talent qu’apportera le repêchage, le produit sur la glace sera « considérablement meilleur » dès l’an prochain. Ce n’est que lorsque la « profondeur » des clubs sera « là où on le souhaite » qu’une expansion sera envisagée.

« On apprend de chaque billet »

Il y a un consensus sur le succès populaire qu’a connu la LPHF à sa première saison. Les salles combles au Scotiabank Arena, à Toronto, et au Centre Bell, à Montréal, ont marqué l’imaginaire. Les foules éparses à Boston et au Minnesota, en séries éliminatoires, ont toutefois laissé une impression tout autre.

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Le match du 20 avril entre Toronto et Montréal a attiré une foule record au Centre Bell.

Interrogé à ce sujet, Stan Kasten a rappelé la vitesse avec laquelle les marchés et les arénas avaient été choisis – ceux de Boston et de New York sont très éloignés de leur ville-centre, notamment.

« On apprend de chaque billet qu’on vend et de chaque billet qu’on ne vend pas, a-t-il philosophé. On va essayer de comprendre ce qu’on peut faire mieux. On doit penser à tout : l’aréna, les dates, les prix, l’accès… Je pense qu’on a fait du bon travail en ne disposant que de quatre mois. Maintenant, avec davantage de temps, on fera encore mieux. »

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Stan Kasten (ici en 2021), est le président des Dodgers de Los Angeles et siège au conseil d’administration de la LPHF.

La ligue cherchera également à régulariser la situation de l’équipe de New York, qui s’est plainte des longs déplacements entre son centre d’entraînement et les trois arénas où elle a disputé ses matchs locaux.

Dans un autre ordre d’idées, Jayna Hefford s’est dite « satisfaite » de l’arbitrage, dont la qualité a été vertement critiquée cette saison. « Il n’y a jamais eu de consensus sur l’arbitrage, tous sports ou toutes ligues confondus », a-t-elle dit en souriant.

Investisseur « extatique »

Du reste, les deux dirigeants dressent un bilan presque exclusivement positif des derniers mois. Le milliardaire Mark Walter, investisseur unique du circuit, est « extatique » devant le succès de la ligue, a rapporté Stan Kasten, qui est par ailleurs président des Dodgers de Los Angeles, franchise du baseball majeur dont Walter est propriétaire. « Nous avons son soutien à 100 % », a-t-il insisté.

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Mark Walter, PDG de TWG Global et Guggenheim Partners, à Los Angeles le 7 mai dernier

Jayna Hefford, de son côté, s’est réjouie de la « créativité » qui a été démontrée tout au long du processus. « On voulait respecter la tradition, mais aussi faire les choses différemment, a-t-elle précisé. La réponse a été incroyablement positive. […] Je n’ai jamais participé à un projet de cette ampleur. »