Ces dernières semaines, des vétérans du Canadien ont exprimé une certaine forme d’impatience quant au retour de l’équipe en séries.

En mars, Nick Suzuki s’était dit « tanné » que son équipe fasse partie des vendeurs à la date limite des transactions. Mardi, David Savard, qui a connu trois échecs en trois ans depuis son arrivée à Montréal, et qui ne rajeunit pas, s’est aussi exprimé.

« Mon but en septembre, c’est qu’on s’en aille en séries. Ce serait assez spécial de vivre l’expérience une fois dans ma vie à Montréal. Je l’ai vu en tant que fan quand j’étais jeune, la ville devient assez folle », a dit le défenseur.

Martin St-Louis est le premier à le dire : les solutions sont partout. C’est aussi vrai pour Kent Hughes et Jeff Gorton. Une transaction ? L’embauche d’un joueur autonome de renom ? La progression des jeunes ? La poudre de perlimpinpin ?

Le duo Hughes-Gorton a plusieurs solutions à portée de main. La question est de savoir s’il a l’intention de les utiliser coûte que coûte. De prime abord, il semble que non.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le directeur général du Canadien, Kent Hughes

Hughes a donné l’exemple des défenseurs droitiers, exemple probant s’il en est. À court terme, la position est une faiblesse. Le gaucher Kaiden Guhle a été muté de ce côté, mais derrière lui, on retrouve un Savard qui aura 34 ans en octobre, un Justin Barron qui tarde à éclore et un Johnathan Kovacevic dont on connaît les limites.

La relève cogne à la porte. Logan Mailloux a disputé son premier match dans la LNH mardi et David Reinbacher a 10 matchs à Laval derrière la cravate, avec deux matchs à jouer et plus si le Rocket accède aux séries. Mais si le Tricolore souhaite progresser l’an prochain, l’ajout d’un droitier serait de mise afin d’éviter de souffrir des erreurs d’apprentissage des jeunes. Une solution temporaire comme ce qu’a été Sean Monahan au centre, pour donner le temps à Kirby Dach de prendre ses aises.

« Disons qu’on a la chance d’aller chercher un défenseur droitier vétéran, et qu’on doit lui donner trois ou quatre ans [de contrat]. On sait, en faisant l’échange, qu’on est une meilleure équipe l’an prochain, mais en même temps, on empêche Mailloux ou Reinbacher de progresser dans la Ligue nationale », a illustré Hughes.

Organigramme rempli

Si le Tricolore souhaite injecter du talent, il devra faire de la place, car avec très peu de joueurs en fin de contrat, les cases sont pratiquement pleines pour la saison prochaine.

À l’avant, Suzuki, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky, Kirby Dach et Alex Newhook forment le noyau. Les vétérans Brendan Gallagher et Josh Anderson sont essentiellement immuables en raison de leur lourd contrat, et Hughes a dit qu’il ne procéderait pas à un rachat cet été. Voilà déjà sept postes occupés.

S’ajoutent Jake Evans, Joel Armia, Christian Dvorak et Rafaël Harvey-Pinard comme joueurs de soutien. Si on veut aussi garder une place pour Joshua Roy, fort prometteur pendant ses 23 matchs à Montréal, nous voici à 12 attaquants.

En défense, il y a carrément congestion, avec Lane Hutson et les susmentionnés Mailloux et Reinbacher qui poussent.

Sauf que les vétérans ont leur utilité pour entourer le jeune talent. Le Canadien en a perdu un bon quand il a échangé Sean Monahan. Jake Allen en était un autre. Reste Savard et Mike Matheson, toujours aussi avenants.

« D’un côté, on veut continuer à ajouter du talent. En même temps, les places sont limitées en attaque et en défense, a rappelé Hughes. C’est un équilibre, à quel point on a besoin de vétérans ou de leadership pour entourer les jeunes, et à quel point on a besoin de talent. On va en discuter cet été. »

Seulement à l’interne ?

On sent l’état-major plutôt tiède à l’idée de viser le gros poisson cet été. Cela dit, Hughes peut très bien vouloir cacher son jeu, ou simplement éviter de gonfler les attentes.

Car s’il veut s’activer, il en possède les moyens. Il détient deux choix de 1er tour cette année, deux en 2025, et deux choix de 2tour cette année-là. Doit-on rappeler qu’il a repêché 20 joueurs lors des deux derniers encans ? Montréal jouit aussi de flexibilité sous le plafond salarial, soit quelque 7,3 millions de dollars, selon CapFriendly, et ce, avant même d’avoir placé Carey Price (10,5 millions) sur la liste des blessés à long terme.

Mais à maintes reprises dans sa conférence, Hughes a évoqué une croissance organique, à l’interne. D’abord, il a dit souhaiter que ses joueurs « prennent les choses en main ».

C’est leur équipe. Comment vont-ils progresser ? Ce n’est pas juste : j’ai besoin de m’entraîner. C’est : qu’est-ce que je peux faire pour faire progresser l’équipe ?

Kent Hughes, directeur général du Canadien

Plus tard, Hughes s’est questionné à voix haute. « On sait qu’on a besoin d’ajouter du talent offensif. Je crois qu’on doit améliorer le côté physique de notre équipe. À quel point c’est en ajoutant des joueurs, ou en en demandant plus des joueurs qu’on a ? »

Sauf que cette progression n’arrive pas par magie. Tous les parcours sont uniques. S’ils pointaient tous vers le haut, Joé Juneau serait au Temple de la renommée après une année de repêchage de 102 points, et le trophée Vézina serait rebaptisé trophée Andrew-Raycroft.

« La progression n’est pas linéaire. Prends Slaf [Juraj Slafkovksy]. Il a eu un gros jump, mais je m’attends à ce qu’il fasse un pas de côté avant d’atteindre son sommet. »

Beaucoup d’indices qui pointent donc vers un été tranquille. Reste à voir si Hughes et Gorton nous surprendront.

En bref

L’avenir de Jean-François Houle

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’entraîneur-chef du Rocket de Laval, Jean-François Houle

Kent Hughes n’a pas voulu s’avancer au sujet de l’avenir de Jean-François Houle, pilote du Rocket de Laval. Houle écoule actuellement la dernière année de son contrat de trois ans, signé à son embauche. Hughes a rappelé que le club-école a encore deux matchs à disputer cette fin de semaine et tente de se classer pour les séries. « Pour le moment, on leur permet de mettre l’accent pour participer aux séries, et ensuite, on va parler à JF et à ses coachs », a répondu Hughes.

Des renforts à Laval

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Logan Mailloux

Pour les deux matchs de la fin de semaine, Houle comptera sur du renfort. Le CH a annoncé le renvoi des défenseurs Logan Mailloux, Jayden Struble et Justin Barron, de même que de l’attaquant Joshua Roy. Ce dernier a fini la saison à l’infirmerie, mais il semble prêt à revenir. Le descripteur des matchs du Rocket, Anthony Marcotte, a en effet écrit sur X que Roy a pris part aux exercices d’avantage numérique au sein de la première unité, un signe qui ne ment généralement pas. Le Rocket conclut sa saison vendredi et samedi avec une série aller-retour contre Belleville, son rival direct dans la course aux séries.

Hutson « a l’air d’avoir sa place »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Lane Hutson

Et puisqu’on parle de Laval, il va de soi de se demander si Lane Hutson passera plus de temps dans la ville du Cosmodôme ou dans celle du Biodôme la saison prochaine. Le spectaculaire défenseur a eu droit à une très courte audition de deux matchs dans la LNH. Les deux derniers défenseurs du CH arrivés de la NCAA ont à peine connu Laval. Jordan Harris n’y a toujours pas joué, tandis que Struble n’y a disputé que 21 matchs avant d’être rappelé. « Idéalement, on aurait vu dix matchs de lui au lieu de deux, mais deux, c’est mieux qu’aucun, parce qu’on ne sait jamais si un joueur est prêt pour la LNH avant de le voir dans la LNH, a philosophé Hughes. Mais il a joué deux matchs contre une équipe qui luttait pour les séries et il avait l’air d’avoir sa place. »

Championnat du monde : des réponses

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Juraj Slafkovsky

Enfin, plusieurs joueurs ont été questionnés au sujet du Championnat du monde ces derniers jours. Dans le camp du oui, on retrouve Juraj Slafkovsky (Slovaquie), Cole Caufield (États-Unis) et Kaiden Guhle (Canada), si sa santé le lui permet. Dans le camp du non, on retrouve Mike Matheson (Canada), qui deviendra papa une deuxième fois en mai, de même que Samuel Montembeault (Canada également). Parmi les autres candidats potentiels, on ignore ce que décideront le Canadien Nick Suzuki et le Finlandais Joel Armia.