(Detroit) Dans nos pages, lundi, l’agent de Lane Hutson, Sean Coffey, soulignait la « très bonne culture » dans le vestiaire du Canadien.

Il faisait référence aux vétérans de l’équipe, notamment le capitaine, Nick Suzuki, de même que le défenseur Mike Matheson, qui avaient pris la peine de contacter le jeune joueur pour lui souhaiter la bienvenue après qu’il eut signé son contrat avec le Canadien, vendredi.

Ça ne s’est pas arrêté là. Dimanche soir, des coéquipiers l’ont sorti pour souper. David Savard, Samuel Montembeault et Rafaël Harvey-Pinard, les mêmes qui avaient invité Joshua Roy à New York en janvier, ont de nouveau constitué le comité d’accueil. S’est ajouté un autre Québécois, Matheson, de même que Joel Armia, un autre gars dont le drapeau est bleu et blanc (on fait notre possible pour trouver des liens).

« C’est d’avoir du plaisir avec lui. Ce sont des petites choses qui font la différence, estime Savard. On essaie d’aller souper avec lui, de l’inviter dans tout ce qu’on fait. En faisant ça, il va sentir qu’il fait partie de l’équipe.

« Quand tu sens que tu en fais partie, tu joues mieux sur la patinoire. Ça a toujours été notre but ici. Il sera une grosse partie de notre avenir et si on fait bien ça, il va se sentir bien sur la patinoire. »

Au bout du fil, le père de Lane Hutson le confirme : les vétérans de l’équipe ont été chics avec son fils. Il a d’ailleurs ajouté Cole Caufield à ceux qui ont contacté le joueur. Par pudeur, il préfère ne pas donner de détails, « pour laisser ces moments-là aux gars ».

Plusieurs amis

Rob Hutson est toutefois plus loquace quand vient le temps de détailler « l’autre » comité d’accueil venu soutenir le jeune défenseur pour son premier match dans la LNH. Ils ont été nombreux à faire le voyage pour assister au match de lundi.

On précise « faire le voyage », car même si Lane Hutson est répertorié par la LNH en tant que natif de Holland, une communauté du Michigan à quelque 250 km du Little Caesars Arena, c’est en banlieue de Chicago qu’il a passé la majorité de sa vie.

C’est là qu’il passe ses étés. Et il fallait voir son faciès, lundi matin, lorsqu’il s’est fait demander de décrire ce que représente le fait d’affronter Patrick Kane, ancienne légende des Blackhawks, maintenant membre des Red Wings. La réaction de Hutson (à 13:00 dans la vidéo) ne mentait pas.

Regardez la vidéo

Hutson a donc disputé ce match devant une vingtaine de proches. Ses trois frères, Quinn, Cole et Lars, y étaient. Mais aussi « sa mère, sa grand-mère, son oncle Ken, plusieurs coachs de son hockey mineur, des amis qui l’ont soutenu », énumère Rob Hutson, qui a lui aussi fait le voyage.

En quoi ce premier match était-il spécial ? « Chaque jeune rêve à la LNH, répond le père. Avoir cette occasion, c’est tout un exploit. C’est un rappel de tout le travail requis pour se rendre là. »

« Nourrissez-le, nourrissez-le ! »

Dans le cas précis de Lane Hutson, ce travail a dû se faire malgré un gabarit pas nécessairement idéal pour la LNH.

À Boston University, on le disait à 162 lb. Dans les notes de presse de la LNH, c’est 158 lb. Au moment de son repêchage, en 2022, il ne mesurait que 5 pi 8 po (il a gagné deux pouces depuis) et s’était d’ailleurs présenté au camp d’évaluation, un mois plus tôt, avec des rapports médicaux attestant qu’il n’avait pas fini sa croissance.

Comprendre ici que si le hockey ne fonctionne pas pour lui, ce n’est pas en tirant des autobus avec ses cheveux qu’il gagnera sa vie.

Ainsi, malgré un talent offensif indéniable, il a attendu le 62rang avant d’entendre son nom.

Rob Hutson se rappelle d’ailleurs les heures qui ont suivi le repêchage de son fils, à Montréal. « Ça paraissait que le repêchage était à Montréal, car quand on est sortis, les gens dans la rue savaient déjà qui il était. Puis on est allés souper dans un restaurant italien près du Centre Bell, et les gens disaient : nourrissez-le, nourrissez-le ! »

Bref, pour que Hutson se rende à la plus grande ligue, lundi, il a fallu que bien des gens passent outre son gabarit et lui fassent confiance.

« Ses proches qui étaient au match, ses anciens coachs aussi, ce sont tous des gens qui ont cru en lui, peu importe sa taille, estime Rob Hutson. On entend ça depuis toujours. On lui disait : “Attends dans le pee-wee, tu seras incapable de survivre.” C’était la même chose avant qu’il arrive dans le bantam, puis dans le midget, puis à l’université.

« Ç’aurait été facile de voir ça comme des excuses pour justifier le fait qu’il ne se rendra jamais à la LNH. Mais notre mentalité, c’était plutôt de se dire : pourquoi pas ? »