« N’oubliez pas le premier match de Ryan Poehling », se plaisent à rappeler plusieurs aux partisans un peu trop enthousiasmés par le baptême du défenseur Lane Hutson, lundi soir à Detroit.

En marquant trois buts à son premier match en carrière contre les Maple Leafs de Toronto, et le but gagnant en tirs de barrage, le 6 avril 2019, sans jamais devenir un joueur de premier plan par la suite, Poehling est devenu le symbole de la pondération des espoirs du CH en début de carrière.

Or, Poehling avait réussi ce soir-là un exploit extraordinaire selon ses propres critères. Ce choix de premier tour, 25e au total en 2017, n’avait jamais réussi de tour du chapeau en trois ans de carrière à St. Cloud State, dans la NCAA, ni même atteint la marque des 15  buts en une saison. Il en totalisait seulement huit en 36  matchs à sa dernière année avec les Huskies, à 20 ans.

En bref, Montréal a découvert à son grand étonnement le temps d’un match un buteur qui ne l’avait jamais été. Poehling est devenu par la suite le centre attendu par les gestionnaires de l’équipe, un centre de soutien, plutôt responsable défensivement, mais limité offensivement. Il a amassé 28 points, dont 11 buts, cette saison à Philadelphie, son meilleur rendement en carrière.

Lane Hutson a réussi sa rentrée lundi soir à Detroit. Ce défenseur chétif, mais doué, a amassé une aide sur le but de Brendan Gallagher dès sa deuxième présence, a généré plusieurs occasions de marquer, a montré un calme étonnant avec la rondelle et s’en est généralement bien tiré en zone défensive.

Contrairement à Poehling contre Toronto, Hutson a disputé un match typique de ses performances dans les rangs collégiaux, dans une rencontre significative puisque Detroit se bat encore pour une place en séries éliminatoires.

Le jeune homme de 20 ans a joué 21 : 54 minutes, le troisième total de la soirée derrière Mike Matheson et David Savard, six minutes de plus que Jordan Harris. Il aurait sans doute dépassé les 22 minutes si le CH avait obtenu une supériorité numérique.

Martin St-Louis n’accorde pas son temps d’utilisation gratuitement. Il faut le mériter. À son premier match en carrière en avril 2022, fraîchement sorti de la NCAA, le défenseur Jordan Harris avait eu droit à 15 : 55. Il n’a jamais atteint les 18 minutes lors des neuf rencontres suivantes.

Le contraste était d’ailleurs frappant lundi soir, non seulement avec le Jordan Harris d’il y a deux ans, mais l’actuel. Vous aviez un défenseur de 23 ans, à sa deuxième saison complète dans la LNH, qui a fait son petit boulot au sein de la troisième paire avec Johnathan Kovacevic, cherchant à limiter les erreurs, et un garçon dynamique, impliqué, cherchant à faire la différence. Le contraste sautait aux yeux. Avec un peu de chance, il aurait obtenu un ou deux points de plus, notamment sur une passe parfaite à Jake Evans, malhabile sur son tir sur réception.

On ne fait d’ailleurs par jouer les chiens avec les chèvres ou les poules avec les daims. Le CH avait un quintette intéressant lorsque Hutson se retrouvait sur la glace avec Suzuki, Caufield et Slafkovsky, des joueurs capables d’anticiper ses jeux et assez habiles pour capter des passes parfois chirurgicales.

Certains ont noté des failles de sa part en défense. Il n’a pas été parfait, mais pas vilain non plus. Le système de jeu homme pour homme préconisé par Martin St-Louis ne s’assimile pas en un match et le moindre pépin fait débarquer la chaîne. Comme par exemple sur le premier but des Red Wings à la huitième minute.

Hutson est pourchassé derrière son filet par son idole de jeunesse, Patrick Kane, mais gagne sa bataille pour la possession de rondelle et passe à Alex Newhook dans le coin. Celui-ci perd le disque en tentant une feinte devant J. T. Compher.

C’est le début d’une longue présence en territoire défensif. Hutson suit Patrick Kane pas à pas jusqu’en milieu de zone. Joel Armia surveille Alex DeBrincat. Mais Armia, sans bâton depuis quelques secondes, rentre au banc sans crier gare et DeBrincat, à la ligne bleue au moment du départ d’Armia, en profite pour s’approcher de l’orée du but.

Comme l’a noté avec justesse l’ancien capitaine et entraîneur du CH, Guy Carbonneau, à l’entracte sur les ondes de RDS, David Savard, affecté à la couverture de Compher, se retrouve inférieur en nombre devant le but et lâche Compher des yeux pour se concentrer sur DeBrincat. Hutson arrive en retard pour réparer les pots cassés, mais l’erreur appartient dans un premier temps à Newhook, puis à Armia.

Hutson a obtenu la meilleure chance de compter du Canadien en fin de prolongation, à sa deuxième présence, mais son tir de l’enclave a été bloqué par le gardien Lyon. Le retour a provoqué une contre-attaque rapide, et fatale.

On n’exonéra pas Hutson de tout blâme sur le jeu, mais avec un attaquant, Josh Anderson, un peu plus alerte en repli défensif, le match aurait peut-être atteint les tirs de barrage. Anderson s’est pourtant rué sur le porteur de la rondelle, Larkin, alors qu’une attaque à deux contre un se dessinait devant lui.

Sans compter l’action de Nick Suzuki, posté à la ligne bleue au moment où Hutson s’approchait de l’enclave, mais qui a choisi de jouer d’audace en quittant son poste de dernier rempart défensif pour se positionner derrière le filet adverse.

Prochain, et dernier rendez-vous mardi soir au Centre Bell contre ces mêmes Red Wings, avec Logan Mailloux en prime.

Un autre entraîneur tombe à Buffalo

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ASSOCIATED PRESS

Don Granato

Sitôt la saison terminée, les Sabres de Buffalo ont congédié leur entraîneur Don Granato, en poste depuis la fin de la saison 2020-2021. Les attentes étaient élevées à Buffalo, après une saison encourageante de 91 points, la meilleure depuis 2010-2011, l’époque de Thomas Vanek, Jason Pominville et Ryan Miller.

Mais cette équipe encore verte, la plus jeune de la LNH avec une moyenne d’âge de 25,2 ans, a amassé seulement 84 points, à cinq de la dernière place donnant accès aux séries.

Les Sabres ont raté les séries 13 ans de suite. Ils ont congédié sept entraîneurs au cours de cette période : Lindy Ruff, Ron Rolston, Ted Nolan, Dan Bylsma, Phil Housley, Ralph Krueger et Granato. Un peu de stabilité peut-être ?