Rappelé par les Capitals de Washington à la fin de février, Hendrix Lapierre n’a plus jamais été rétrogradé depuis.

Tranquillement, le jeune homme se sent évoluer. Plus il passe de temps dans la LNH, plus il se sent confiant, à sa place. Il se développe « en tant que joueur et en tant que personne », estime-t-il au bout du fil.

« Mon père était en ville hier et je parlais de ça avec lui. Je disais : au début de l’année, j’étais juste satisfait et content d’être là. Là, non seulement je suis content d’être là, mais je veux faire une différence et je sais que je peux faire une différence. »

Il est plutôt rafraîchissant de discuter avec le natif d’Aylmer. Du haut de ses 22 ans, l’attaquant des Capitals dégage une belle humilité et possède des qualités évidentes de communicateur. Quand on lui demande de nous parler de sa saison, il ne manque absolument pas de choses à dire.

Après avoir remporté la Coupe Calder à sa première saison professionnelle avec les Bears de Hershey, l’année dernière, Lapierre s’attendait à devoir faire quelques allers et retours entre la Ligue américaine et la LNH cette année. Il a obtenu son premier rappel avec les Capitals à la fin d’octobre, après seulement six matchs de saison.

Le jeune homme a passé deux mois avec le grand club, disputant 11 rencontres et récoltant 3 points, tous dans le même match. Quand il a été réassigné aux Bears, le 9 décembre, il était « super content » de ce qu’il avait su démontrer aux dirigeants de l’organisation.

Dix jours plus tard, il était rappelé de nouveau, le temps de 14 parties cette fois. Il a récolté quatre points, dont un but.

Le 23 janvier, il reprenait le chemin de Hershey.

« Ç’a été un peu plus dur [cette fois-là] parce que je n’avais pas si bien joué dans la Ligue nationale. J’étais déçu un peu », relate le choix de premier tour en 2020.

Quand il a été rappelé pour la troisième fois, le 23 février, il a rejoint l’équipe avec l’objectif de ne pas trop réfléchir ni de se mettre de pression. : « Joue ta game, ça va bien aller, s’est-il autoconseillé. La pire affaire qui puisse arriver – ça fait bizarre, dit de même, concède-t-il –, c’est que tu retournes dans la Ligue américaine. »

À son premier match contre Ottawa, Lapierre a marqué deux fois dans une victoire de 6-3 des Capitals. « Je pense que ça m’a donné confiance », lâche-t-il. Une hypothèse fort plausible, parce que lors des deux rencontres suivantes, il a inscrit un autre but et amassé deux mentions d’aide.

Selon toute vraisemblance, cette fois était la bonne pour le Québécois.

« Beaucoup de progrès »

Lapierre n’a pas de difficulté à s’évaluer. Chaque fois qu’il retournait dans la Ligue américaine ou qu’il revenait dans la Ligue nationale, il avait de « très bonnes discussions » avec le personnel d’entraîneurs, qui lui donnait ses commentaires et lui faisait connaître ses attentes.

Depuis son dernier rappel, pas une seule fois il n’a été laissé de côté. Et son temps de jeu ne fait qu’augmenter.

« [Les Capitals] mettent beaucoup d’accent sur le fait d’être constant et d’être bon à chaque game. Je trouve que j’ai fait beaucoup de progrès par rapport à ça, comparativement au début de l’année ou à l’année passée. […] Je comprends plus de choses par rapport à ce que ça prend, à ce qu’il faut faire pour être là. »

Non seulement il sait ce qu’il faut qu’il fasse, mais il le fait.

Lundi, les Capitals ont publié une série de statistiques sur leur jeune recrue. Depuis le 26 février, il occupe le deuxième rang de l’équipe pour le différentiel (+ 4) et le troisième rang pour les buts (6) et les mentions d’aide (8). D’autant plus qu’il mène l’équipe depuis le début de la saison pour le nombre de points (2,26) par tranche de 60 minutes de jeu à 5 contre 5.

PHOTO BOB FRID, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Hendrix Lapierre

Au fil des matchs, Lapierre a été jumelé à différents joueurs. Il a évolué sur les trois premiers trios. Et il obtient maintenant du temps de jeu en avantage numérique.

« Au début de l’année, je ne jouais pas beaucoup et j’étais juste content d’être là. Je jouais bien, mais ce n’était pas : il faut qu’on mette Lapierre sur la glace, il va changer le match. »

À ce jour, le jeune attaquant sent qu’il peut avoir un « impact » dans le match. « Il y a vraiment eu un changement dans la façon dont j’approche la game », dit-il.

La confiance de ses entraîneurs, nécessairement, lui donne « un petit boost d’énergie ». « S’ils m’en donnent, j’essaie de leur en donner. »

Les expériences formatrices

Lapierre n’a pas peur de le dire : il est « plus mature » aujourd’hui qu’il l’était en début de saison ou l’année dernière. Les allers et retours dans la Ligue américaine ont leur rôle à jouer là-dedans.

« Tranquillement pas vite, tu réalises que tu n’as pas besoin de te compliquer la vie tant que ça. Tu veux essayer d’en faire beaucoup pour prouver que tu es bon, mais en même temps, quand tu en fais trop, c’est là que ça ne va pas bien. Il y a comme une ligne à suivre. Je pense qu’en ce moment, je suis la ligne et je comprends à quoi ils s’attendent de moi et ce que je dois faire pour avoir du succès. »

Lapierre a beau être un choix de premier tour, il ne l’a pas toujours eu facile. Sa carrière junior majeur a été grandement affectée par la pandémie de COVID-19 et les blessures. Aujourd’hui, c’est comme si tout s’alignait.

« Sur le coup, tu ne le réalises pas, mais ça t’aide tellement de ne pas avoir eu un parcours parfait. D’avoir vécu des hauts, des bas et des moments plus durs. […] J’ai fini ma carrière junior avec beaucoup de regrets. »

L’année passée, ça n’a pas toujours été facile.

Hendrix Lapierre

« Toutes ces petites expériences-là me définissent. Ça fait en sorte que quand j’ai des moments plus durs, je ne me demande pas comment réagir par rapport à ça. Je sais comment ça marche et ça m’aide beaucoup. »

Le voilà aujourd’hui qui ressemble drôlement à un membre à part entière des Capitals de Washington. Même si lui-même l’oublie parfois, par exemple lorsqu’il s’installe le soir devant sa télévision, comme il l’a toujours fait, pour écouter une bonne partie de hockey.

« Je me dis encore : ce soir, ça va être une bonne game, telle équipe contre telle équipe.

« Ensuite, je réalise : dans le fond, je joue contre ces gars-là dans trois jours ! »