Quand un jeune joueur est le meilleur marqueur de la Ligue américaine du début à la fin de la saison, il tombe sous le sens qu’il obtienne au moins un rappel dans la Ligue nationale avant la fin de la campagne. Alors quand Mavrik Bourque a reçu, le 4 avril, l’appel du directeur général adjoint des Stars de Dallas lui confirmant qu’il allait disputer son premier match dans la grande ligue, « ce n’était comme plus une surprise ».

« C’était : enfin », lâche l’attaquant de 22 ans au bout du fil. « J’étais content. Il était temps ! C’est une chose que j’appréhendais et je ne pense pas que je pouvais demander un meilleur timing. »

Le jeune homme avait joué la veille avec son équipe, les Stars du Texas, inscrivant ses 25e but et 72e point de la saison dans une défaite de 3-2. Après le match, il a soupé avec son agent, venu lui rendre visite dans le sud des États-Unis.

« Justement, on parlait du fait qu’on n’avait aucune idée [si j’allais être rappelé]. On espérait que j’aie un match d’ici la fin de l’année. »

Après avoir disputé deux parties en deux soirs, le jeune homme avait besoin de repos. Le lendemain matin, il dormait à poings fermés, son cellulaire en mode sourdine, quand le directeur général adjoint, Mark Janko, tentait de le joindre. « Probablement qu’il a appelé une ou deux fois avant que [ma sonnerie retentisse] », raconte-t-il en riant.

Janko l’a informé qu’il serait rappelé pour le match du samedi, à Chicago. Immédiatement, Bourque a composé les numéros de ses parents, famille et amis. Il a ensuite récupéré sa poche de hockey à l’aréna, fait ses valises et pris l’avion en direction de Dallas, où il s’est entraîné avec le club avant de s’envoler vers Chicago pour le Match avec un grand M.

Une longue attente

Voilà longtemps que Mavrik Bourque, choix de premier tour des Stars en 2020, attendait cette occasion. L’année dernière, après une saison de 47 points dans la Ligue américaine, il faisait partie des espoirs rappelés pour occuper le rôle de « Black Ace » pendant les séries de la LNH. Il avait pris part à l’échauffement à deux reprises pendant la finale de l’Ouest, sans disputer de match toutefois.

Cette année, il a longtemps joué avec Logan Stankoven, choix de deuxième tour de l’organisation en 2021, sur son trio dans la Ligue américaine. Pendant plusieurs semaines, les deux attaquants étaient premier et deuxième pointeurs du circuit. Sauf qu’à la fin de février, Stankoven a été rappelé par les Stars et il n’a jamais été retourné au club-école. Bourque, lui, n’a pas été rappelé.

C’est sûr que tu te poses des questions. Je pense que c’est normal. En même temps, tu dois vivre avec les décisions de l’organisation. On était deux joueurs qui avaient deux excellentes saisons. Je ne contrôlais pas vraiment ce qu’ils décidaient.

Mavrik Bourque

Il a continué à maintenir une bonne production malgré le départ de son partenaire de trio, attendant patiemment son tour. « Je ne pense pas que tu peux arriver dans la Ligue nationale trop prêt. Je pense que tu peux arriver pas assez prêt », avait dit Bourque, natif de Plessisville, dans une entrevue avec La Presse à la fin du mois de décembre.

Ainsi, quand il a reçu l’appel, la semaine dernière, il était prêt.

« Je ne pouvais pas être plus prêt et être plus confiant pour mon premier match », lance-t-il.

PHOTO SEEGER GRAY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Mavrik Bourque (22) a joué 10 min 56 s contre les Blackhawks, samedi.

La même idée

« Je savais que j’étais prêt, mais au bout du compte, tu ne sais pas comment ton jeu va se transférer au niveau de la Ligue nationale tant que tu n’as pas joué une vraie game, explique le Québécois. C’est un peu à ça que je pensais avant le match. »

Bourque a maintenu la même routine que d’habitude. Il a profité du moment, sans nécessairement prendre le temps de réaliser ce qu’il vivait, nous raconte-t-il.

« Oui, j’ai des images qui vont rester gravées à jamais, j’essayais d’en profiter au maximum pendant les hymnes nationaux, mais… Je suis rendu là et c’est là que je veux être. »

Ça va tellement vite, tu as tellement de choses auxquelles penser, qu’on dirait que tu ne t’en rends pas compte.

Mavrik Bourque

Bourque a joué un total de 10 min 56 s, dirigeant deux rondelles au filet dans une défaite de 3-2 aux mains des Blackhawks de Connor Bedard. Malgré le revers, il était « quand même content » de sa performance.

« Plus le match avançait, plus je progressais. C’est sûr qu’il y a certains points que je peux améliorer. […] Plus je vais jouer de matchs, plus je vais être patient et plus je vais créer de jeux.

« Pour le reste, mon niveau de compétitivité et la façon dont je patinais, je pense que ç’a été bon. C’est de trouver du temps et de l’espace avec la rondelle qui va m’aider à générer plus sur le plan offensif. »

Bourque a reçu de bons commentaires après le duel, notamment de l’entraîneur adjoint québécois Alain Nasreddine.

Dès le lendemain, il retournait avec le club-école.

« Au départ, [les dirigeants] m’avaient dit qu’ils ne savaient pas encore s’ils allaient m’emmener au Colorado [le lendemain]. En plus, ils ont dû laisser de côté un joueur régulier pour m’intégrer dans l’alignement. Veux, veux pas, je m’attendais un peu à revenir après le match. »

Le jour de son retour dans la Ligue américaine, Bourque a disputé un match, amassant une mention d’aide dans une victoire de 3-1, qui confirmait la place de son équipe en séries éliminatoires. Le jeune homme participera donc à la danse du printemps avec un poids de moins sur ses épaules, mais la même idée en tête : « Prouver chaque jour que j’ai fait mon temps dans la Ligue américaine et que je suis prêt pour le prochain niveau. »