(Elmont, New York) Patrick Roy a passé des milliers d’heures dans l’autocar des Remparts à parcourir les routes cahoteuses de la province. Plus de 200 partisans de Québec lui ont rendu la pareille en s’entassant dans quatre véhicules au petit matin jeudi pour aller encourager l’entraîneur des Islanders contre le Canadien.

« Est-ce que je suis surpris, non. Les gens de Québec ont toujours été des passionnés de hockey », a réagi Casseau dans les minutes ayant suivi sa victoire de 3-2 contre le Tricolore. « Non, je ne suis pas surpris. J’ai beaucoup d’admiration pour la passion qu’on a pour le hockey comme Québécois. »

La Presse est montée à 5 h du matin jeudi avec la bande de « crinqués » partis de Québec pour encourager Roy. La virée est expéditive : départ jeudi à l’aube, match contre le Canadien en soirée au UBS Arena, puis retour vendredi à Québec juste après minuit.

L’idée de cette virée de dix heures de route – disons onze, gracieuseté de la circulation – vers Elmont à côté de New York est venue d’animateurs du FM93.

« On a lancé l’idée en ondes au surlendemain de l’annonce de l’embauche de Roy », explique l’animateur Jérôme Landry, bien assis dans le premier siège passager d’un des quatre autocars partis de Québec, juste après avoir franchi le poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, jeudi matin.

On a rempli quatre autocars, mais en vérité on aurait pu en remplir dix, si on n’avait pas eu de la difficulté à trouver des chauffeurs et des véhicules.

L'animateur de radio Jérôme Landry

Des animateurs de radio de la capitale avaient déjà organisé les fameux voyages de la Nordiques Nation au tournant des années 2010. Le but était alors d’aller montrer que les gens de Québec aiment le hockey au point… de se taper des voyages interminables en autocar.

Cette fois-ci, avec l’espoir de revoir les Nordiques au plus bas, le voyage visait surtout à encourager Patrick Roy. Les gens de Québec revendiquent Casseau autant que ceux de Montréal.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Patrick Roy dans les instants qui ont suivi sa victoire contre le Canadien jeudi soir, au domicile des Islanders de New York.

« Dans ma tête, Patrick, c’est l’ancien entraîneur des Remparts, l’ancien des Gouverneurs de Sainte-Foy, et c’est l’ancien gardien de l’Avalanche du Colorado », lâche Jérôme Landry. « Dans ma tête, c’est ça. J’en oublie un bout là, lâche-t-il, sourire en coin. Patrick, c’est un gars de Québec, qui a beaucoup donné à Québec. »

Vrai que Roy est né à Québec, puis a mené la barre des Remparts pendant 15 saisons.

« C’est sûr que comme bien des partisans des Nordiques, on l’a haï un bout de temps, autour de 1993 ! », admet Mathieu Boutin, qui a fait la longue route vers New York avec son fils de 12 ans, Alex.

« Mais il s’est bien repris, il a ramené deux Coupes Memorial à Québec, lâche l’homme coiffé d’une casquette des Nordiques. Et l’an passé, il a amené toute une ambiance au Centre Vidéotron. C’est la moindre des choses de le soutenir. »

La joyeuse bande soutenait en grande majorité les Islanders. « Là on prend pour toutes les équipes, sauf le Canadien ! », résume Florent Gobeil, 80 ans, qui avait revêtu pour le voyage sa belle veste d’époque, bleu poudre et frappée du logo des Nordiques.

Roy et ses Islanders l’ont finalement emporté in extremis, s’accrochant à leurs chances de participer aux séries.

Ça ne ramènera pas les Nordiques. Mais pour les 200 amateurs de hockey de la capitale, ç’a été un aperçu : voilà le goût d’une victoire dans la Ligue nationale.

Pour les plus vieux d’entre eux, assez âgés pour avoir connu l’époque des Nordiques, ç’a été un rappel ; doux ou amer, c’est selon.