Une majorité de partisans du Canadien semble avoir accepté le principe de la reconstruction. Voir fleurir les Suzuki, Slafkovsky, Caufield, Guhle et compagnie met un certain baume sur l’amertume de rater les séries éliminatoires pour une troisième saison consécutive.

Un printemps sans éliminatoires, avec un autre fond de classement, demeure néanmoins tristounet.

Il reste peu de matchs, à peine huit, on en convient. Mais certains jeunes leaders de cette formation visent à améliorer leurs marques personnelles.

Nick Suzuki, 24 ans, est devenu le cinquième joueur du CH depuis le lockout en 2005 à amasser au moins 70 points. Avec 71 points, dont 32 buts, en 74 matchs, les 80 points ne sont pas hors de sa portée. Depuis Vincent Damphousse et Mark Recchi en 1997, il y a 27 ans, seul Alex Kovalev a atteint ce plateau.

Slafkovsky, 20 ans depuis quelques jours, a obtenu 24 points à ses 27 derniers matchs. Ce premier choix au total en 2022 s’impose aussi physiquement du haut de ses 6 pieds 3 pouces et 220 livres. Le CH a enfin son attaquant de puissance. Slafkovsky a 42 points. S’il maintient le rythme des derniers mois, il peut espérer une saison de 47 points.

Plusieurs parlent d’une saison décevante pour Cole Caufield, 23 ans. Il ne marque pas comme la saison précédente, où il avait obtenu 26 buts en seulement 46 matchs. Avec 56 points en 74 matchs, la marque des 60 points est à sa portée. Caufield a aussi amélioré son jeu défensif et son ardeur au travail par rapport au début de saison. Il lui reste à éviter de se retrouver trop souvent en périphérie pour redevenir le compteur de jadis. Son taux de succès tirs/buts de seulement 7,6 % ne ment pas. Il se situait à 16,5 % l’an dernier.

Mine de rien, les absences de Kirby Dach et Christian Dvorak, et le départ de Sean Monahan, permettent à Alex Newhook de faire ses preuves au centre depuis son retour de blessure. Newhook a obtenu cinq points à ses cinq dernières rencontres, 14 à ses 22 plus récents matchs, avec Joel Armia à droite et, tantôt Joshua Roy, tantôt Brendan Gallagher.

Ses 27 points en 47 matchs lui en donneraient environ 47 sur une saison complète, probablement 50 compte tenu de son rythme récent. On a tendance à l’oublier, mais Newhook, obtenu de l’Avalanche pour des 31e et 37e choix en 2023, vient de fêter ses 23 ans.

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Alex Newhook

Newhook amène beaucoup de vitesse à la formation. C’est un attaquant tenace. Au sein d’une équipe de tête, ce choix de premier tour en 2019, 16e au total, un rang après Caufield, constituerait un troisième centre idéal ou un ailier en renfort au sein d’un deuxième trio.

Avant de se blesser, Joshua Roy a montré, à seulement 20 ans, qu’il pouvait appartenir à la LNH. Après un départ plus timide, deux points en neuf matchs, il en a amassé sept en quatorze rencontres, montré qu’il pouvait gagner ses batailles pour la rondelle et trouvé une belle chimie avec Newhook. Un solide ailier de milieu de formation peut-être ? Pour un choix de cinquième tour en 2021, ça représenterait un joli boni. Mais l’échantillon est encore mince.

Parlant de mince échantillon, Rafaël Harvey-Pinard a connu des débuts encore plus fracassants l’an dernier avec 20 points, dont 14 buts, en 34 matchs, à 24 ans. Il a été blessé cette saison, sa confiance en a souffert. C’est un joueur de la LNH, mais probablement sur un quatrième trio à long terme, capable de dépanner sur un troisième.

On aurait aimé pouvoir dire de Kirby Dach qu’il est devenu dominant au centre du deuxième trio offensif de l’équipe, qu’il forme avec Suzuki un gros duo de centres, qu’il a connu une première saison de plus de 60 points, mais il faudra attendre l’an prochain. En cinq périodes seulement, il est à seulement six points de Jesse Ylönen en 56 matchs. On se console comme on peut…

Kaiden Guhle ne gagnera probablement jamais le trophée Norris remis au défenseur par excellence dans la LNH. Mais à 22 ans, il est probablement le seul du groupe en place à Montréal dont on peut garantir une place au sein du top 4.

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Kaiden Guhle

Guhle est costaud à 6 pieds 3 pouces et 201 livres, mobile à souhait, efficace en relance et aussi, surtout, fiable contre les meilleurs trios adverses, déjà. Ce 16e choix au total en 2020 demeure le meilleur défenseur de sa cuvée après Jake Sanderson et Brock Faber.

Il vient au deuxième rang chez les défenseurs du Canadien derrière Mike Matheson au chapitre du temps d’utilisation (21:08) et des points (22). Sa production offensive, 26 points au prorata d’une saison complète, est intéressante compte tenu du fait qu’il ne joue presque jamais en supériorité numérique. On peut voir en lui un éventuel Ryan McDonagh, au sein d’une première paire de qualité avec David Reinbacher.

Sinon, les Jordan Harris, Arber Xhekaj et Jayden Struble, s’ils offrent, chacun à leur manière, du jeu digne de la LNH, n’ont pas encore prouvé qu’ils pouvaient appartenir sans l’ombre de tout doute à un top 4.

Le gardien Cayden Primeau a éclos à 24 ans. Il en sera question jeudi.

Le squelette se précise donc. Vous avez un premier jeune trio établi. Un deuxième centre en Dach à condition qu’il reste en santé. Ne vous étonnez pas d’y retrouver à sa droite Joel Armia l’an prochain, peut-être aussi le premier choix du CH en 2024 s’il s’agit d’un attaquant et s’il est prêt, ce qui est quand même loin d’être acquis. Vous avez des candidats à un troisième trio de qualité avec Newhook et Roy.

Il y a un petit retard en défense par rapport aux attaquants, d’où la présence des vétérans Matheson et Savard au cœur du top 4. Il faudra attendre de voir l’éclosion des Reinbacher, Hutson, Mailloux, Engström et compagnie pour y voir plus clair et se mettre à niveau par rapport à l’attaque.

(Jeudi : cinq trucs à suivre d’ici juin pour se consoler un brin…)

Rhett Pitlick ? Pas si sûr…

Choix de cinquième tour, 131e au total du Canadien en 2019, l’attaquant Rhett Pitlick, frère de Rem, ancien attaquant du CH, vient de connaître sa meilleure saison dans la NCAA, à l’Université du Minnesota, avec 36 points en 39 matchs, au sommet des compteurs de son club, devant entre autres deux jeunes choix de premier tour dans la LNH, Jimmy Snuggerud et Oliver Moore.

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Rhett Pitlick

Mais il importe de remettre les choses en contexte. Dominer dans la NCAA à 22 ans (Pitlick a fêté ses 23 ans début février) n’a évidemment pas la même valeur que de le faire avant 20 ans. À cet âge, justement, Pitlick montrait une fiche de 18 points, dont 5 buts, en 30 matchs.

On doute qu’il y ait un fort intérêt chez le Canadien pour Pitlick –– jadis comparé à Paul Byron par un recruteur enthousiaste - compte tenu de la limite de contrats et du nombre déjà élevé d’attaquants de six pieds ou moins dans le giron de l’équipe.

Un contrat de Ligue américaine pour aider le Rocket de Laval peut-être ? Mais Pitlick acceptera-t-il ?