L’arrivée du défenseur David Reinbacher à Laval mardi matin a généré beaucoup d’attention. Signe que les espoirs suscitent de plus en plus d’intérêt, surtout en période de reconstruction, on a même suivi le résultat d’une série demi-finale de deuxième division en Suisse pour connaître la date d’arrivée au Québec de ce cinquième choix au total par le Canadien en 2023 !

Rappelons-nous treize autres espoirs dont l’entrée en scène à la conclusion de leur saison a suscité beaucoup d’enthousiasme dans les vingt dernières années… pour le meilleur et pour le pire.

1. Kyle Chipchura (2006)

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Kyle Chipchura après sa sélection en juin 2004

Ce choix de premier tour, 18e au total, en 2004, devait devenir le prochain centre d’impact du Canadien, le complément parfait pour Saku Koivu. Il possédait un gabarit avantageux, à 6  pieds 2  pouces et 200 livres, du leadership à revendre, jouait de façon robuste et ne rechignait pas à l’idée de soutenir les défenseurs dans sa zone. Il venait remporter l’or quelques mois plus tôt au Championnat mondial junior à titre de capitaine de l’équipe canadienne quand il s’est joint aux Bulldogs d’Hamilton. Ses 55  points en 59  matchs à sa dernière saison dans les rangs juniors auraient dû nous mettre davantage la puce à l’oreille : on ne devient pas un grand centre offensif quand on ne produit pas davantage à 20  ans chez les juniors. Il a obtenu trois points, dont un but, en huit matchs en cette fin de saison à Hamilton. Il a éventuellement accédé à la Ligue nationale et disputé 482 matchs, mais à titre de centre de quatrième trio.

2. Carey Price (2007)

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Carey Price

Le plus attendu de tous, surtout après la controverse entourant sa sélection au cinquième rang en 2005, compte tenu de la présence de José Théodore bien en selle à titre de gardien numéro un Montréal. À la conclusion de la carrière dans les rangs juniors, Théodore avait eu le temps d’être échangé au Colorado et le sympathique Français Cristobal Huet venait de gagner le cœur des fans. Ceux qui maudissaient le Canadien d’avoir préféré Price à Gilbert Brule commençaient à changer leur fusil d’épaule avec la première saison de 61 points d’Anze Kopitar à Los Angeles, mais on avait vu Price briller au Championnat mondial junior quelques mois plus tôt. À 20 ans seulement, Price a imité Patrick Roy deux décennies plus tôt et permis au club-école de remporter la Coupe Calder dans la Ligue américaine. Contrairement à Roy cependant, Price allait mettre encore quelques saisons avant de s’établir comme numéro un, devant le coriace Jaroslav Halak.

3. Brock Trotter (2008)

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Brock Trotter au camp de perfectionnement en 2008

Brock Trotter, un centre de 20 ans ignoré au repêchage lors des deux saisons précédentes, a discuté avec plusieurs équipes de la LNH après avoir quitté l’Université Denver, dont il était le meilleur compteur, avec fracas en février 2008. Allait-il constituer un vol après avoir amassé 31 points en 24 matchs pour les puissants Pionners ? Trotter s’est joint aux Bulldogs d’Hamilton en février 2008, y a été dominant en formant un duo redoutable avec David Desharnais, entre autres une saison de 77 points, mais il s’est contenté d’un seul match dans la LNH. Son parcours l’a ensuite emmené à Riga, Karpat, Rouen, Rosenheim, avant qu’il ne termine sa carrière l’an dernier dans l’ECHL avec les Ghost Pirates de Savannah…

4. Danny Kristo (2013)

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Danny Kristo au camp de perfectionnement du Canadien en 2011

Ce jeune homme a reçu beaucoup d’attention pour un choix de fin de deuxième tour. Mais comme Bob Gainey avait sacrifié son choix de premier tour en 2008 pour obtenir Alex Tanguay, Kristo était le premier choix de l’équipe au 56e rang. Kristo est demeuré quatre ans à l’Université du North Dakota. Il y a connu beaucoup de succès, avec entre autres une saison de 52 points en 40 matchs à sa dernière année là-bas, et conquis l’or avec l’équipe américaine au Championnat mondial junior en 2005, tournoi au cours duquel il a marqué cinq buts en sept matchs. Sa cote était élevée, mais il a aussi fait parler de lui pour les mauvaises raisons en raison de sa propension pour les soirées bien arrosées. Il a rejoint Hamilton à la fin de la saison 2012-2013, mais obtenu seulement trois aides en neuf matchs. Il a été échangé quelques mois plus tard pour Christian Thomas. Il n’a jamais atteint la Ligue nationale, mais joue toujours, en Angleterre, depuis deux ans.

5. Sebastian Collberg (2013)

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Sebastian Collberg en 2013

Collberg a été repêché au deuxième tour par le Canadien en 2012 même s’il était coté au premier tour par plusieurs spécialistes et a brillé au Championnat mondial junior avec la Suède en amassant sept points en six matchs à seulement 17 ans. Plusieurs ont le réflexe de parler d’un vol en pareilles circonstances. Collberg a joint les Bulldogs à la fin de la saison 2012-2013 et disputé deux matchs sans éclat. Il est retourné en Suède la saison suivante avant de servir d’appât dans la transaction pour Thomas Vanek à la date limite des transactions. Il a disputé deux saisons avec le club-école des Islanders sans jamais accéder à la Ligue nationale. Il a ensuite joué en Suède et en Allemagne avant de se retirer l’an dernier.

6. Charlie Lindgren (2016)

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Charlie Lindgren en 2017

La mise sous contrat de ce joueur autonome après une brillante carrière universitaire à St. Cloud State, dans la NCAA, a pris les partisans du Canadien par surprise. Il représentait un projet à long terme puisque Carey Price avait 28 ans à son arrivée. On lui a permis de disputer un match en fin de saison en 2016, en Caroline, question d’écouler une année d’admissibilité contractuelle. Il a été brillant dans une victoire de 4-2. Il a disputé cinq saisons dans l’organisation, ponctuées de hauts et de bas, avant qu’on ne l’abandonne en 2022. Il est passé par St. Louis, avant de finalement trouver sa niche à Washington, à 30 ans. Lindgren vient de subtiliser le poste de numéro un à Darcy Kuemper et pourrait permettre aux Capitals d’accéder aux séries.

7. Ryan Poehling (2019)

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Ryan Poehling en 2019

Probablement l’entrée en scène la plus fracassante pour un espoir du Canadien avec trois buts contre les Maple Leafs de Toronto à son premier match en carrière, à la conclusion de sa carrière dans la NCAA, le 6 avril 2019, sans oublier son but en tir de barrage. Poehling venait d’être nommé le joueur par excellence au Championnat mondial junior quelques mois plus tôt. Il a même reçu le privilège d’être invité au tournoi de golf du Canadien à l’aube du camp d’entraînement en septembre. Mais sa première année chez les professionnels, marquée par une commotion cérébrale en matchs préparatoires et un renvoi dans les mineures, a été difficile. Il a excellé dans la Ligue américaine lors des deux années suivantes, sans être capable de s’établir dans la Ligue nationale. Il a finalement été largué dans l’échange pour Jeff Petry il y a deux ans et a mérité un poste de quatrième centre à Pittsburgh. Le voilà aujourd’hui à 25 ans, bien ancré au centre du troisième trio des Flyers de Philadelphie, là où l’attendait avant que son Championnat mondial et son premier match ne faussent les données.

8. Josh Brook (2019)

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Josh Brook en 2019

Cette même année 2019, le défenseur droitier Josh Brook a fait une entrée plus discrète dans l’organisation, avec le Rocket de Laval. Sa saison de 75  points en 59 matchs à sa dernière année junior à Moose Jaw en a emballé certains. Mais il y avait trop de failles ailleurs dans son jeu. Sa fin de saison avec le Rocket a été modeste pour un défenseur offensif : une aide en sept matchs. Il a même eu de la difficulté à jouer régulièrement dans la Ligue américaine lors des saisons suivantes et des blessures n’ont pas aidé. Ce choix de deuxième tour en 2017 a tenté sa chance dans l’organisation des Flames en 2022, sans plus de succès. Il joue en Finlande cet hiver.

9. Cole Caufield (2021)

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Cole Caufield lors de sa sélection en 2019

David Reinbacher est probablement l’espoir le plus attendu depuis Caufield en 2021. Caufield, choix de premier tour, 15e au total en 2019, venait de connaître une saison de 30 buts en 31 matchs à Wisconsin, dans la NCAA, quand il a rejoint le Rocket en mars 2021. RDS a même changé sa programmation pour diffuser ses premiers matchs. Y a-t-il eu enflure médiatique ? Caufield a su prouver qu’il méritait une telle attention. Après trois buts à ses deux premiers matchs, il a été rappelé à Montréal et a constitué un élément important du parcours du CH jusqu’en finale.

10. Jordan Harris (2022)

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jordan Harris au camp de perfectionnement du Canadien en 2018

Harris a fait languir le Canadien pendant quelques années avant de finalement s’entendre avec l’organisation au printemps 2022 après l’arrivée de Kent Hughes comme directeur général. Il avait dominé outrageusement à Northeastern, dans la NCAA, malgré une production offensive plus modeste de 20 points en 39 matchs à sa dernière saison. Il jouait néanmoins presque 30 minutes par match. Il a accédé directement à la Ligue nationale et disputé dix matchs. L’adaptation n’a pas été facile. Il a été supérieur l’an dernier, mais il connaît une saison en dents de scie cette année. On lui cherche encore une identité. Il ne répond pas encore aux attentes jusqu’ici et pourrait être victime du surplus de défenseurs gauchers éventuellement.

11. Sean Farrell (2023)

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Sean Farrell en 2023

Accueilli en grande pompe à Montréal en 2023 malgré son modeste rang de sélection, au quatrième tour, trois ans plus tôt. Ce petit attaquant de 5 pieds 9 pouces venait néanmoins d’amasser 53 points en seulement 34 matchs à Harvard, et avait participé aux Jeux olympiques et au Championnat mondial malgré son jeune âge un an plus tôt. Dès le premier de ses six matchs avec le Canadien, on a réalisé que son manque de vitesse et de force physique allait représenter un obstacle. Il ne fait pas mal à Laval cet hiver, avec 24 points en 35 rencontres, mais ses défis demeurent les mêmes.

12. Jayden Struble (2023)

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Jayden Struble au camp d’entraînement de l’équipe en 2023

Struble a effectué une entrée en scène beaucoup plus modeste que celle de Farrell le printemps dernier en acceptant un essai professionnel de la Ligue américaine. Ce choix de deuxième tour en 2022 avait un profil plus modeste également. Il jouait d’ailleurs dans l’ombre de Jordan Harris à Northeastern. Il a dû patienter à Laval en fin de saison l’an dernier avant de disputer son premier match. Il a été parmi les premiers retranchés au camp d’entraînement en septembre. Mais il est dans la LNH aujourd’hui et Farrell toujours dans la Ligue américaine.

13. Emil Heineman (2023)

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Emil Heineman lors d’un entraînement avec le Rocket de Laval

Obtenu dans l’échange pour Tyler Toffoli en février 2022, ce choix de deuxième tour des Panthers de la Floride en 2020 a connu un début de carrière fracassant à Laval avec sept buts en onze matchs le printemps dernier. Plusieurs le voyaient sur la formation de départ du Canadien en début de saison, mais une blessure a tout gâché. Il a marqué 12 buts en 36 matchs à Laval cet hiver, une production offensive moins relevée que prévu, mais il demeure dans les plans à titre d’ailier de troisième ou quatrième trio.

Mattias Norlinder en trop ?

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Mattias Norlinder

Un journaliste suédois l’a proclamé à tort comme un éventuel gagnant du trophée Norris à Montréal, mais Mattias Norlinder n’a jamais pu même percer avec le Canadien et l’arrivée de David Reinbacher à Laval pourrait lui coûter un poste dans la formation vendredi. Norlinder, relégué à la troisième paire de défenseurs du Rocket cette saison, était le joueur en trop à l’entraînement mardi matin à la Place Bell. William Trudeau s’entraînait à nouveau avec Logan Mailloux, Olivier Galipeau avec Justin Barron et Reinbacher était jumelé au vétéran Tobie Paquette-Bisson. Ainsi va la vie dans le hockey professionnel…