(Edmonton) Scène inhabituelle au terme de l’entraînement des Oilers d’Edmonton lundi. Les reporters sont agglutinés autour de Kris Knoblauch, entraîneur-chef de l’équipe. Ses propos sont intéressants. Il a une tête sur les épaules, et ça se sent dans ses réponses.

Mais au beau milieu d’une de celles-ci, notre homme est déserté. Un après l’autre, les micros se baissent, les journalistes et les caméramans accourent vers le vestiaire. « Connor est prêt », entend-on chuchoter.

Ce n’était pas Connor Brown, ni le gardien nouvellement embauché Connor Ungar. Pas d’attrape ici : c’était bel et bien Connor McDavid. Quand le meilleur joueur de la LNH parle, les journalistes sont au rendez-vous.

McDavid et les Oilers connaissent une saison spéciale. Depuis que Knoblauch a remplacé Jay Woodcroft comme entraîneur-chef, le 12 novembre, Edmonton présente la meilleure fiche de la LNH, soit 37-12-3, pour un rendement de ,740, loin devant les Jets de Winnipeg (,708) et les Panthers de la Floride (,700).

Ces succès collectifs engendrent des succès individuels – et sont générés par eux, il y a réciprocité –, si bien que notre ami McDavid a la chance d’atteindre un plateau qui était vu comme inaccessible jusqu’à tout récemment : la marque des 100 aides en une saison. Il en compte 81 après 63 matchs, il est en voie d’en obtenir 103 en 80 matchs (il a raté deux rencontres).

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Connor McDavid a des chances d’atteindre la marque des 100 aides en une saison cette année.

Depuis que des hommes réunis à l’hôtel Windsor par un lundi de novembre 1917 ont créé cette entité nommée Ligue nationale de hockey, seuls trois joueurs ont obtenu 100 aides en une saison : Bobby Orr, Wayne Gretzky et Mario Lemieux. La chance d’être mentionné en compagnie du meilleur de tous les temps, de même que Gretzky et Orr, n’émeut toutefois pas McDavid.

Quand tu es mentionné dans la même phrase que ces trois-là, trois des meilleurs de l’histoire, c’est cool. Mais c’est une statistique, et les statistiques importent peu au bout du compte.

Connor McDavid

McDavid reste de glace, ses coéquipiers aussi, et on les comprend, on y reviendra. Il reste que la marque des 100 aides a quelque chose de particulier. Si une saison de 70 buts semble tout aussi impressionnante, sachez qu’ils sont tout de même huit à l’avoir fait.

Avec ses talents de fabricant de jeux, McDavid a donc réussi à rester productif pendant une séquence où il était incapable de marquer. Du 9 au 26 février, il a en effet disputé 10 matchs de suite sans toucher la cible. Mais il a amassé 23 aides pendant cette séquence, si bien qu’il a été le joueur le plus productif de la LNH pendant sa « léthargie ».

Pour donner une autre idée de grandeur : s’il n’avait pas marqué un seul but de la saison, il serait tout de même 11e pointeur de la LNH.

L’apport de Hyman

Zach Hyman, son fidèle compagnon de trio, ne s’arrête pas non plus au plateau des 100 aides. « Je ne pense pas qu’on en ait parlé une seule fois dans le vestiaire », lance d’emblée le gros ailier.

« Je ne pense pas que Connor en ait fait un objectif. Mais à mesure qu’il se rapprochera, ça serait bien si on pouvait l’aider. En fait, il va pas mal s’aider lui-même ! Ce sera à nous de compléter ses jeux, faire les petites choses, aller au filet et mettre la rondelle dans le but. C’est un joueur phénoménal. »

PHOTO JOE CAMPOREALE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Connor McDavid, Zach Hyman et Ryan Nugent-Hopkins

Hyman a fait sa part jusqu’ici, avec 46 buts. Il a déjà dynamité son sommet personnel de 36 en une saison. Dans le vestiaire du Canadien, Nick Suzuki a justement identifié Hyman comme un des facteurs derrière les succès de McDavid.

« McDavid joue avec de bons joueurs, ils savent comment il pense. Il a joué avec Hyman toute l’année. J’ai vu passer un graphique qui montre d’où Hyman marque ses buts et c’est assez standard, où il se tient. Donc, McDavid peut se promener dans la zone et il aura des occasions de faire des jeux dans l’enclave. »

Voici le graphique en question. Les chiffres indiquent le nombre de buts par section de la zone offensive.

IMAGE FOURNIE PAR NHL EDGE

Provenance des buts de Zach Hyman

« Les gens vont dire : “Jouer avec Connor, c’est facile.” J’aimerais voir le monde aller devant le but se faire bûcher comme il se fait bûcher, rappelle le défenseur Vincent Desharnais. Le nombre de doubles échecs qu’il mange, le nombre de bâtons du gardien adverse qu’il mange, des coups de bâton dans les parties… Mais il y va à tous les matchs et si ça ne marche pas, il y va encore plus fort à sa présence suivante. »

L’objectif principal

S’il rejoint Lemieux, Gretzky et Orr, McDavid serait toutefois l’intrus du groupe. Les trois autres comptent tous, en plus de leur pléthore de trophées individuels, plusieurs bagues de la Coupe Stanley : deux pour Lemieux et Orr, quatre pour Gretzky.

McDavid est à zéro, zéro finale aussi. Son plus long parcours en séries : une finale de l’Ouest en 2022. D’où son peu d’intérêt pour les plateaux personnels.

« Connor est une des personnes les plus humbles que tu vas rencontrer par rapport à ses exploits personnels. Il n’en parle jamais et tout ce qui lui importe, c’est de gagner une Coupe Stanley avec cette équipe », a souligné Hyman.

C’est pourquoi McDavid assure ne pas s’arrêter aux marques individuelles. « Ce n’est pas ce qu’on vise. Ce n’est pas ce que je vise, a ajouté McDavid. Si ça arrive, tant mieux. Sinon, ce n’est pas plus grave que ça. »