Brendan Gallagher a donné une entrevue révélatrice au confrère Stu Cowan, du quotidien The Gazette, mercredi. Elle traduisait l’état d’esprit d’un joueur malheureux de son sort.

« Ça n’est pas facile, a-t-il lâché, quand Stu Cowan lui a demandé de réagir à sa rétrogradation au sein du quatrième trio. Je suis un joueur fier. Tu veux obtenir les meilleures occasions de briller et d’aider l’équipe. Je veux regagner cette confiance et cette position qui était la mienne pour la majorité de ma carrière. »

Gallagher a le mérite d’être transparent. Et il n’est pas différent de presque tous les athlètes sur leur déclin : il ne veut pas voir sa régression ou est incapable de le réaliser et se croit encore capable de retrouver l’élan des beaux jours.

« C’est une question de trouver un rythme, a ajouté Gallagher. J’étais dans ma zone de confort en début de saison. Il y avait une stabilité dans les trios et tout. J’essaie de me trouver une niche en ce moment, un peu de chimie avec un trio. Quand tu te sens confortable, la confiance revient et la qualité du jeu aussi. J’ai été plutôt bon pendant un moment. Ça a régressé un peu récemment et j’espère revenir à mon niveau du début de saison. »

Vous n’entendrez jamais un hockeyeur admettre qu’il a perdu une fraction de seconde, qu’il est devenu plus vulnérable en zone défensive. Il évoquera l’instabilité des trios, parfois, dans d’autres cas, une injustice de la part de l’entraîneur.

Ça ne devient pas un problème si l’athlète conserve une attitude exemplaire. S’il arrive à l’aréna avec un sourire, encourage ses coéquipiers, redouble d’ardeur sans rechigner. Ça devient une patate chaude pour l’organisation s’il entre dans le vestiaire en bougonnant, si ses intérêts personnels, pour se sortir la tête de l’eau, passent avant la collectivité.

Pour l’instant, rien ne permet de conclure que Gallagher laisse entendre son mécontentement dans le vestiaire, ou, à l’autre bout du spectre, qu’il constitue le coéquipier enthousiaste et souriant. L’entrevue projette néanmoins l’image d’un athlète malheureux de son sort.

« Je n’ai jamais joué avec l’idée que j’ai quelque chose à prouver. Je me connais. Je connais mes forces et mes faiblesses. J’ai beaucoup de gens dans mon coin qui m’appuient et tu veux jouer pour eux. Je tente de redevenir le joueur que j’étais. Si je fais ça, la situation deviendra plus agréable. »

Après avoir amassé sept points, dont quatre buts, à ses onze premières rencontres, au sein d’un trio avec Sean Monahan et Tanner Pearson – qui, lui aussi, a démarré l’année en force avec cinq points en autant de rencontres –, Gallagher en a obtenu seulement neuf, dont quatre buts, lors des 40 matchs suivants.

Au-delà d’une production offensive à la baisse, il est devenu vulnérable défensivement en raison de son manque de vitesse et d’un temps de réaction réduit. Il chasse la rondelle en territoire défensif et la récupère très rarement.

La statistique des plus et des moins n’est plus autant prisée en 2024, mais sa -23, de loin la pire du club, demeure révélatrice. Surtout avec un temps d’utilisation réduit à 14 : 03, dixième chez les attaquants de l’équipe, et rarement opposé aux meilleurs éléments adverses.

Gallagher a retrouvé le troisième trio mercredi contre les Sabres, avec Jake Evans et Joel Armia, mais il n’a pas atteint les 14 minutes d’utilisation depuis cinq matchs. Ses 10 : 14 d’utilisation lors de la rencontre précédente contre Washington constituaient le plus bas total depuis le quatrième match de la saison.

Le dossier serait plus simple si Gallagher n’était pas lié au Canadien. Il lui reste encore trois années de contrat à un salaire annuel de 6,5 millions.

Les chances de voir Gallagher relancer sa carrière et retrouver l’élan des beaux jours sont minces. Après une production intéressante en 2020-2021, 23 points, dont 14 buts, en 35 matchs (0,66 point par match), mais un déclin marqué en séries éliminatoires avec seulement deux buts en 22 matchs, la production de ce vétéran est à la baisse : 24 points, dont sept buts, en 56 matchs (0,42 point par match) en 2021-2022, 14 points, dont huit buts, en 37 matchs (0,37 point par match) l’an dernier et seulement 16 points, dont huit buts, en 51 matchs cette saison (0,31 point par match).

L’ancien capitaine des Kings de Los Angeles, Dustin Brown, a réussi à rebondir à 33 ans avec 61 points en 2017-2018 après des saisons de 27, 27, 28 et 36 points. Mais il s’agit d’un cas rare.

En rachetant le contrat de Gallagher cet été, le CH économiserait seulement 6,5 millions sur 19,5, et devrait inscrire un minimum de 2,1 millions sur sa masse salariale pendant cinq saisons, entre 2025 et 2030, avec une pointe à 4,6 millions en 2026-2027 (selon capfriendly.com).

Si l’organisation attend un an de plus, en juin 2025, un minimum de 1,75 million sera comptabilisé sur la masse pendant quatre ans, avec une pointe à 4,2 millions en 2026-2027.

La différence n’est pas énorme. À la limite, on peut se permettre d’attendre, à condition évidemment que Gallagher accepte son nouveau rôle. Le Canadien n’aurait aucun avantage à garder dans son entourage un joueur malheureux.

Kyle Dubas est-il prêt à vendre ?

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kyle Dubas

Simon-Olivier Lorange a assisté au point de presse du président et DG des Penguins, Kyle Dubas, jeudi. Dubas se donne encore deux semaines pour décider s’il liquidera certains actifs pour des espoirs ou des choix au repêchage. « On doit se rajeunir », a-t-il néanmoins voulu admettre.

Les Penguins se retrouvent à neuf points du Lightning de Tampa Bay, dernier club qualifié en vertu du taux de victoires, avec quatre matchs de plus à disputer. Pittsburgh a aussi huit points de moins que Detroit, avec deux matchs de plus à jouer, et est à quatre points des Islanders et des Devils, avec deux matchs en main sur les deux. Crosby et sa bande ne peuvent se permettre de perdre jeudi soir contre Montréal, sans quoi Dubas aura les idées un peu plus claires en prévision de la date limite des transactions le 8 mars.