(Pittsburgh) Que se passe-t-il dans le vestiaire du Canadien au premier entracte ? Écoute-t-on de la musique endormante ? Boit-on un Gatorade particulier ? Sert-on des collations trop lourdes ?

On s’amuse, mais ce n’est pas drôle pour autant. Un énième effondrement en deuxième période a coûté le match au Tricolore, jeudi, en route vers une défaite de 4-1 face aux Penguins de Pittsburgh. Une autre défaite, plutôt — la sixième en sept matchs et la quatrième de suite, la plus longue séquence du genre cette saison.

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Après la rencontre, l’entraîneur-chef Martin St-Louis a lui-même indiqué que le refrain devenait répétitif : une bonne première période, une mauvaise deuxième et une troisième passée, en vain, à chercher à réparer les pots cassés. « Les derniers matchs sont pas mal semblables », a-t-il constaté.

Les circonstances, toutefois, diffèrent. Cette fois, une punition bête de Brendan Gallagher a permis aux Penguins, au demeurant un club minable en avantage numérique, de prendre l’avance 2-1. Dès la reprise du jeu, les locaux ont profité d’un surnombre après que Cole Caufield eut perdu une lame de patin à la ligne bleue adverse : 3-1. Tout s’est joué là.

« Je ne pense pas qu’un but a eu un effet sur l’autre, a estimé Mike Matheson. Si c’était arrivé 10 minutes plus tard, on n’aurait pas fait de lien. Sauf que là, c’était sur la présence suivante. »

La malchance de Caufield était en effet impossible à prévenir, et même à réparer. On le sait, un joueur privé d’une lame ressemble à Bambi sur la glace. On ne fera donc pas de reproches au numéro 22.

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Nick Suzuki

Or, le quatre contre trois qui a suivi l’incident, « on ne le gère pas comme on en est capables », a analysé Martin St-Louis. Au banc des accusés : Nick Suzuki, qui patine tout doucement en repli avant d’accélérer lorsque les Penguins s’installent en territoire montréalais. Donc trop tard.

« On a fait beaucoup de bonnes choses, a rappelé St-Louis, à juste titre. Mais ils ont profité de leurs chances quand on a commis de petites erreurs, et on n’a pas profité de nos chances quand ils ont fait de petites erreurs. »

Problème récurrent

La deuxième période, disions-nous, n’a pas été problématique que jeudi. Elle l’est depuis le début de la saison.

Le Canadien a en effet accordé 72 buts au deuxième engagement, ce qui le place au 30rang du circuit. Au cours des sept derniers matchs, il a cédé 13 fois en deuxième période, ce qui représente presque la moitié du total des buts accordés dans l’intervalle (28).

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Cayden Primeau

Cela inclut des hémorragies de trois buts, à deux reprises, et même de quatre buts contre les Rangers de New York. Après ce match, notre collègue Richard Labbé avait d’ailleurs coiffé son analyse du titre « Soudainement, la chaîne a débarqué ». Si les normes et pratiques journalistiques nous le permettaient, nous l’aurions simplement copié et collé au-dessus du présent texte.

Mais pourquoi la chaîne saute-t-elle si systématiquement en deuxième période ? « Le changement est vraiment loin, et on continue d’apprendre à gérer ça, a suggéré Mike Matheson. Quand nos défenseurs sont sur la glace depuis plus d’une minute, peut-être que c’est le temps de juste envoyer la rondelle dans le fond de la zone et de jouer de façon un peu plus plate pendant quelques présences, le temps de régénérer du momentum. »

Martin St-Louis a abondé. « Ça arrive plus souvent que les gars soient fatigués en deuxième. Comme jeune équipe, il faut comprendre ces moments-là, simplifier les affaires. C’est un apprentissage. »

Finies les remontées

Si les mauvaises deuxièmes périodes ne sont pas un phénomène neuf, une tendance a néanmoins changé.

En début de campagne, on n’en finissait plus de s’émouvoir devant cette équipe résiliente, persévérante, acharnée, qui effaçait les déficits et volait des points à ses adversaires. Ça n’arrive plus.

Au cours des 32 premiers matchs, soit jusqu’au 21 décembre, le Tricolore a tiré de l’arrière 20 fois après deux périodes. Il a toutefois réussi à arracher quatre victoires et quatre défaites en prolongation de ces situations fâcheuses.

Au cours des 25 dernières rencontres, il s’est retrouvé en retard après 40 minutes à 11 reprises. Le résultat : 11 défaites en temps réglementaire.

« C’est très difficile à faire, alors on ne peut pas penser qu’on va gagner chaque fois, a noté Mike Matheson. Ce n’est pas parce qu’on fait quelque chose de mal qu’on n’y arrive pas. » Autrement dit, il ne blâme pas son équipe de ne plus réussir ses remontées ; il aimerait plutôt la voir moins souvent à la traîne.

Après une question sur le même thème, Martin St-Louis a laissé passer un silence avant d’avancer que la situation était peut-être attribuable à un « manque de finition ».

« Notre engagement est là, a-t-il insisté. Ce n’est pas comme si on n’avait pas de chances. Si on perdait et qu’on se faisait manger, je dirais que quelque chose a changé. Mais ce n’est pas le cas. On manque de finition, mais les intentions sont là. »

Peut-être, finalement, que les intentions sont juste meilleures que l’équipe qui les incarne…

En hausse : Joshua Roy

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Joshua Roy

Celui qui semble gagner en aplomb à chaque match a été le meilleur attaquant de son équipe. Il a obtenu 11 tentatives de tir, donc cinq cadrés, et n’eût été du brio du gardien Tristan Jarry, il aurait pu inscrire deux ou trois buts.

En baisse : Brendan Gallagher

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Brendan Gallagher

Sa punition inutile, en milieu de deuxième période, a réveillé les Penguins. On connaît la suite. À cinq contre cinq, seul Jesse Ylönen a joué moins que lui.

Chiffre du match : 64

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Sidney Crosby

Avec une mention d’aide sur le but gagnant, Sidney Crosby a obtenu son 64point en carrière contre le Canadien. Parmi les joueurs actifs, seul Alex Ovechkin, avec 67 points, le devance à ce chapitre.

Dans le détail

Jayden Struble a mal

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Jayden Struble

Il est difficile de savoir ce qui lui est arrivé, mais à l’évidence, quelque chose clochait. En milieu de troisième période, Jayden Struble s’est effondré sur la glace à la suite d’un jeu de routine. Après s’être débarrassé de la rondelle en zone adverse, il a semblé incommodé et a retraité vers son territoire, avant de tomber comme s’il avait été frappé par la foudre. À le voir ramper vers le banc, on aurait pu croire qu’il avait perdu une lame de patin, mais à son arrivée, il a eu besoin d’aide pour se rendre au vestiaire, visiblement incapable de mettre du poids sur l’une de ses jambes. L’équipe n’a fourni aucune mise à jour après la rencontre. Puisque le CH est en congé ce vendredi, on devrait en savoir davantage seulement samedi à ce sujet. Si Struble devait s’absenter, Johnathan Kovacevic pourrait le remplacer en défense, lui qui a été laissé de côté au cours des deux dernières rencontres.

L’ère Colin White s’amorce

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Colin White (36)

Un nouveau joueur de centre a fait son apparition dans le maillot tricolore, alors que l’organisation a réclamé Colin White plus tôt dans la journée. Ce dernier n’a pas eu trop de difficulté à rejoindre sa nouvelle équipe, puisqu’il s’alignait jusque-là avec les Penguins — il s’était même entraîné avec eux en matinée ! White, 27 ans, n’avait disputé que 11 matchs dans la LNH cette saison, n’amassant aucun point. Il a plutôt passé la majorité de la campagne dans la Ligue américaine. Ex-choix de premier tour des Sénateurs d’Ottawa, il avait connu des débuts prometteurs dans la LNH, mais avait perdu des plumes au cours des dernières années, au point d’être contraint de signer un contrat à deux volets à la toute fin du camp d’entraînement en octobre. Le droitier a plutôt bien paru à ses débuts avec sa nouvelle équipe, affichant une surprenante complicité avec Tanner Pearson sur le quatrième trio. « Je ne le connais pas beaucoup comme joueur, mais j’ai aimé son rendement sur la glace, a dit Martin St-Louis en fin de soirée. Cette ligne-là nous a donné de bonnes minutes. »

Brandon Gignac au ballottage

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Brandon Gignac

Pour faire de la place à White dans la formation, le CH a soumis le nom de Brandon Gignac au ballottage. Le Québécois a signé il y a quelques semaines son premier contrat avec le CH, lui qui n’était auparavant lié qu’au Rocket de Laval. Attaquant ultra rapide, il a montré de beaux flashs, mais n’a pas semblé complètement à l’aise avec le niveau d’opposition de la LNH. Au cours de ses trois derniers matchs, il s’est retrouvé sur la glace pour trois buts de l’adversaire à cinq contre cinq. Sa dernière rencontre, contre les Sabres de Buffalo, mercredi soir, a été particulièrement difficile. S’il n’est pas réclamé au ballottage, il rejoindra le Rocket, qui est au cœur d’une lutte pour accéder aux séries éliminatoires de la Ligue américaine. Avant d’obtenir sa chance à Montréal, le natif de Repentigny avait récolté 42 points en 43 matchs à Laval.