Brendan Gallagher a disputé à peine dix minutes (10 : 10) lors du match de samedi contre les Blackhawks de Chicago. Les attaquants les moins utilisés après lui, Rafaël Harvey-Pinard et Tanner Pearson, en ont joué plus de treize.

Il s’agissait de son temps d’utilisation le plus bas depuis ses premières semaines dans la Ligue nationale de hockey il y a une douzaine d’années, si l’on exclut les matchs où il est sorti prématurément en raison de blessures.

À moins de tomber dans un tonneau de potion magique, on se demande comment Gallagher pourra retrouver l’élan des beaux jours. C’était déjà difficile l’an dernier. Ça l’est encore plus depuis le début de saison. L’usure du temps semble le rattraper. Son manque de vitesse le rend extrêmement vulnérable.

Ce valeureux guerrier, que personne ne voyait dans la LNH à ses débuts dans les rangs juniors, a tout de même réussi 202 buts et 395 points en 677 matchs grâce à une détermination et un courage hors du commun. Mais les nombreux coups encaissés et les blessures ont meurtri le corps.

La nouvelle administration se retrouve avec un ailier de 31 ans, 32 en mai, dont il restera après cette saison trois années de contrat à un salaire annuel de 6,5 millions. Il encaisse 8 millions cette année et touchera 9 millions l’an prochain. Son salaire annuel passera à 4 millions… en 2026-2027. Aussi bien dire une éternité.

À moins de céder au minimum un choix de premier tour ou un espoir de premier plan à un club en reconstruction, et encore, Gallagher est impossible à échanger. À moins d’accepter en retour un autre joueur dans la même situation et le CH n’aurait pas réglé son problème.

Il reste l’autre solution, moins agréable à évoquer en raison des brillants services rendus par cet homme : le rachat de contrat à la fin de la saison. La structure de son entente en fait un bon candidat, selon le site capfriendly.com, puisque Gallagher n’a pas d’argent garanti versé en bonis.

Racheter son contrat permettra à Geoff Molson d’épargner 6,5 millions sur une somme de 19 millions. Au lieu d’occuper 6,5 millions sur la masse salariale de l’équipe chaque année pour les trois prochaines années, Montréal se retrouverait avec une somme de 2,1 millions ou moins par année jusqu’en 2029-2030, sauf en 2026-2027 (4,6 millions).

2024-2025

333 000 $

2025-2026

2,1 millions

2026-2027

4,6 millions

2027-2028

2,1 millions

2028-2029

2,1 millions

2029-2030

2,1 millions

Par contre, les gestionnaires du Canadien voudront peut-être attendre une année supplémentaire et éviter d’étendre les sommes résiduelles sur six ans simplement pour réduire sa masse salariale en 2024-2025 alors qu’il n’aura pas encore le club pour rivaliser pour la Coupe Stanley.

Les plus optimistes espéreront encore une renaissance. Gallagher n’a pas marqué 30 buts ou plus depuis la saison 2018-2019. Soyons bons princes et calculons la saison suivante, écourtée par la pandémie, au prorata d’une année complète. Avec 22 buts en 59 matchs, il aurait atteint les 30 buts pour la troisième fois consécutive. Il avait un bon rythme en 2020-2021, mais a disputé seulement 35 matchs en raison de blessures.

Cette année-là, lors de la percée du CH jusqu’en finale, Gallagher a obtenu seulement deux buts et six points en 22 rencontres éliminatoires. Depuis le début de la saison 2021, il a compté 15 buts en 95 rencontres.

Un mauvais contrat au départ

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Brendan Gallagher en 2016

Gallagher avait 28 ans lorsque le directeur général Marc Bergevin lui a offert une prolongation de contrat de six ans pour 39 millions en octobre 2020. Puisqu’il lui restait encore une année d’entente, ce rugueux ailier était lié à l’équipe pour encore sept ans.

Il aurait fallu beaucoup d’audace pour s’en séparer. Gallagher constituait encore un élément important de l’équipe. Il venait de connaître une saison de 43 points, dont 22 buts, en 59 matchs, presque 60 points au prorata d’une année complète, sans compter sa fougue contagieuse sur le reste des troupes.

Et Bergevin voyait le créneau favorable de succès rétrécir avec Carey Price et Shea Weber de plus en plus usés par le poids des années. Le départ de Gallagher en octobre 2020 aurait créé un trou important à court terme au sein de l’attaque.

Même le fan moyen pouvait s’en douter : les dernières années du contrat de Gallagher allaient être pénibles en raison du style de jeu robuste de cet ailier de 5 pieds 9 pouces.

Gallagher constituait le piège parfait, comme la plupart des joueurs de la fin vingtaine, début trentaine, à la recherche d’un gros contrat. Il faut être un visionnaire, et, ou un directeur général calculateur et dépourvu de sentiments, pour résister à la tentation.

L’ailier du Canadien n’était pas le premier et ne constituera pas le dernier. Ryan Callahan a signé une prolongation de contrat de six ans pour presque 6 millions par année à Tampa en 2014, à 29 ans. Il a marqué 24 buts la saison suivante, puis 24… lors de ses quatre dernières années dans la LNH !

Les Sénateurs ont accordé 50 millions pour sept ans à Bobby Ryan, 27 ans, cette même année. Un désastre. Les Kings de Los Angeles ont accordé 47 millions pour huit ans à Dustin Brown, 29 ans, en 2013. Les Kings ont remporté leur dernière Coupe l’année suivante, mais Brown a compté en moyenne 16 buts par année pour la durée de son entente qui le payait presque 6 millions annuellement, avant l’inflation des dernières années.

Et on n’évoque pas tous ces joueurs autonomes sans compensation de 28 à 31 ans, les Milan Lucic, Andrew Ladd, David Clarkson, Kyle Okposo, Loui Eriksson, James Neal, David Backes, Nathan Horton, James Van Riemsdyk, Blake Coleman, Matt Moulson et compagnie. Ils ont un point en commun : ils ont tous signé un contrat de cinq ans ou plus et étaient âgés entre 27 et 31 ans…

Les Jets prennent le risque, eux

PHOTO SERGEI BELSKI, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Mark Scheifele

Les Jets de Winnipeg ont fait fi de la théorie des mauvais contrats à des joueurs fin vingtaine, début trentaine. Le directeur général a retenu les services de ses deux stars, le centre Mark Scheifele et le gardien Connor Hellebuyck, pour sept saisons supplémentaires après cette année. Les deux toucheront 8,5 millions par saison entre 31 et 37 ans.

On peut comprendre la position de Kevin Cheveldayoff. Il est à la fin d’un cycle qu’il a lui-même entamé il y a plus d’une décennie et il n’a probablement pas la volonté de repartir en neuf, à tout le moins réinitialiser. Le départ de Pierre-Luc Dubois lui a probablement demandé déjà beaucoup. Mais les Jets ont-ils le club pour aspirer à la Coupe Stanley année après année au cours des prochaines saisons ?

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1- Mathieu Turcotte n’a jamais joué dans la LNH, la LHJMQ ni même dans le Midget AAA. Il dirige aujourd’hui l’Armada de Blainville-Boisbriand. Alexandre Pratt raconte son parcours atypique.

2- Deux Québécois s’affrontaient sur un terrain de la NFL dimanche. Nicholas Richard était sur place à Atlanta.

3- Tanner Pearson a marqué un premier but en presque un an, après avoir soigné une blessure au poignet qui a nécessité six interventions chirurgicales, et Guillaume Lefrançois a rejoint son ancien entraîneur à Vancouver, Bruce Boudreau, pour commenter l’exploit.