De la confusion. Des joueurs désemparés. Des partisans irrités. Des experts qui commentent. Des entraîneurs qui cherchent à comprendre.

La discussion annuelle sur l’arbitrage en séries éliminatoires dans la LNH est belle et bien amorcée.

Contrairement à plusieurs autres printemps cependant, quand les pénalités non appelées en comparaison des critères de la saison alimentaient la majeure partie des discussions, celles des séries 2023 sont différentes. Les joueurs tentent toujours de savoir où est tracée la ligne entre l’acceptable et l’inacceptable, mais de match en match.

Certaines équipes ont parfois trouvé difficile d’identifier ce qui constituait une pénalité et ce qui n’en était pas une.

« C’est toujours un défi […], car c’est un sport différent, a analysé l’entraîneur-chef des Maple Leafs de Toronto, Sheldon Keefe, au sujet du hockey en saison et en séries. Les émotions sont fortes. Il n’y a pas que les joueurs qui doivent gérer cela, les officiels aussi. »

Le défenseur des Oilers d’Edmonton Mattias Ekholm estime qu’il est difficile de trouver des réponses.

« Est-ce que je sais exactement où est tracée la ligne présentement ? Probablement pas. Je ne crois pas que personne ne le sache. C’est encore plus difficile quand vous avez des arbitres différents soir après soir. Chaque arbitre a ses propres critères, comme chaque être humain. C’est naturel. »

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« Chaque arbitre a ses propres critères, comme chaque être humain », estime le défenseur des Oilers d’Edmonton, Mattias Ekholm.

Selon la LNH, jusqu’aux rencontres de lundi, il y a eu en moyenne 9,2 pénalités par match, comparativement à 10,9 pour la même période en 2022. En 2021, c’était 8,7 ; 10,0 en 2020 ; et 8,9 en 2019.

Les avantages numériques sont aussi à la baisse (7,3 en 2023 contre 8,2 en 2022) au cours de ces séries qui ont déjà nécessité 10 prolongations. Il y en avait eu trois au même moment l’an dernier.

« Ils tentent de rester en dehors du chemin, a indiqué l’entraîneur-chef du Lightning de Tampa Bay, Jon Cooper. Le sentiment d’urgence va en grandissant, surtout lorsque surviennent les matchs au cours desquels un club peut être éliminé. Alors tout le monde est sur les nerfs et personne ne veut commettre une erreur. »

Les statistiques sont là, mais la perception est que les décisions sont prises différemment.

L’attaquant des Oilers Hyman souligne qu’il y a davantage de sifflets pour des incidents éloignés de l’action.

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L’attaquant du Wild du Minnesota Marcus Foligno s’en est pris aux officiels après le match no 4, perdu aux mains des Stars de Dallas, alors qu’il s’est senti lésé par deux décisions.

« Il faut éliminer les pénalités qui n’ont pas d’effet sur le jeu. Les arbitres semblent les appeler plus souvent. Il faut qu’on connaisse les critères. »

Il y a aussi beaucoup de frustration.

L’attaquant du Wild du Minnesota Marcus Foligno s’en est pris aux officiels après le match no 4, perdu aux mains des Stars de Dallas, alors qu’il s’est senti lésé par deux décisions.

« Une vraie blague, a-t-il lancé. Ça ne fait aucun sens. »

Foligno s’est retrouvé dans le pétrin de nouveau 48 heures plus tard, alors qu’il a écopé d’une pénalité majeure et d’une inconduite de partie pour avoir donné un coup de genou au centre des Stars Radek Faska.

Mais certains ne veulent pas alimenter cette discussion. Comme l’attaquant du Lightning Pat Maroon.

« Je ne vais pas commenter là-dessus. C’est une bonne histoire pour vous (les journalistes). »

« Ça fait beaucoup jaser, mais si vous êtes en supériorité numérique, soyez prêts. Si vous êtes en infériorité numérique, soyez prêts à bloquer des lancers », a ajouté son coéquipier Nick Paul.

Le centre des Leafs éprouve quant à lui de la sympathie pour les officiels, qui se trouvent sous les feux de la rampe et dont une décision peut décider de la saison d’une équipe.

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Ryan O’Reilly, qui a remporté la coupe Stanley avec les Blues de St. Louis en 2019, estime que ça peut prendre une série ou deux avant de savoir où se trouve cette fameuse ligne à ne pas franchir.

« Comme les joueurs, ils tentent de trouver leurs repères. Les séries sont différentes. Tout le monde veut y aller à fond, mais il faut trouver les limites. C’est la même chose pour les arbitres. »

O’Reilly, qui a remporté la coupe Stanley avec les Blues de St. Louis en 2019, estime que ça peut prendre une série ou deux avant de savoir où se trouve cette fameuse ligne à ne pas franchir.

« C’est pourquoi ça peut parfois sembler inconstant. Mais comme joueur, vous devez faire ce que vous avez à faire et discuter avec les officiels de façon à en tirer avantage. »

Le défenseur du Lightning Nick Perbix, une recrue qui dispute ses premières séries, est très attentif à ce qui est appelé, surtout en début de rencontre.

« Vous prenez une note mentale : “OK, possiblement que je peux m’en tirer avec ça”. Chaque match est différent. »

Et les joueurs regardent quels arbitres sont affectés à leurs rencontres.

« Il faut savoir qui sont les arbitres, a déclaré l’ailier des Leafs Sam Lafferty. On les voit si souvent en saison qu’on peut tirer certaines conclusions. Mais chaque match évolue différemment. Vous devez vous adapter. »

« C’est un aspect de plus à gérer, a ajouté Keefe. Vous devez continuer d’y aller à fond tout en étant intelligent. »

Les journalistes de La Presse Canadienne Donna Spencer et Gregory Strong ont participé à cet article.