Il y avait de l’euphorie dans l’air à Laval lundi soir. En pleine course aux séries, le Rocket a signé une victoire haute en émotions de 4-0 dans une Place Bell électrique.

Dans le vestiaire du Rocket, il y avait toutefois un joueur qui avait une raison de plus de célébrer : Joël Teasdale. Le fougueux attaquant venait d’être blanchi, mais il s’était donné à fond comme toujours. Après la rencontre, il était attendu dans le bureau du coach, où se trouvaient Jean-François Houle et deux « invités », soit Martin St-Louis et Kent Hughes.

« Je ne savais même pas que Martin et Kent étaient au match, a admis Teasdale après l’entraînement de mardi du Canadien à Brossard. Quand je me suis fait appeler dans le bureau de Jean-François après le match, je pensais qu’il voulait juste me parler de la game. Je suis rentré et les deux étaient là, donc ç’a été une surprise !

« Ils ont d’abord parlé un peu de la game que je venais de jouer, que c’était une grosse victoire, que tous les matchs du Rocket sont importants avec la course aux séries. Pour le reste, ils m’ont dit que c’est un bonbon, une récompense pour ma saison. »

À 24 ans, sans jamais avoir été repêché, Teasdale a donc eu droit à son premier rappel, mardi, et il accédera à la Ligue nationale mercredi, à l’occasion de la visite du Canadien à Long Island. Un premier match dans la LNH est toujours spécial, mais il l’est encore plus pour un joueur qui, de son propre aveu, jouait « à 4 ans avec un chandail du Canadien dans le rond-point devant la maison ».

« J’ai très peu dormi, j’étais très excité. J’ai couru un peu partout hier, j’ai fait des appels, mon père, ma mère, la famille. »

Les parents n’y seront pas, « c’est trop dernière minute », a-t-il dit, mais trois proches de son entourage seront sur place au UBS Arena. « Ça va être le fun », ajoute-t-il, une phrase qu’il n’avait pas vraiment à prononcer car son grand sourire disait tout.

Une drôle de situation

Teasdale n’est pas arrivé seul de Laval. Le défenseur Frédéric Allard a lui aussi été rappelé. Dans son cas, ce sera un troisième match dans la LNH, un deuxième avec le CH.

Les décisions du Tricolore rappellent toutefois la drôle de situation dans laquelle navigue l’organisation. Le Rocket se bat pour sa survie et occupe la dernière place de sa division donnant accès aux séries, avec un petit point d’avance sur Cleveland et deux matchs à jouer. Un de ces deux matchs aura lieu mercredi ; Teasdale et Allard seront donc absents.

Or, Allard était carrément écarté de la formation lundi, victime de la rotation des défenseurs du Rocket. Depuis son renvoi au Rocket le 6 mars, il n’a disputé que cinq matchs et a été retranché dix fois.

Teasdale, lui, a été rétrogradé au sein du quatrième trio lundi et a été blanchi à ses quatre derniers matchs. Si le Tricolore avait voulu rappeler le joueur le plus susceptible de l’aider à battre les Islanders, Rafaël Harvey-Pinard ou Jesse Ylönen aurait reçu l’appel.

« C’est un équilibre », a expliqué St-Louis, précisant qu’on arrive au point où l’équilibre doit favoriser le Rocket « pour les bonnes raisons ».

Mais entre le moment où il a marqué son premier but de la saison, le 14 décembre, et la mi-février, Teasdale a connu une séquence de 16 buts en 21 matchs. Selon le confrère Anthony Marcotte, descripteur à la radio des matchs du Rocket, il a été le marqueur le plus prolifique de la Ligue américaine au cours de cette portion de calendrier. En 57 matchs cette saison, il compte 23 buts et 15 aides pour 38 points.

Son rappel ressemble donc nettement plus à un remerciement pour services rendus à un attaquant qui a gardé le fort pendant que les multiples blessures à Montréal nécessitaient un rappel après l’autre.

Les conseils d’un ami

Teasdale souhaitera maintenant profiter de sa courte audition pour montrer qu’il peut imiter son bon ami Harvey-Pinard et avoir un impact dans la LNH.

Les deux comparses sont d’ailleurs revenus ensemble de la Place Bell lundi, puisqu’ils sont pratiquement voisins dans la couronne nord. Mais dans les circonstances, la conversation ne portait pas exactement sur les derniers développements à L’île de l’amour.

« J’avais des questions, je les ai posées, il a répondu. Il a été un bon ami comme tout le temps, une bonne personne. »

Des questions sur quoi ? « C’était le dress code, comment s’habiller pour l’avion, pour les matchs sur la route, l’heure des rencontres d’équipe, s’il y a des entraînements. »

Martin St-Louis a souvent parlé de l’importance de générer de l’émotion chez ses joueurs en cette fin de saison. En voilà un qui n’aura pas besoin de se faire tordre un bras pour en générer.

Que se passe-t-il avec Jake Allen ?

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Jake Allen

Jake Allen n’a pas joué depuis le 27 mars et il n’était pas assez près d’un retour au jeu pour s’entraîner avec l’équipe cette semaine. Encore mardi, c’est Karel St-Laurent qui agissait comme deuxième gardien à l’entraînement à Brossard. Le Tricolore a toutefois confirmé qu’Allen accompagnerait bel et bien ses coéquipiers pour le court voyage à Long Island. Il était important que l’équipe l’annonce puisque Martin St-Louis disait, quelques minutes avant le départ vers l’aéroport, qu’il ne savait « pas encore » si Allen ferait le voyage. L’entraîneur-chef n’était clairement pas d’humeur à discuter du dossier du gardien. La situation est particulière, car si Allen ne peut pas occuper le rôle de substitut mercredi, le Canadien devra rappeler Cayden Primeau de Laval, mais le Rocket disputera mercredi l’avant-dernier match de sa saison, en plein cœur d’une course aux séries.

Guillaume Lefrançois, La Presse