(New York) L’apprentissage a été l’un des thèmes récurrents de la saison 2022-2023 chez le Canadien, tout particulièrement chez les joueurs recrues.

Cela s’est concrétisé de différentes manières. Justin Barron, Rafaël Harvey-Pinard et Jesse Ylönen ont passé quelques mois dans la Ligue américaine. Arber Xhekaj, Johnathan Kovacevic et Jordan Harris ont amorcé la campagne à Montréal, mais le personnel d’entraîneurs a jonglé avec leur temps de glace. En début de calendrier, ils ont parfois sauté des matchs. Juraj Slafkovsky et Kaiden Guhle, pour leur part, ont directement été envoyés sous les feux de la rampe, sans grand ménagement – surtout Guhle, en fait.

Sean Farrell, lui, est arrivé dans un contexte totalement différent. Lorsqu’il a rencontré ses coéquipiers pour la première fois à la fin du mois de mars, il ne restait plus que huit matchs à disputer. À ce point de la saison, les entraînements se font plus rares. L’équipe est fatiguée, usée.

Le cadre d’apprentissage, il fallait donc l’inventer à mesure. Pensons seulement à son premier match, disputé sans jamais avoir patiné avec des joueurs de la LNH.

Voilà donc Farrell au jour 16 de sa vie chez le Tricolore. Le travail de développement, avec lui, s’est résumé à six entraînements complets et à six entraînements de matins de match. Ces derniers ne servent pas à intégrer de nouveaux concepts, mais bien à délier les jambes de ceux qui joueront en soirée.

L’attaquant de 21 ans a en outre disputé quatre rencontres, au cours desquelles, sans nuire à son équipe, il a surtout fait son possible face à une compétition nettement plus relevée que celle qu’il affrontait, il y a quelques jours encore, dans la NCAA.

L’entraîneur-chef Martin St-Louis l’a ensuite retiré de la formation, le temps de deux matchs. Il sera toutefois en uniforme mercredi soir, à Long Island, contre les Islanders.

Vu d’en haut

Constamment, depuis le début de la saison, St-Louis a souligné la valeur des matchs regardés d’« en haut », sur la galerie de la presse. Plusieurs joueurs, notamment Kaiden Guhle, ont confirmé avoir apprécié cette perspective, même si celle-ci vient généralement à cause d’une mauvaise nouvelle – une blessure ou un retrait de la formation.

Un total de 100 % des joueurs ayant joué dans la LNH, à ce jour, ont affirmé que la vitesse du jeu avait représenté la plus grande différence avec les rangs inférieurs. Se retrouver « en haut » a donc permis à Farrell d’évaluer comment mieux s’y adapter.

« Je me suis concentré sur l’exécution, a-t-il expliqué, mercredi matin. Je voulais voir comment les gars trouvent de l’espace sur la glace, comment ils se séparent de leur couvreur pour atteindre les endroits libres. D’en haut, on peut voir comment le jeu se développe. »

Le constater est une chose. Le mettre en pratique en est une autre. Farrell devra mettre ses nouveaux apprentissages à exécution en situation de match contre les Islanders de New York, équipe qui souhaite profiter de ce match pour confirmer sa place en séries éliminatoires. Le défi est de taille.

« Je ne peux pas tout appliquer d’un coup, a-t-il dit, sobrement. J’essaie d’y aller petit à petit. Ça me permet de mesurer mon progrès. »

Du progrès, Farrell dit en avoir déjà réalisé dans sa prise de décision en possession de la rondelle. Autant dans les décisions elles-mêmes que dans le délai de réaction.

« Être capable, sous pression, de trouver les gars et de placer la rondelle dans des endroits où ils pourront aller la chercher, c’est très important, a-t-il précisé. Je vois mieux les ouvertures. »

Martin St-Louis confirme qu’il trouve son poulain plus à l’aise sur la glace, en match comme à l’entraînement. Même si la quantité d’informations qu’a pu absorber Farrell en peu de temps est limitée, cela guidera mieux sa préparation estivale en vue de la saison prochaine, croit-il. « C’est seulement du positif pour lui, pour ce qui viendra après. »

En quelques lignes

C’est Samuel Montembeault qui affrontera les Islanders, et on peut d’emblée prédire qu’il se mesurera aussi aux Bruins de Boston jeudi à domicile. Jake Allen a fait le voyage avec l’équipe et s’est entraîné pendant à peine une vingtaine de minutes, mercredi matin. Son dernier match remonte au 28 mars, et il n’a pris part à aucun entraînement complet en avril. Il sera néanmoins l’adjoint de Montembeault à New York.

Joel Teasdale disputera mercredi soir son premier match dans la LNH. Il a avoué avoir eu « de la misère à s’endormir » la veille, et composer avec beaucoup de nervosité à l’approche de ce grand moment. « Je veux juste démontrer que je suis capable de jouer dans cette ligue, a-t-il dit. Faire les petits détails, ce que je fais bien. » En tournant dans son lit, il pensait surtout à sa première présence. « Je veux essayer de garder ça simple. Si ça va bien, le reste du match va bien aller. »