Il y a bien des gens qui vont penser au Super Bowl en repensant à ce 12 février 2023, mais Alex Belzile, lui, va sans doute penser à autre chose.

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Il va penser à ce but. Son but. Le premier de sa vie dans la Ligue nationale de hockey.

Il y a des clichés qui méritent parfois qu’on les utilise, et en voici un : Alex Belzile revient de loin. Dans ce cas-ci, « loin » peut sans doute se calculer en kilomètres.

Car l’attaquant québécois est arrivé à temps plein dans la Ligue américaine à l’âge tardif de 26 ans, après avoir porté des maillots aussi prestigieux que ceux des Gladiators de Gwinnett et des Steelheads de l’Idaho. Il était un vétéran du Rocket à Laval avant de passer par le Centre Bell de temps à autre, et puis là, en ce beau dimanche, à son septième match de la saison, il s’est offert le cadeau d’un premier but dans la LNH. À 31 ans.

Ça le met au troisième rang des plus vieux joueurs à marquer leur premier but dans l’histoire de ce club, après un certain Herb Gardiner, qui avait réussi le coup en 1926 à 35 ans, ainsi qu’un autre joueur, Johnny Matz, qui avait 33 ans quand il a enfilé son premier but en 1924.

Alors non, Alex Belzile ne risque pas d’oublier ça.

« J’ai pas vu la rondelle aller dans le but, mais j’ai vu les gars arriver vers moi, alors j’ai allumé que c’est moi qui avais marqué ! a déclaré le vétéran attaquant au terme du match. C’est un feeling incroyable… »

On comprend qu’il ne s’agit que de hockey, ici, et que dans le grand ordre des choses, il y a des affaires plus importantes, n’empêche que les histoires de persévérance comme celle-ci méritent toujours d’être soulignées.

Même en fin d’après-midi, Belzile avait du mal à revenir sur terre dans le vestiaire du Centre Bell.

« Il y a beaucoup de travail derrière ça, a-t-il ajouté. Beaucoup de moments où je me suis convaincu que ça s’en venait… J’essayais de me contrôler après ça, il restait encore 50 minutes au match ! Depuis que j’ai été rappelé cette saison, j’ai des chances de marquer à tous les matchs. J’ai frappé trois poteaux. C’est un peu stupide, mais je me disais qu’à un moment donné, elle allait finir par rentrer !

« Mais je demeurais optimiste, je suis un gars de nature très optimiste. Je me disais que ça va rentrer, que ça s’en vient… Je ne serais pas ici si je n’étais pas un éternel optimiste. Marquer un but avec le Canadien, pour moi, c’est un rêve de petit gars, je sais pas combien de fois je rêvais à ça sur la patinoire extérieure à Saint-Éloi… Alors c’est un très beau moment pour moi. »

Dans le contexte actuel, les belles histoires comme celle d’Alex Belzile seront de quoi les bonheurs de cette fin de saison 2022-2023 seront faits.

En fin de journée, Martin St-Louis a reparlé de l’importance de bâtir cette culture qui peut mener à des moments de grâce pour une équipe, et à ce chapitre, une victoire comme celle-ci, par la marque de 6-2, face à des Oilers d’Edmonton sans doute supérieurs, permet à tout le moins aux partisans de voir un peu de lumière à l’horizon.

Mais en ce dimanche festif, toutes les lumières étaient pointées en direction d’Alex Belzile.

« Ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent, a expliqué Martin St-Louis. Il y a bien des gens qui n’atteignent jamais leur plein potentiel parce qu’ils lâchent un peu trop vite, dans n’importe quoi. Alex a compté ce soir, mais aussi, il a un impact sur notre équipe. Je suis fier de lui… »

Dans le détail

Xhekaj tombe au combat (littéralement)

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Arber Xhekaj

On aurait pu croire qu’avec la confortable avance de 3-0 dont profitait son équipe à mi-chemin en deuxième période, Arber Xhekaj n’était pas dans l’obligation de jeter les gants. Il a toutefois accepté l’invitation lancée par Vincent Desharnais, des Oilers, et ça ne s’est pas passé comme il le souhaitait. Immédiatement après le combat, le défenseur a retraité au vestiaire et il n’a plus joué par la suite. Alors qu’il arrivait au banc, on l’a vu s’adresser aux membres du personnel médical en se pointant l’épaule droite. Selon la version officielle du club, c’est le « haut du corps » qui est touché. L’organisation précise que Xhekaj « rencontrera les médecins au cours des prochains jours pour déterminer la nature de la blessure et la durée de [son] absence s’il y a lieu ». De la nourriture pour les pensées.

McDavid n’aime pas le Centre Bell

Connor McDavid aime-t-il venir à Montréal ? Il faudrait le lui demander. Mais aime-t-il jouer au Centre Bell ? On peut en douter. Depuis le début de sa carrière, le numéro 97 affiche une récolte de 9 points en 12 rencontres au domicile du Tricolore. Ce n’est pas catastrophique en soi, mais une recherche rapide révèle que l’ancien Centre Molson est l’amphithéâtre le plus hostile de la LNH pour McDavid. Dans aucun autre aréna ne produit-il à un rythme égal ou inférieur à 0,75 point par rencontre. Dimanche, il a conclu le match avec un différentiel de - 3, après avoir semblé souvent frustré de la tournure des évènements. De fait, une autre vérification confirme que McDavid est franchement moins efficace quand son club tire de l’arrière que lorsqu’il est en avance. À cinq contre cinq, depuis le début de la saison, sa production individuelle totale est de 2,61 points par tranche de 60 minutes. Lorsque les Oilers sont en avance, cette valeur gonfle à 3,6 points. Quand les Huiliers sont en retard : 1,63 point. Vous l’aurez lu ici.

Ça roule pour Desharnais

Son nom a été évoqué plus haut dans un contexte de bagarre, mais Vincent Desharnais ne fait pas que se battre chez les Oilers, au contraire. En réalité, il s’agissait même de son premier combat dans la LNH. Le Québécois de 26 ans, qui n’en était dimanche qu’à son 12match en carrière, fait très bonne impression dans la capitale albertaine. Depuis son rappel en janvier, il a pris part à tous les matchs de son équipe et lui a même porté chance. Avant la défaite à Montréal, les Oilers avaient compilé une fiche de 9-0-2 avec leur nouveau numéro 73 dans la formation. À son premier match dans la métropole, il a gardé sa marque de commerce : du jeu simple et sans dentelle, mais efficace. Son entraîneur Jay Woodcroft l’a d’ailleurs nommé parmi les rares éléments positifs de son camp dans cette rencontre et a salué son calme à sa première visite dans la « cathédrale » que représente le Centre Bell pour les hockeyeurs québécois. Le principal concerné, lui, s’est surtout navré du revers de son équipe. Du reste, il a souligné qu’une fois le match amorcé, « ça redevient un aréna comme les autres ».

Simon-Olivier Lorange, La Presse

En hausse : Evgenii Dadonov

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Evgenii Dadonov

Un match de deux aides pour ce vétéran, qui a connu l’un de ses meilleurs matchs cette saison.

En baisse : Jesse Ylönen

Pendant que d’autres comme Rafaël Harvey-Pinard et Alex Belzile profitent de leurs occasions, lui en profite pour disparaître.

Le chiffre du match : 9

Nombre d’équipes pour lesquelles Alex Belzile a joué dans les rangs professionnels