(Elmont) Lors de son bilan de fin de saison, le printemps dernier, Kent Hughes s’était fait demander si, en 2022-2023, des matchs avec trois défenseurs recrues dans la formation faisaient partie des options. Réponse : « On ne courra pas ce risque. »

Avance rapide de neuf mois, et voici le Canadien avec Kaiden Guhle (quand il est en santé), Jordan Harris, Arber Xhekaj et Johnathan Kovacevic comme membres permanents de sa brigade défensive, et Justin Barron qui tente actuellement de se greffer au groupe de façon durable. C’est pour ce genre de situation que l’acronyme « lol » circule parmi les jeunes.

On peut en rire, mais Hughes et le Tricolore ont été placés devant la nécessité quand Mike Matheson s’est blessé au camp, et que les vétérans David Savard et Joel Edmundson se sont pratiquement relayés à l’infirmerie.

Samedi, le Tricolore affrontait les Islanders, un match que les Montréalais ont perdu 2-1. La défaite est venue avec un coût supplémentaire : le centre Jake Evans, qui connaissait ses meilleurs moments de la saison, est tombé au combat en fin de première période, la jambe écrasée sous les 210 lb de son rival Brock Nelson.

Après le match, il a été aperçu dans les corridors du UBS Arena muni d’une orthèse au genou gauche. La durée de son absence demeure inconnue, mais disons que ça semble un tantinet serré pour le duel contre les Rangers en fin d’après-midi dimanche. À moins que Brock Nelson tombe de nouveau sur son genou et que la méthode du coup réparateur, proposée par Obélix dans Le coup du menhir, ne fonctionne, mais on divague.

« Il restait deux secondes, en plus, la période était pas mal finie. C’est toujours décevant et Jake jouait super bien ces temps-ci », a déploré Jonathan Drouin.

Il y avait déjà une certaine variété dans les trios, puisque St-Louis faisait appel à une formation à 11 attaquants. À 10 attaquants, les combinaisons devenaient encore plus variées et parmi ce qui a été tenté, Kirby Dach a eu droit à quelques présences au centre.

L’occasion se présente, donc, pour retenter l’expérience de Dach au centre. Chacune des expériences précédentes a été de courte durée. En fait, depuis le début de la saison, il n’y a jamais joué plus de quatre matchs de suite. Ses résultats à cette position étaient mitigés, et à l’inverse, sa complicité avec Suzuki et Cole Caufield incitait St-Louis à laisser les trois jeunes attaquants ensemble.

Cela dit, si Kent Hughes a monnayé Alexander Romanov pour obtenir un choix de milieu de premier tour, choix dont il s’est ensuite servi pour obtenir Dach, c’était dans le but de se construire une ligne de centre derrière Suzuki. La position est névralgique. Rappelons que c’est pour cette même raison qu’il y a six ans, Marc Bergevin a sacrifié Mikhail Sergachev : pour se renforcir au centre. Sauf que Jonathan Drouin est finalement plus efficace à l’aile.

Mais Dach est encore jeune, et la ligne de centre du Canadien, sans être aussi en lambeaux qu’à l’été 2017, n’est pas nécessairement une puissance en devenir. Le futur centre de deuxième trio est toujours difficile à identifier, et les espoirs Filip Mesar et Owen Beck ont encore des pas de géant à franchir avant de pouvoir même se mêler à la discussion. Ce besoin sera encore plus évident si Sean Monahan finit par être échangé, un scénario qui semblait écrit dans le ciel l’été dernier.

La deuxième moitié de saison, sans enjeu au classement, sera le théâtre parfait pour mener des essais. Que Jake Evans soit absent à long terme ou non, il faudra tôt ou tard tenter des choses au centre. Dach, avec sa grande portée, sa créativité et son habileté à protéger la rondelle, est le candidat possédant le plus d’atouts lui donnant la chance de connaître du succès à cette position.

Alors, est-ce le temps de se relancer dans les expériences ? « Ça reste des circonstances. Le besoin devient plus important que les expériences », a rétorqué St-Louis.

Si Evans doit s’absenter à moyen terme, les besoins mèneront naturellement l’équipe vers les expériences.

En hausse

PHOTO THOMAS SALUS, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki

Son mandat a changé en cours de match après que Jake Evans se fut blessé. Même s’il a été davantage sollicité dans son territoire, il a mis fin à sa séquence de 12 matchs sans but.

En baisse

PHOTO BOB FRID, USA TODAY SPORTS

Christian Dvorak

Pour un attaquant employé 18 minutes, on l’a très peu vu. Jean-Gabriel Pageau l’a mangé tout rond au cercle des mises en jeu, gagnant leurs sept affrontements.

Le chiffre du match

PHOTO STEVEN BISIG, USA TODAY SPORTS

Juraj Slafkovsky

20

Juraj Slafkovsky a disputé hier un 20e match de suite sans marquer. Son dernier but remonte au 1er décembre à Calgary.

Ils ont dit

Nos 10 premières minutes n’étaient pas ce qu’on souhaitait, mais j’ai aimé notre réponse ensuite. On avait besoin d’un but et on a poussé pour la deuxième. On a eu des chances, mais ils ont bloqué plusieurs tirs. Ils sont réputés pour ça.

Nick Suzuki

Il joue bien dernièrement et a mérité plus de minutes. Il a fait un beau jeu sur mon but. J’ai toujours aimé jouer avec lui et si on est ensemble au prochain match, on a un bon potentiel offensivement.

Suzuki, à propos de Jonathan Drouin

C’est pour ça qu’on a de l’extra. On appelait ça le blender sur le banc, il y avait 5-6 combinaisons qu’on n’avait jamais vues. On a bien répondu avec les joueurs qu’on avait, mais on a commencé en retard.

Drouin

J’aurais aimé marquer sur le tir frappé, je pense que ça a touché la mailloche du gardien. J’essaie de faire ce que je peux avec mon temps de glace et d’aider l’équipe, que ce soit avec des points ou pas. On aura sûrement de nouveaux trios demain. Je serai prêt pour ça.

Drouin

Les Islanders ne sont pas une équipe facile à affronter. Ils jouent un jeu simple avec un bon volume de tirs. Je suis déçu du résultat, mais je suis content de la bataille des gars dans les circonstances.

Martin St-Louis

Dans le détail

Discrètes retrouvailles

Alexander Romanov entre dans cette catégorie de défenseurs dont on dit qu’ils n’ont pas intérêt à se faire remarquer. En fait, on le remarque rarement pour des jeux offensifs, mais son talent pour distribuer la grosse mise en échec l’aide à se mettre en évidence. À l’occasion des retrouvailles avec ses anciens coéquipiers, Romanov s’est gardé une petite gêne. Il a certes été crédité de trois mises en échec, mais aucune ne peut réellement être qualifiée de percutante. De plus, Jonathan Drouin a semblé l’étourdir en préparant le but de Nick Suzuki en troisième période. Romanov a toutefois bien failli participer à ce qui aurait été le but d’assurance en troisième période, quand son tir a été dévié, mais Samuel Montembeault a fait l’arrêt.

Porte ouverte pour Ylönen ?

« J’aime sa game, il est responsable, mais il peut aller chercher un autre niveau offensivement. » Martin St-Louis décrivait Jesse Ylönen en ces mots, après l’entraînement matinal de samedi. Récemment rappelé de Laval, le Finlandais disputait un deuxième match depuis sa promotion. Il n’a pas paru décontenancé même si sa première présence du match s’est terminée par un but des Islanders, un jeu sur lequel il s’est fait tasser pendant une fraction de seconde par le marqueur Casey Cizikas, qui a ensuite fait dévier le tir de Noah Dobson. Ensuite, Ylönen a réussi nettement plus d’actions positives que négatives, orchestrant quelques relances intéressantes en deuxième période. La perte de Jake Evans lui a aussi valu quelques présences supplémentaires, dont quelques-unes avec Suzuki et Caufield. À suivre dimanche.

Piégé en plongeant

Samedi matin, Joel Edmundson nous expliquait la science derrière sa décision de plonger devant son gardien pour couper des lignes de passe. Lui et David Savard en font une spécialité depuis le début de la saison, et on soupçonne que cela émane des directives du personnel entraîneur. Un des critères qu’il a mentionnés : quand le joueur en possession de la rondelle travaille sur son revers. « Il a pas mal moins de chances de réussir une passe soulevée, par-dessus moi, sur son revers », a fait valoir le grand numéro 44. Le match n’était vieux que de 30 secondes quand Edmundson a eu la chance de s’exercer. Le gaucher Brock Nelson s’amenait en effet du côté droit dans ce qui était un deux contre un jusqu’au repli d’Evgenii Dadonov. Edmundson a donc plongé pour éliminer l’option de passe, sauf que l’astucieux Nelson en a profité pour freiner et couper dans l’enclave afin d’obtenir un tir dangereux. Samuel Montembeault a toutefois réussi l’arrêt avec la mitaine. Un rappel que le plongeon a ses limites.