La présente série d’insuccès du Canadien ne plaît évidemment pas à son entraîneur et aux joueurs, et dans une certaine mesure aux fans, mais elle n’a rien d’alarmante dans le contexte.

Elle permet dans un premier temps au CH de se retrouver dans une position où on l’attendait au classement en cette phase de reconstruction.

Si le repêchage avait lieu aujourd’hui, Montréal occuperait la neuvième position, avec 5 % de chance de remporter la loterie, mais pourrait aisément passer à la septième place et augmenter son taux à 6,5 % puisqu’ils devancent Vancouver et Nashville par des poussières.

Mais aussi, surtout, cette chute de productivité permet de chasser cette poudre aux yeux et donne l’occasion à la direction d’y voir plus clair quant aux besoins à moyen et long terme de l’équipe.

Ce club n’allait pas atteindre les séries avec Jake Allen comme gardien numéro un, quatre recrues en défense et trop d’indésirables à l’attaque.

Quels éléments manque-t-il encore, d’ici deux ou trois ans, pour rendre cette équipe redoutable ?

Un gardien numéro un

Carey Price ne jouera fort probablement plus jamais au hockey et son successeur n’est pas encore trouvé. Jake Allen, 32 ans, demeure un bon auxiliaire, mais pas un numéro un. Samuel Montembeault montre beaucoup de témérité et de calme depuis son arrivée à Montréal, mais il a 26 ans et il en faudra plus.

Dans les mineures, Cayden Primeau ne connaît pas la saison espérée dans la Ligue américaine après de brillantes séries éliminatoires. Le Tchèque Jakub Dobes, 21 ans, est sans doute le plus prometteur, mais il demeure un gardien de la NCAA pour l’instant, malgré ses succès dans les rangs collégiaux américains. Frederik Dichow, 21 ans, ne connaît pas le succès espéré à Frölunda, en Suède, cet hiver. Il est encore jeune.

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Cayden Primeau

Le Canadien pourra aussi s’en dénicher un dans un échange ou sur le marché des joueurs autonomes, comme l’ont fait les Devils, les Hurricanes, les Bruins, le Maple Leafs, le Kraken, l’Avalanche ou les Oilers, entre autres.

Un quart-arrière en défense

Le Canadien en arrache en supériorité numérique. Pour l’instant, on utilise Jonathan Drouin à la pointe. Sans plus de succès. Andrei Markov n’a jamais été remplacé. Le prochain se trouve peut-être déjà dans la cour de l’organisation.

Lane Hutson n’est pas très grand à 5 pieds 9 pouces, mais ce qu’il accomplit à sa première année dans la NCAA, à 18 ans, est phénoménal. Il a déjà 18 points en 16 matchs. Un rythme que la majorité des défenseurs offensifs de premier plan dans la LNH actuellement ne soutenaient pas au même âge.

Il devrait en principe tenir un rôle de premier plan avec les Américains au Championnat mondial junior. On aura une meilleure idée encore de l’étendue de son talent. Mais il ne sera pas prêt à avoir un impact dans la LNH avant au moins deux ou trois ans, le temps de gagner en maturité physique.

Sinon, l’avenir semble assuré à gauche avec Kaiden Guhle et Jordan Harris, déjà solides sans être des défenseurs purement offensifs.

Un défenseur droitier d’impact

David Savard accomplissait un travail colossal avant de se blesser et son absence fait mal. Il ne sera pas éternel non plus à 32 ans. Derrière lui, Johnathan Kovacevic constitue le seul droitier naturel et il a davantage le profil d’un défenseur de troisième paire. Justin Barron, 21 ans, obtenu pour Artturi Lehkonen, semble bien progresser à Laval. Il a 16 points à ses 20 derniers matchs. Sera-t-il en mesure de mieux jouer sur le plan du positionnement et des prises de décisions avec la rondelle lors de son prochain rappel ? Et attendons avant de couronner Logan Mailloux.

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Justin Barron

Ce défenseur sera-t-il repêché en milieu de première ronde en 2023 avec le choix des Panthers ? L’Autrichien David Reinbacher ? Lukas Dragicevic des Americans de Tri-City ? Le Suédois Axel Sandin-Pellika ? On ne repêche généralement jamais en fonction des besoins, alors ça reste à voir.

Un centre derrière Nick Suzuki

L’absence de Sean Monahan a laissé un vide important. La carence au centre est encore plus criante. Christian Dvorak demeure un bon soldat, mais limité offensivement, et il n’y sera probablement plus lorsque le Canadien deviendra redoutable. Montréal pourra toujours tenter de garder Monahan, mais celui-ci, à 28 ans, voudra sans doute un contrat de six ans et plus de façon à profiter pleinement de son autonomie complète. Lui offrir un contrat d’une durée aussi longue ne constitue sans doute pas la meilleure idée dans un contexte de reconstruction.

Kirby Dach pourrait être l’élu. Mais on le remarque de plus en plus; non seulement se nourrit-il très bien de Suzuki et Caufield pour produire offensivement, mais ceux-ci semblent moins efficaces sans lui à la droite de ce trio.

Si on place Dach au centre à long terme, il faudra dénicher l’ailier idéal à Caufield et Suzuki et ce n'est pas encore fait.

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Kirby Dach

Owen Beck montre de très belles promesses, mais pour l’instant il est d’abord identifié comme un solide troisième centre dans la LNH d’après les projections, malgré ses 39 points en 27 matchs à Mississauga cet hiver et un camp d’entraînement épatant. On ne sait pas encore si Filip Mesar, un produit de la cuvée 2022 lui aussi, jouera à l’aile ou au centre chez les pros.

Le centre rêvé sera peut-être repêché dans le top dix en 2023. Il en regorge. Les plus optimistes espèrent un coup de chance à la loterie et l’espoir de mettre la main sur Connor Bedard ou Adam Fantilli. Sinon, il y aura Leo Carlsson, Will Smith, Dalibor Dvorsky ou un autre.

On semble bien nantis en ailiers pour l’avenir avec Caufield, Slafkovsky, peut-être Dach, et éventuellement Sean Farrell, Mesar, peut-être Joshua Roy ou Jesse Ylönen, sans oublier les surprises.

Un certain Adam Engstrom

Adam Engstrom* est peut-être l’espoir le plus sous-estimé du CH. Ce défenseur gaucher a constitué le sixième joueur repêché par l’équipe en 2022, en fin de troisième ronde, derrière Slafkovsky, Mesar, Beck, Hutson et Rohrer.

Engstrom connaît une ascension fulgurante depuis quelques mois. Il a entamé la saison dans les rangs juniors à Rögle, en Suède, mais son ahurissante production de 13 points en 7 matchs lui a valu un rappel en première division (SEL), où il occupe désormais un rôle clé malgré son jeune âge (il a eu 19 ans en novembre). Il a amassé 5 points, dont 3 buts, en 23 matchs avec le grand club jusqu’ici.

Ce jeune homme n’avait jamais été considéré par l’équipe nationale auparavant, si ce ne sont que trois petits matchs chez les U19 l’an dernier, mais voilà qu’il vient d’obtenir son poste avec la Suède en prévision du Championnat mondial junior. Il pourrait même y tenir un rôle important.

Pour avoir visionné deux de ses matchs en SEL et un dans les rangs juniors, Engstrom, 6 pieds 2 pouces et 190 livres, est un défenseur extrêmement mobile, doté de belles habiletés individuelles, une belle vision, un solide tir, mais il devra gagner en maturité physique de façon à être plus solide dans ses batailles pour la rondelle.

Il est encore tôt pour prédire l’avenir dans la Ligue nationale de ce gaucher qui joue à droite, mais il est certes en avance au même âge sur Mattias Norlinder, qu’on a voulu en Suède faire une vedette avant l’heure. Il a au moins autant d’atouts offensifs et demeure supérieur défensivement, même si ça n’est pas sa force première.

*Engstrom a été repêché avec le second choix compensatoire offert par les Hurricanes pour Jesperi Kotkaniemi (le Canadien a cédé le choix de première ronde des Hurricanes et son propre choix de deuxième ronde en 2024 pour obtenir Christian Dvorak).

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  3. Non, le match Argentine-France, l’un, sinon le plus grand de l’histoire pour une finale de Coupe du monde, n’était pas pour les cardiaques. Vincent Larin s’est mêlé aux partisans ici à Montréal.