Martin St-Louis parle souvent des « tendances » qu’il cherche à corriger avant les erreurs individuelles.

Exemple facile. Rater une couverture défensive, ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs. Mais laisser échapper son joueur soir après soir, ça s’appelle une tendance. Ne cherchez pas, on ne vise personne.

Il y a quelques tendances qui tirent drôlement le Canadien vers le bas, ces jours-ci. En réalité, il y en a sans doute plusieurs, mais tenons-nous-en à l’essentiel.

L’une des plus flagrantes est son incapacité à s’inscrire au pointage en début de rencontre.

Au cours de ses cinq derniers matchs, soit depuis qu’il est rentré d’un voyage satisfaisant dans l’ouest du continent, le Tricolore n’a marqué aucun but en première ni en deuxième période. Il a conclu quatre de ces dix périodes avec cinq tirs ou moins. Et trois fois sur cinq, il a retraité au vestiaire au premier entracte en déficit de 2-0.

Ce n’est pas une bonne nouvelle, surtout quand on constate que le Canadien est l’une des pires équipes de la ligue lorsqu’il tire de l’arrière après une période. Son taux de succès de 12,5 % (1 seule victoire en 8 occurrences) le place au 27rang du circuit. C’est un peu mieux au rayon des retards à combler après deux périodes (3 en 16, ou 18,8 %), mais ça ne fait quand même pas des enfants forts.

Interrogé sur ces faux départs après la déconfiture de samedi soir face au Lightning de Tampa Bay, l’entraîneur-chef a parlé d’un « manque de finition ». « On est capables de fabriquer [des jeux], on a eu des chances en partant », a-t-il fait remarquer, ajoutant que les pénalités avaient encore fait mal à son club – on y reviendra.

Il est vrai que les Montréalais ont eu leurs chances… mais jusqu’à un certain point. Le site spécialisé Natural Stat Trick calcule qu’au cours des derniers matchs, le Tricolore a obtenu 9,24 chances de marquer de grande qualité par tranche de 60 minutes à cinq contre cinq, au 27rang de la LNH. Avec un avantage numérique qui est au neutre, on ne se surprend pas que cette séquence se soit soldée par quatre défaites.

« On est meilleurs que ça pour marquer des buts, ça ne rentre pas présentement », a encore dit St-Louis. On ne le contredira pas.

Pénalités

On a déjà vendu le punch : le Canadien passe beaucoup de temps de qualité au banc des pénalités. Surtout ces derniers temps : 66 minutes à ses 5 derniers matchs, un sommet de la ligue, loin devant les Panthers de la Floride, plus proches poursuivants (53 minutes).

Sans qu’il ne les blâme explicitement, Martin St-Louis était quand même furieux du travail des arbitres, mercredi soir dernier, après une défaite à Ottawa. « On méritait mieux », a-t-il fait valoir.

Les hommes zébrés n’ont peut-être pas connu la meilleure soirée de travail de leur carrière, mais ils n’ont pas non plus offert une performance hors norme. Depuis le début de la saison, au chapitre des minutes de pénalité par match, le Canadien arrive en effet au… deuxième rang du circuit. Et il est parmi les pires formations quant au différentiel de pénalités, soit la différence entre les pénalités de l’adversaire et les siennes : - 15, en 29place.

Samedi, sans cette fois cibler les officiels, St-Louis a encore déploré que ses hommes se fussent « défendus pendant toute la deuxième période ».

La Flanelle compte en ses rangs l’homme le plus puni de la ligue en Arber Xhekaj. Ses 63 minutes au cachot sont bien sûr dopées par ses cinq combats, mais il a en outre écopé de 14 pénalités mineures. C’est beaucoup en valeur absolue, et ce l’est encore davantage quand on constate qu’il n’a provoqué que neuf pénalités de l’adversaire. Aux fins de comparaisons, Nicolas Deslauriers, au deuxième rang des joueurs les plus punis de la LNH, est seulement - 1 à ce chapitre, et il n’a reçu que six pénalités mineures.

Les mauvais élèves sont d’ailleurs assez nombreux dans ce département chez le Canadien. Kirby Dach a le pire différentiel (12 pénalités mineures et différentiel de - 6), suivi par Chris Wideman – 9 mineures et - 4, en seulement 18 matchs.

À l’autre extrémité du spectre, Nick Suzuki (+ 7) et Jake Evans (+ 6) sont ceux qui obligent le plus leurs adversaires à commettre des gestes prohibés. Mentionnons également que Cole Caufield et Jonathan Drouin n’ont pas encore été punis cette saison, eux qui ont provoqué six et cinq pénalités, respectivement.

Dans bien des matchs, on ne se donne pas une vraie chance, car on écoule des punitions sans arrêt. On va essayer d’aller retrouver notre discipline sur la route.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

Le Canadien amorce en effet ce lundi un voyage de trois matchs loin de la maison. Après un premier arrêt en Arizona, le club s’envolera vers Denver puis Dallas pour les derniers matchs avant Noël.

Il y a bien des choses à « retrouver » pour que cette équipe connaisse du succès. Amorcer ses matchs à la bonne heure et rester loin du banc des pénalités constitueraient un bon départ.

Anthony Richard en renfort

Le Canadien a légèrement modifié sa formation tout juste avant de s’envoler pour l’Arizona. Le Québécois Anthony Richard a été rappelé du Rocket de Laval, tandis que Rem Pitlick a été cédé au club-école de la Ligue américaine.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Anthony Richard au camp d’entraînement du Canadien, en septembre dernier

Richard, 25 ans, est le meilleur marqueur du Rocket cette saison. Ses 31 points en 27 rencontres le placent également au troisième rang de tout le circuit. Il pourrait disputer un premier match dans la LNH depuis plus de trois ans.

À ce jour, l’attaquant a touché deux fois à la grande ligue, alors qu’il évoluait dans l’organisation des Predators de Nashville. Quant à Pitlick, sa chute se poursuit. Utilisé régulièrement la saison dernière, il a été relégué à un rôle de soutien depuis le début de la présente campagne.

Il a été limité à un point (un but) en 14 joutes jusqu’ici, et il a joué moins de 10 minutes à chacun de ses 7 derniers matchs. Il s’agit de sa troisième rétrogradation de la saison, mais la première qui semble directement liée à ses performances.