Jake Allen assure qu’il n’a rien vu. « Si je l’avais remarqué, la rondelle aurait fini dans le but ! »

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Ça se passe en troisième période, avec huit minutes à écouler et une égalité de 1-1. Nikita Zadorov moleste Jordan Harris en zone offensive, les Flames relancent l’attaque et s’amènent à 2 contre 0, avec le pauvre Allen comme seul rempart.

Nazem Kadri et Dillon Dube s’échangent la rondelle, mais sont incapables de marquer. Est-ce un arrêt d’Allen ? Est-ce l’intervention in extremis de Johnathan Kovacevic, en repli ?

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Jake Allen (34) et Michael Pezzetta (55)

« Kovy y a touché un peu, mon patin aussi. Je ne sais pas. Ça n’a pas rentré, c’est tout ce qui compte ! », de lancer Allen.

Ce qu’il n’avait pas vu, c’est le repli de Kovacevic. Ce qu’il a encore moins vu, c’est la légère poussée que Juraj Slafkovsky donne à Kovacevic. Qu’Allen ou Kovacevic ait empêché le but, c’était un jeu crucial dans la victoire de 2-1 du Canadien contre les Flames de Calgary, en tirs de barrage, lundi.

« Je me suis baissé la tête pour patiner le plus vite possible. Le timing était parfait, car au moment où j’ai étiré le bâton, c’est Juraj qui me donne une poussée, juste une petite poussée et c’était assez pour que je me rende », a raconté Kovacevic.

« J’essayais de le pousser, a confirmé Slafkovsky. Je sais qu’il a le plus long bâton de l’histoire ! Ça a fonctionné. »

C’était un simple détail, un jeu que l’on reverra assurément moins que la sublime passe qu’il a servie à Josh Anderson sur l’unique but des vainqueurs avant les tirs de barrage. Contre un Jacob Markström qui jouait comme un gardien d’élite, c’était le genre de jeu nécessaire pour marquer.

La réaction de ses coéquipiers, particulièrement de Kovacevic, en disait long sur la qualité de la passe que le jeune homme venait d’exécuter.

« On se tient beaucoup ensemble, c’est un bon ami, a expliqué Kovacevic. C’est juste bon de le voir réussir cette passe incroyable. Et c’est plaisant de le voir éclore. Ça paraît qu’il joue en confiance. En prolongation, il arrive et prend un gros tir frappé. Il n’hésite pas. »

Le toujours allumé confrère Patrick Friolet a relevé que Slafkovsky a réussi sa passe en faisant un jeu qu’il a répété à l’entraînement avec Adam Nicholas, directeur du développement hockey du Canadien.

« Évidemment que ses enseignements aident, a admis le grand ado. Ça aide de le pratiquer parce que ça devient ensuite une habitude dans les matchs. Tu ne réfléchis plus, tu le fais parce que ça devient naturel. »

Mine de rien, Slafkovsky compte quatre points à ses six derniers matchs, soit depuis que l’entraîneur-chef Martin St-Louis l’a promu au sein des deuxième ou troisième trios, selon la soirée, plutôt que de l’employer dans la quatrième unité. Ses minutes de jeu ont graduellement augmenté pour atteindre 15 min 22 s lundi, un sommet pour lui dans sa courte carrière.

Il y avait certes des circonstances atténuantes (le CH jouait à sept ailiers après la blessure à Cole Caufield et le match s’est disputé en 65 minutes). Mais il n’en demeure pas moins que St-Louis ne l’aurait pas employé en prolongation et deux fois dans les cinq dernières minutes de la troisième période s’il n’avait pas confiance. Sur une de ces présences, il a même failli préparer un autre but d’Anderson en bousculant d’abord le gros Zadorov, ce qui a mené à une chance du numéro 17.

« C’est dur de demander à un gars de 18 ans d’avoir beaucoup de détails dans sa game, parce que les détails, tu les apprends en arrivant dans la LNH, a souligné St-Louis. Mais c’est un jeune facile à coacher parce qu’il veut apprendre. Il ne pense pas qu’il connaît tout, il sait qu’il doit améliorer des choses et quand on en parle avec lui, il les exécute. Avec cette mentalité, il va toujours progresser. »

Dans le détails

Chris Tanev se sacrifie

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Chris Tanev retourne au vestiaire, aidé par ses coéquipiers.

En milieu de deuxième période, le défenseur des Flames Chris Tanev a bloqué un puissant tir frappé à courte distance de Nick Suzuki. La rondelle a terminé son chemin sur le côté de sa tête. Tanev s’est effondré après l’impact et est resté étendu sur la patinoire pendant quelques minutes avant de se relever difficilement et de retraiter au vestiaire. Il n’est pas revenu au jeu par la suite. C’était le sujet de discussion principal dans le vestiaire des rouges après le match. « Tu ne veux jamais voir ça, a dit Jonathan Huberdeau. C’est dangereux, de recevoir une rondelle au visage. Je n’ai pas vraiment vu la séquence. Mais ça n’avait pas l’air beau. Il avait l’air à souffrir. » Darryl Sutter a indiqué avoir parlé avec Tanev après la rencontre, sans toutefois donner de mise à jour sur son état de santé. « J’ai dit aux gars : le gars le plus dur du bâtiment est Chris Tanev, allez gagner pour lui. »

Caufield durement mis en échec

En possession de la rondelle devant son but lors d’un avantage numérique en début de deuxième période, Cole Caufield a été sévèrement mis en échec par le numéro 22 adverse, Trevor Lewis (6 pi 1 po, 201 lb). Caufield a brutalement chuté sur le dos et sa tête a semblé cogner au sol. Le meilleur buteur du Canadien a quitté le match et n’est pas revenu. Martin St-Louis a indiqué après la rencontre que son attaquant serait évalué mardi. « C’est un jeu qui arrive au hockey », a dit l’entraîneur-chef. « On est toujours préoccupés quand notre meilleur tireur ne revient pas, a pour sa part mentionné Juraj Slafkovsky. Mais j’ai fait ces tests deux fois en deux semaines. Je pense qu’il sera correct. »

Nick aux mains d’argent

PHOTO DAVID KIROUAC, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki (14)

Encore une fois, Nick Suzuki n’a pas déçu en tirs de barrage. Deuxième à s’élancer chez le Canadien après que le premier tireur de chaque équipe eut échoué, le capitaine a exécuté la feinte qui devient tranquillement sa signature. Le joueur de centre a marqué à ses quatre tirs de barrage cette saison, ce qui le place à égalité avec Kirill Kaprizov au premier rang de la ligue pour le nombre de réussites à ce chapitre. « Ça continue de marcher ! s’est exclamé Kirby Dach au sujet de la manœuvre de son coéquipier. C’est fou. Ça prend de la patience et beaucoup d’habiletés pour attendre et envoyer la rondelle par-dessus la mitaine, encore et encore. » Dach, troisième à s’élancer chez le CH, a aussi compté d’un tir des poignets dans le haut du filet. C’est la deuxième fois en deux occasions qu’il compte en tirs de barrage cette saison. « J’ai toujours senti que j’étais un bon tireur, a-t-il mentionné. Ça s’améliore. J’ai eu quelques occasions à Chicago. J’ai changé l’angle et différentes choses, de façon à lire ce que le gardien te donne. [Il faut] arriver non pas avec un esprit déterminé, mais avec un jeu défini ou trois mouvements [en tête] pour trouver comment marquer. »

Ils ont dit

C’est du hockey de gros bonshommes. On a mis nos pantalons de grands garçons et on a bien joué contre eux.

Jake Allen

Jake [Evans] a pris de grosses mises en jeu. [Josh] Anderson a patiné toute la soirée. Juraj [Slafkovsky] était très fort à la ligne des buts, il utilisait son gros gabarit, et Anderson a marqué le gros but. C’était notre meilleur trio ce soir.

Jake Allen

Je pense que c’était une bonne victoire d’équipe. On n’était pas parfaits, mais sur 60 minutes, c’est un de nos meilleurs matchs du début à la fin, côté détails, notre game, jouer le jeu qui est devant toi. C’était serré. On a bien tué les punitions.

Martin St-Louis

Nous nous sommes bien battus. C’était un match dur. Nous avons tué une pénalité de quatre minutes en prolongation, c’est énorme. Les gars se mettaient devant des tirs, certains sont tombés au combat. Je pense que les gars ont élevé leur jeu d’un cran aujourd’hui. Nous n’avons pas eu le dernier mot, donc c’est une déception.

Jonathan Huberdeau

Quand j’arrive, j’essaie de faire la bonne lecture. Il a été bon pour enlever l’option que je voulais. J’ai été chanceux que ça rentre.

Nick Suzuki au sujet de son but en tirs de barrage

On a généré beaucoup de chances. C’est juste que, parfois, la rondelle, ne veut pas rentrer. Mais en général, on a bien contrôlé la rondelle, on a fabriqué des jeux. C’est juste qu’on a manqué de finition, mais les intentions étaient là.

Martin St-Louis au sujet de l’avantage numérique

En hausse

Christian Dvorak

Grosse soirée de travail, même s’il n’a pas été récompensé sur la feuille de pointage. Six tirs au but, dont plusieurs de qualité, et 70 % de succès aux mises au jeu, tout ça en 23 minutes de jeu.

En baisse

Michael Pezzetta

Il a passé la soirée assiégé dans son territoire et son combat chorégraphié était digne de ce qui se voyait dans les années 1990.

Le chiffre du match

,975

C’est l’efficacité de Jake Allen en deux matchs contre les Flames cette saison. Il n’a accordé que deux buts sur 81 tirs.

Avec Katherine Harvey-Pinard, La Presse