Il a réalisé deux des transactions les plus grandioses du 21e siècle dans la LNH.

Cette semaine, le directeur général des Sharks de San Jose, Doug Wilson, a annoncé son départ pour des raisons de santé, après 19 ans de service. Seul David Poile, des Predators de Nashville, a travaillé plus longtemps à ce poste névralgique dans la Ligue nationale de hockey.

L’arrivée de Joe Thornton en 2005, obtenu pour Brad Stuart, Marco Sturm et Wayne Primeau, a assuré la pérennité des Sharks. San Jose a participé aux séries éliminatoires douze fois sur treize et remporté quatorze rondes après cet échange.

Thornton a amassé 1055 points en 1104 matchs avec les Sharks, avant de se joindre aux Maple Leafs de Toronto en 2020.

Doug Wilson, 64 ans, n’a pas non plus touché au noyau de son équipe pour obtenir le défenseur Brent Burns en 2011. Il a cédé Devin Setoguchi, Charlie Coyle et un choix de fin de première ronde en 2011 du Wild du Minnesota. Il a obtenu en retour un choix de deuxième ronde en 2012 en plus de Burns.

Le choix de première ronde se situait au 28e rang (Zack Phillips, aucun match dans la LNH), celui de deuxième ronde au 37e rang. Ce choix a finalement servi à obtenir Dominic Moore, un joueur de location.

Burns a constitué l’un des meilleurs défenseurs de la Ligue durant la dernière décennie, avec entre autres quatre saisons de plus de 65 points, dont une de 83 points et un trophée Norris remis au défenseur par excellence. Il a aussi terminé dans le top trois pour la course au Norris à deux autres reprises.

Grâce à Thornton et à Burns, et aussi à de brillants choix au repêchage au fil des ans tels Marc-Edouard Vlasic, Joe Pavelski, Logan Couture et Tomas Hertl, les Sharks ont connu une longue ère de domination.

Malgré tous leurs succès en saison régulière — huit saisons de plus de 100 points entre 2007 et 2019, et trois de 98 points ou plus — les Sharks n’ont jamais remporté la Coupe Stanley, sans doute la plus grande déception de Wilson.

Mais les Sharks ont conquis leur marché de la Californie en dominant leurs adversaires saison après saison, pour atteindre une finale de la Coupe Stanley, en 2016, et trois carrés d’as dans une division très compétitive avec des Kings de Los Angeles et des Ducks d’Anaheim au sommet.

Comme tout gestionnaire en poste longtemps, il y a toujours un échange de trop. Celui du défenseur Erik Karlsson en septembre 2018 a fait, et fait toujours mal aux Sharks.

Le moment aurait été bien choisi pour une réinitialisation avec un noyau vieillissant. Mais quand on tente désespérément d’obtenir enfin sa première Coupe Stanley, la tentation est forte de retarder la phase de rajeunissement.

Même s’il avait seulement 28 ans et déjà deux trophées Norris, Karlsson allait entrer dans une phase de déclin. Il n’y a jamais eu de chimie. Les Sharks ont atteint le carré d’as dès sa première année, mais ils rateront les séries pour une troisième saison consécutive ce printemps.

Leur chute brutale au classement a permis aux Sénateurs d’Ottawa de repêcher Tim Stützle au troisième rang en 2020 avec le choix de première ronde obtenu des Sharks. Ils ont aussi reçu leur éventuel premier centre, Josh Norris, repêché en première ronde par les Sharks en 2017, en plus de choix de deuxième ronde en 2019 (le gardien Mads Sogaard) et 2021 (Zack Ostapchuk).

L’arrivée de Karlsson et sa mise sous contrat ont forcé les Sharks à se départir de leur capitaine Joe Pavelski, entre autres, pour se conformer au plafond salarial. Malgré ses 37 ans, Pavelski a amassé 121 points en 126 matchs lors des deux dernières saisons à Dallas. Son départ a fait mal.

Doug Wilson laisse ainsi une organisation en mauvais état. Ils n’ont pas eu de choix de première ronde pour se régénérer en 2016, 2019 et 2020 (mais récupéré un choix de fin de première ronde, 31e au total, pour Barclay Goodrow contre un choix de troisième ronde en 2020). Ils ont aussi échangé Norris qui avait été leur choix de première ronde en 2017.

Leur situation salariale n’est pas rose. Le centre Logan Couture, 33 ans, est encore efficace, mais il est sous contrat jusqu’en 2027 à un salaire annuel de 8 M$. Il aura alors 38 ans. Le contrat de Karlsson, 31 ans, se terminera aussi en 2027. Il touche 11,5 M$ par année.

Brent Burns, 37 ans, aura encore trois années de contrat après cette saison à 8 M$ annuellement. Marc-Edouard Vlasic, lui, touchera encore 7 M$ par année jusqu’en 2026. Il a 35 ans.

Une somme, variant entre 1,6 M$ et 2,9 M$ au fil des cinq prochaines saisons, obstruera aussi la masse salariale pour le rachat de contrat du gardien Martin Jones.

Bonne chance au successeur de Doug Wilson…

Trois-Rivières pour Josh Brook

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Josh Brook

Une saison de 75 points en 59 matchs pour l’espoir du Canadien, le défenseur Josh Brook, à sa dernière année dans les rangs juniors, en plus d’une participation au Championnat mondial, a fait rêver plusieurs fans du CH. Certains analystes ont même rêvé à une incarnation de Brent Burns.

Mais les performances de joueurs de 19, 20 ans à leur quatrième année chez les juniors sont souvent trompeuses. Brooks paraissait perdu à ses premiers camps d’entraînement avec le Canadien et sa compréhension du jeu était largement déficiente. Mais ses admirateurs n’en démordaient pas, il allait devenir un défenseur de premier plan dans la LNH.

Brooks a peiné à ses deux premières années dans la Ligue américaine, Joël Bouchard l’a même utilisé à l’attaque à certaines occasions. Puis il a subi cette grave blessure au milieu de l’hiver l’an dernier, au moment où il commençait à trouver ses repères.

Après six matchs avec le Rocket récemment, après une longue absence, l’organisation a choisi de le rétrograder dans l’ECHL avec les Lions de Trois-Rivières, jeudi. Il n’a jamais été aussi loin de la LNH, surtout avec l’arrivée de Justin Barron, Jordan Harris et, éventuellement, de Kaiden Guhle, Logan Mailloux et compagnie.

Certains parleront d’un autre choix au repêchage décevant. Ils sont déçus parce qu’on leur a fait miroiter un défenseur de premier plan. Mais la grande majorité des joueurs repêchés en fin de deuxième ronde, comme c’est le cas pour Brook, au 56e rang en 2017, connaissent un sort semblable.

À ne pas manquer

1- Le gouvernement du Québec exige une expulsion de match pour les belligérants dans une bagarre lors des rencontres de la LHJMQ. Alexandre Pratt fait le point.

2- Sans contrat à la fin de la saison, le défenseur Chris Wideman a eu la chance de réintégrer la formation du Canadien jeudi au New Jersey afin de prouver sa valeur dans l’espoir d’obtenir une nouvelle entente. Il n’a pas raté l’occasion, écrit Guillaume Lefrançois.

3- Belle histoire que celle de Rose-Ann Joly, nommée entraîneuse adjointe de la nouvelle équipe de basket de l’Alliance de Montréal. Katherine Harvey-Pinard raconte.