Il y a un an, Rose-Anne Joly s’apprêtait à revenir d’un séjour de huit mois à Dubaï, où elle était entraîneuse et coordonnatrice des opérations de l’école de basketball de la NBA.

Avant son retour, elle a pris part à la balado Elles brillent, animée par Geneviève Tardif. Deux semaines plus tôt, la directrice des opérations de l’Alliance de Montréal, Annie Larouche, y avait participé elle aussi.

« Je l’ai écoutée et j’ai appris qu’Annie avait été nommée directrice des opérations de l’Alliance de Montréal, raconte Joly. Je trouvais ça vraiment cool, alors je lui ai envoyé un message sur Facebook pour la féliciter.

« Elle m’a répondu en me disant : “C’est drôle parce que je voulais communiquer avec toi. Plusieurs personnes m’ont dit de te lancer” », relate-t-elle.

Les deux femmes, toutes deux nouvellement ambassadrices pour Northern Baller Apparel, se sont ensuite croisées par hasard lors d’une séance photo, alors qu’elles avaient déjà prévu se rencontrer la semaine suivante. « On s’est regardées en riant, se souvient Joly. La vie fait drôlement les choses, parfois. Ç’a connecté. »

En juin dernier, Joly s’est vu offrir le poste d’entraîneuse-chef par intérim des Gee-Gees de l’Université d’Ottawa, qu’elle a accepté, tandis que Larouche continuait à mettre sur pied la nouvelle franchise de basketball montréalaise. Cette dernière n’a embauché son directeur général, Joel Anthony, qu’en décembre. Un mois plus tard, Joly réitérait à Larouche son intérêt à se joindre à l’Alliance.

« Elle a transféré mon CV à Joel Anthony et je pense qu’il a aimé ce qu’il a vu. On s’est appelés, puis j’ai parlé avec Vincent Lavandier [l’entraîneur-chef]. »

Il a visiblement, lui aussi, aimé ce qu’il a vu, parce que Joly a été nommée entraîneuse adjointe, responsable du développement des joueurs et de l’analyse de données de l’Alliance, mercredi. Il s’agira d’une première expérience professionnelle pour la Gatinoise.

PHOTO TIRÉE DE TWITTER

Rose-Anne Joly

Ça va être vraiment occupé parce que mon rôle n’est vraiment pas juste sur le terrain. Il va y avoir beaucoup d’analyse de données, de rencontres individuelles et de développement du joueur. Je vais être responsable d’un certain nombre d’athlètes et d’assurer leur développement à l’intérieur de la structure du coach Lavandier.

Rose-Anne Joly, entraîneuse adjointe de l’Alliance

De joueuse à entraîneuse

Quand une blessure à un genou l’a forcée à mettre fin à sa carrière de joueuse avec les Gee-Gees, en 2010, Rose-Anne Joly a vécu un « énorme deuil ». Il lui a fallu un bon moment pour se remettre mentalement de ce « changement de vie » qu’elle n’était pas prête à affronter.

En véritable passionnée, elle a commencé à faire du bénévolat dans le milieu du basketball. Et elle n’a pas tardé à se tourner vers le coaching, qu’elle pratiquait déjà depuis quelques années avec l’équipe de basketball de son école secondaire, à Gatineau.

« À ce moment-là, je pensais que j’allais être bénévole le reste de ma vie, que j’allais coacher des équipes communautaires au niveau secondaire et tout, raconte-t-elle. [...] Il n’y avait pas beaucoup de représentation féminine quand j’ai grandi et je n’avais pas l’impression que c’était quelque chose qu’on pouvait faire à temps plein au Canada. »

La femme de 32 ans a gravi les échelons une étape à la fois. Elle est d’abord passée par le Collège Nouvelles Frontières, en division 1, de 2010 à 2016. Elle a ensuite été entraîneuse adjointe bénévole des Gee-Gees, avant de devenir entraîneuse adjointe principale en 2017.

« J’aime le côté humain, savoir que j’épaule des étudiants-athlètes, et que non seulement je leur offre mes connaissances sur le terrain, mais je peux les diriger aussi quand ils ont des problèmes à l’école ou dans leur vie personnelle », explique-t-elle.

En 2018, Joly a été une des huit finalistes du Wayne & Theresa Embry Fellowship des Raptors de Toronto, un concours qui offre la chance à deux personnes d’acquérir une expérience rémunérée dans un environnement de basketball professionnel. Elle n’a pas gagné, mais elle s’est fait des contacts. Qui dit contacts dit occasions.

Quand la pandémie a frappé, en mars 2020, la Gatinoise a repris contact avec Dawn Smyth, qui travaille aux relations internationales de la NBA. Smyth lui a proposé d’être entraîneuse et coordonnatrice des opérations de l’école de basketball de la NBA située à Dubaï. Joly a sauté sur cette occasion de vivre « quelque chose de différent ». De septembre 2020 à avril 2021, elle a travaillé à faire grandir le basketball au Moyen-Orient.

« J’ai adoré l’expérience », dit-elle. Une expérience qui lui a aussi fait réaliser à quel point la communauté était importante pour elle.

« Je suis vraiment fière d’être québécoise. J’ai réalisé que c’était vraiment difficile, à 31 ans, de bâtir de nouvelles relations et de recommencer à zéro. J’avais le pressentiment qu’il y avait des choses que je n’avais pas terminées à Gatineau. Je voulais avoir un plus gros impact. »

Elle a donc accepté le poste d’entraîneuse-chef par intérim des Gee-Gees en remplacement d’Andy Sparks, en juin dernier.

Double rôle

Même si elle déménagera à Montréal en mai afin de passer l’été avec l’Alliance, Rose-Anne Joly compte rester avec les Gee-Gees. Elle espère que l’Université d’Ottawa fera d’elle son entraîneuse-chef officielle au cours des prochaines semaines.

Quand on lui demande si son objectif ultime est d’un jour être entraîneuse dans la NBA, Joly hésite.

« En ce moment, je me concentre vraiment à aller chercher le poste à l’Université d’Ottawa. Je crois vraiment au sport canadien. L’été prochain, [avec l’Alliance], je le vois vraiment comme du développement professionnel parce que je vais être entourée d’entraîneurs qui ont beaucoup de connaissances.

« Je ne veux pas me fermer de portes, mais en même temps, je crois au sport universitaire au Canada et au sport féminin », dit-elle.

Basket Plus

Désireuse de faire du bénévolat et d’aider à développer le sport dans le monde, Rose-Anne Joly a fondé il y a plusieurs années l’organisme Basket Plus, qui a permis la construction d’un terrain de basketball au Togo en 2018 et d’un complexe sportif en Haïti en 2019. « On crée des partenariats avec des organismes à but non lucratif du monde, qui utilisent le sport comme plateforme positive, et on met sur pied un projet qui est vraiment le leur, explique-t-elle. On s’assure que c’est un besoin essentiel, on fixe un objectif financier et ensuite on jumelle une équipe universitaire à ce projet-là. Eux ont la saison pour amasser les fonds. »