Sa critique à l’égard de l’ancienne administration est acerbe et pourtant, elle a eu très peu d’écho, du moins dans la frange partisane francophone du Canadien.

« Cette organisation était un peu de la vieille école », a lancé le nouveau VP aux opérations hockey, Jeff Gorton, au collègue Eric Engels, de Sportsnet, vendredi.

« Les joueurs doivent savoir qu’on a leurs intérêts à cœur, sur la glace et à l’extérieur, le monde fonctionne ainsi désormais. C’est important de se présenter dans un environnement positif de travail. Et il faut prendre soin des familles. C’est l’une des raisons derrière mon embauche. Je viens de l’organisation des Bruins et des Rangers, qui sont reconnues pour leur façon de faire à l’extérieur de la glace, et c’est ce que nous accomplirons ici à compter de maintenant. »

Jeff Gorton dit tout haut ce que de nombreux membres de l’équipe lui ont confié tout bas lors de ses nombreuses consultations depuis son entrée en poste il y a quelques mois.

Il est toujours extrêmement difficile pour un journaliste d’obtenir le pouls d’une équipe, à plus forte raison quand le vestiaire est fermé et les voyages avec le club interdits. L’époque où les chroniqueurs interviewaient les joueurs dans le jacuzzi est révolue depuis longtemps…

Mais Marc Bergevin, ses adjoints et l’entraîneur Dominique Ducharme ont été remerciés et les langues se délient peu à peu.

Bergevin avait ses qualités, mais la communication, le domaine des analyses statistiques avancées et les techniques modernes de développement n’étaient pas son apanage. Le Canadien a atteint la finale de la Coupe Stanley malgré les carences du DG à ce chapitre. Et peut-être surestime-t-on certaines de ces données aussi.

Mais il a néanmoins laissé l’équipe dans un état lamentable, après une deuxième partie de règne difficile.

Par souci de transparence, d’honnêteté envers le lecteur et aussi d’équité envers ses prédécesseurs critiqués sévèrement, il faut donner l’heure juste à propos de Dominique Ducharme malgré la sympathie qu’il peut nous inspirer.

Le Canadien ne se faisait pas déclasser à presque tous les matchs par hasard. Le courant n’a jamais vraiment passé entre ses joueurs et lui. Il était un homme isolé cette saison. Le contexte ne l’a pas aidé, mais le manque de communication non plus. C’est la triste réalité.

Jeff Petry n’a pas été chic envers son coach cet hiver en le critiquant subtilement par l’entremise des médias, et il était mal placé pour le faire en raison de ses performances médiocres sur la glace, mais il se sentait assez fort auprès de ses coéquipiers dans le vestiaire pour le faire.

Après avoir été lessivé 38-12 au total des buts lors des cinq matchs ayant précédé l’arrivée de Martin St-Louis, le Canadien vient de remporter deux matchs consécutifs pour la première fois de la saison, après avoir été compétitif lors des trois matchs au préalable.

L’énergie et le positivisme de St-Louis ont fouetté les troupes. En premier lieu le jeune Cole Caufield, cinq points, dont quatre buts, en cinq matchs, après en avoir obtenu huit à ses 30 premiers. Personne n’évoque plus la nécessité de le renvoyer à Laval. Caufield a joué 19:38 et 21:04 lors de ses deux derniers matchs.

Petry semble avoir retrouvé l’élan des beaux jours. Il a quatre points à ses trois derniers matchs et retrouvé ses 23, 24 minutes par rencontre. On lui reprochait ses violents tirs frappés dans la baie vitrée. Petry a sacrifié la vélocité pour la précision et sa nouvelle façon de procéder a provoqué au moins deux buts. Pourquoi le faire maintenant et pas avant ?

Nick Suzuki n’a pas produit des points à la tonne, mais il demeure un catalyseur à l’attaque. Ryan Poehling occupe un rôle modeste, mais il a obtenu trois aides à ses quatre derniers matchs. Alexander Romanov continue de prendre de l’assurance en défense. Rem Pitlick gagne l’estime de l’entraîneur de match en match.

On évoque ici des performances individuelles, mais la transformation la plus importante demeure au plan collectif. On joue de façon plus intelligente. Petry n’est d’ailleurs pas le seul à renoncer à la force du tir pour gagner en précision. Les gardiens sont mieux protégés et font le travail. Il s’agit pourtant essentiellement de la même formation qui se faisait écraser à chaque match ou presque.

Il y aura évidemment des périodes plus creuses. Et Gorton doit aussi apprendre de ses erreurs. S’il prend connaissance de ses commentaires, Marc Bergevin pourrait lui rétorquer qu’avec des méthodes un peu plus de la vieille école, ses stars auraient été mieux protégées à New York et il n’aurait pas perdu son emploi.

Mais Gorton, et Hughes, sont des hommes intelligents qui sauront sans doute s’inspirer de tous les courants de pensée, tout en gardant l’emphase sur le plus important : la communication et le renforcement positif.

Si seulement Jesperi Kotkaniemi, deux autres buts ce week-end, avait eu la chance de jouer pour cette nouvelle administration…

Jack Eichel brise enfin la glace !

PHOTO STEPHEN R. SYLVANIE, USA TODAY SPORTS

Jack Eichel

Jack Eichel est remis de sa délicate intervention chirurgicale à la nuque et il disputait dimanche son troisième match avec les Golden Knights de Vegas. Après avoir été limité à une aide lors des deux premières rencontres, il a marqué deux fois dimanche, dans une victoire de 4-1 contre San Jose. « Ça fait du bien, je n’avais pas compté depuis longtemps », a admis Eichel, dont le dernier but remontait à il y a presque un an, avec les Sabres. Malgré tous les succès qu’il pourra connaitre à Vegas, Buffalo ne regrettera pas de l’avoir échangé : Alex Tuch, 25 ans, a amassé 21 points en 19 matchs depuis son arrivée chez les Sabres, Peyton Krebs, 21 ans, a huit points à ses onze derniers matchs à l’aile gauche du deuxième trio et les Sabres détiennent aussi des choix de 1re, 2e et 3e ronde des Golden Knights.

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