(Zhangjiakou) Finale du relais sprint féminin en ski de fond.

Les Allemandes sont sur le point de causer la surprise. Katharina Hennig attend sa partenaire Victoria Carl, qui s’apprête à franchir l’arrivée devant la Suédoise Jonna Sundling. Elle lui montre la ligne rouge tracée dans la neige. Elle n’en croit pas ses yeux. Les Allemandes sont championnes olympiques. Le cri d’Hennig retentit dans tout le stade à peu près vide.

Cette victoire surprise, à laquelle j’ai le privilège d’assister des gradins, à une dizaine de mètres du finish, m’a donné mes premiers frissons des Jeux.

Ce qui a suivi m’a encore plus renversé. Derrière les Russes et les Finlandaises, respectivement quatrièmes et cinquièmes, les Américaines pointent à 10 secondes. Les tenantes du titre ne réussiront pas à rééditer l’exploit de PyeongChang, où elles avaient procuré une première médaille olympique d’or en ski de fond aux États-Unis.

Jessie Diggins pousse néanmoins jusqu’à la toute fin, même si les concurrentes suivantes sont très, très loin derrière.

« Tu fais juste aller aussi fort que tu peux », avait expliqué la fondeuse du Minnesota à Sports Illustrated avant le début des Jeux. « À partir de là, tu n’as jamais à te demander : qu’est-ce qui serait arrivé si j’avais seulement essayé ? Si je m’étais commise ? Si j’avais été la personne qui se donne le plus ? J’adorerais être la personne qui gagne. Mais la seule chose sur laquelle j’ai du contrôle est d’être la personne qui se donne le plus. »

En traversant le fil, Diggins s’écroule dans la neige. Elle est vidée de son énergie, de son essence. Ce n’est pas pour le show.

Sa coéquipière Rosie Brennan se penche à son chevet et lui enlève ses skis. Après plusieurs longues minutes à souffler dans la neige, Diggins se relève avec l’aide de Brennan, qui lui glisse une couverture grise sur les épaules. Elle peine à tenir sur ses pieds. Elle ressemble presque à un zombie. Pour une cinquième place.

Trois jours plus tard, Diggins souffre d’un empoisonnement alimentaire qui la cloue au lit. Sur les conseils de sa mère, elle prend quand même le départ du 30 km. Juste pour voir. Elle gagne l’argent derrière la grande Therese Johaug. La personne qui se donne le plus, c’est bien elle.