Trois changements d’entraîneur, la mort soudaine d’une coéquipière ainsi qu’une qualification paralympique à confirmer. Dans la tourmente de ce qu’a vécu l’équipe canadienne de basketball en fauteuil roulant, le leadership de la capitaine Cindy Ouellet a été mis à l’épreuve dernièrement.

Et la Québécoise a répondu à l’appel.

Au cours d’une année charnière où l’incertitude était omniprésente, Ouellet a su rassembler les troupes pour les mener vers la qualification paralympique tant attendue.

Mine de rien, Cindy Ouellet en sera à une sixième participation aux Jeux paralympiques, une cinquième en basketball en fauteuil roulant. Elle s’est également alignée en ski paranordique à PyeongChang, en 2018.

Le chemin pour y parvenir n’aura pas été de tout repos, mais l’athlète de 35 ans est heureuse d’avoir une chance de plus pour enfin aller chercher la première médaille paralympique de sa carrière.

C’est la seule médaille qu’il me manque. On y va évidemment un match à la fois, mais ça fait quelques années qu’on a de la difficulté à passer les quarts de finale. Je pense qu’on va s’organiser pour y arriver cette fois et donner le ton pour le reste du tournoi.

Cindy Ouellet

« On est une équipe qui se suit depuis de nombreuses années, on se connaît tellement et on a fait face à beaucoup d’adversité dans la dernière année. Avec tout ce qu’on a vécu, je crois qu’on est une équipe unique, vraiment soudée. La cohésion a été exceptionnelle dans les derniers mois et ça va créer des flammèches à Paris. »

Avant les Championnats du monde au printemps 2023, l’entraîneur Marc Antoine Ducharme a été remplacé de façon intérimaire par Marni Abbott-Peter, qui a occupé le poste jusqu’au début de l’automne. C’est ensuite Paul Bowes qui a pris les rênes de l’équipe à la veille des Jeux parapanaméricains. Quelques jours après sa nomination, la Québécoise Maude Jacques est morte d’une infection bactérienne virulente.

Le courant n’a simplement pas bien passé entre Bowes et les joueuses canadiennes à Santiago, si bien qu’en mars, Michèle Sung est devenue le quatrième entraîneur de la formation en mois d’un an.

« Je pense que le rôle de leader, si on veut, est venu naturellement de mon côté, quand on manquait de stabilité avec nos entraîneurs. Je prenais le temps de contacter les filles pour m’assurer que tout se passait bien de leur côté. Je suis restée près de mes coéquipières pour que toutes les filles soient prêtes quand on arrive en match, peu importe le coach sur le banc », a expliqué Ouellet.

Cette fois, tout semble bien se dérouler, comme l’explique la vétérane.

« On avait besoin de changement, je pense, et on semble enfin avoir trouvé le bon fit. Michèle nous écoute beaucoup, elle ne voulait pas changer nos stratégies, mais elle amène quand même son expérience pour faire de petites modifications. Elle a compris notre vibe. »

« On pense beaucoup, beaucoup à elle »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE WHEELCHAIR BASKETBALL CANADA

Cindy Ouellet

La mort inattendue de Maude Jacques, un mois avant les Jeux parapanaméricains, a évidemment été un coup dur pour Ouellet et ses coéquipières. Jacques avait fait son retour dans l’entourage de l’équipe au cours de l’été 2023 dans le but de se qualifier pour les Jeux paralympiques de Paris.

Ça n’a pas été facile. Je la connaissais depuis 15 ans et elle était vraiment importante pour nous toutes. Ce n’est pas facile de perdre une coéquipière comme ça. Elle était aussi impliquée dans le basketball en fauteuil roulant au Québec et je crois que tout le monde la connaissait. On pense beaucoup, beaucoup à elle.

Cindy Ouellet

Les Canadiennes ont officiellement obtenu leur billet pour Paris à Osaka, au Japon, il y a quelques semaines, au tournoi de la dernière chance où elles ont été invaincues. Cindy Ouellet assure que la formation jouera en l’honneur de Maude Jacques dans la capitale française.

« C’est certain qu’on veut aller gagner pour Maude, elle fait encore partie de notre équipe. Avec notre directeur de la haute performance, on a fait broder les initiales de Maude et son numéro à l’intérieur de nos nouveaux chandails. On les a portés au Japon et on va aussi les avoir à Paris pour se rappeler qu’elle est avec nous et qu’elle nous aide encore. »

Si Ouellet reste humble quant à son rôle de leader, sa coéquipière Élodie Tessier ne se gêne pas pour rappeler toute l’importance qu’a sa capitaine au sein de la troupe canadienne.

« Cindy, c’est une grande leader. Elle nous a poussées à garder la tête haute dans la dernière année. Elle prend soin de nous, elle est sérieuse et c’est vraiment elle qui solidifie la chimie de notre équipe », a indiqué Tessier.

La passion de Cindy Ouellet est toujours présente après autant d’années. Après les Jeux de Paris, elle aura dans sa ligne de mire les Championnats du monde de 2026 qui se dérouleront à Ottawa. Et à ce moment, les prochains Jeux paralympiques n’auront lieu que deux ans plus tard.

Une septième participation aux Jeux ? Cindy Ouellet ne veut pas trop s’avancer, mais elle ne fermera jamais la porte à un défi supplémentaire. Peu importe sa décision, ses coéquipières la suivront avec pleine confiance.