Les Hurricanes de la Caroline veulent mettre Jesperi Kotkaniemi sous contrat à long terme.

« Nous avons eu des discussions, je ne peux le nier, a confié le DG des Canes, Don Waddell, au confrère Pierre Lebrun. Nous aimons le joueur. Nous voulons le garder à long terme. Nous avons parlé la semaine dernière et nous reprendrons les pourparlers après la pause. On trouvera une solution pour rendre tout le monde heureux. »

Jesperi Kotkaniemi demeure un flop aux yeux de plusieurs partisans du Canadien. Mais pour les Hurricanes, deuxième club au classement général de la LNH au chapitre du taux de victoire, et maître dans l’art de repêcher et développer des jeunes joueurs de talent, Kotkaniemi fait partie de leur avenir.

Kotkaniemi, 21 ans, repêché au troisième rang de la première ronde en 2018, a connu des débuts timides en Caroline, après avoir signé une offre hostile de 6 millions pour un an. Il a amassé quatre points à ses seize premières rencontres.

Mais au lieu de frapper le mur fin décembre, début janvier, comme en début de carrière avec le Canadien, Kotkaniemi, présentement soumis au protocole de la COVID, a pris son envol. À ses seize derniers matchs, le jeune homme a obtenu douze points.

Neuf buts en 42 matchs, c’est autant que les meneurs chez le Canadien, Nick Suzuki, Tyler Toffoli et Josh Anderson. Vingt points, c’est sept de moins que le meneur, Suzuki, en deux matchs de moins et en étant utilisé avec parcimonie au sein du quatrième trio.

De nombreux fans ont déjà tranché le débat entre Brady Tkachuk, repêché au quatrième rang par les Sénateurs d’Ottawa en 2018, et Kotkaniemi. Les deux en sont pourtant toujours en début de carrière.

Kotkaneimi a douze points à ses 16 derniers matchs, disait-on. Tout en étant utilisé une douzaine de minutes par rencontre, parfois moins, au sein du quatrième trio.

Au cours de la même période, Tkachuk, 22 ans, a amassé neuf points, trois de moins que Kotkaniemi, tout en étant utilisé entre 19 et 23 minutes par match au sein du premier trio.

À la lumière des évènements, l’offre hostile déposée à Kotkaniemi ne constituait pas seulement un coup de Jarnac à l’endroit du CH qui, deux ans plus tôt, avait fait la même chose aux Hurricanes avec Sebastian Aho.

On aimait Kotkaniemi et on voulait attirer ce jeune centre en Caroline parmi cette bande de jeunes talents en coinçant le Canadien financièrement.

D’ailleurs contrairement à la rumeur populaire, les Hurricanes n’ont pas à lui offrir 6 millions par année pour le mettre sous contrat. Ils auraient eu à le faire seulement dans le cas d’une offre qualificative visant à retenir les droits sur ses services avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes. Ils peuvent en tout temps lui offrir un contrat d’une durée et d’un salaire à la convenance des deux parties.

C’est le pari que Marc Bergevin a refusé de prendre. Il aurait pu, par exemple, commencer à négocier dès maintenant un nouveau contrat avec le jeune homme et lui offrir soit un contrat pont, de quelques millions pour deux ou trois ans, ou une entente à long terme à un salaire annuel inférieur à 6 millions, quoique les relations entre Kotkaniemi et la direction de l’équipe s’étaient refroidies après les séries éliminatoires.

Kotkaniemi, on le rappelle, a été rayé de la formation lors des deux derniers matchs de la finale même s’il venait au deuxième rang des buteurs du club avec cinq buts en 19 matchs.

Le jeune homme avait aussi envoyé des flèches à l’équipe dans les mois précédents au plan des méthodes de développement de l’organisation et de la confiance manifestée envers les jeunes joueurs de l’équipe.

Bergevin a préféré recevoir les deux choix compensatoires, de première et troisième ronde en 2022, pour ensuite les offrir aux Coyotes de l’Arizona (le CH a donné son choix de deuxième ronde de 2024 et conservé le choix de troisième ronde reçu pour 2022) en retour du centre Christian Dvorak, 25 ans, et boucher un trou à court et moyen terme.

Il est difficile de juger de la valeur de Dvorak, 16 points, dont sept buts, en 34 matchs, dans une saison comme celle-ci, et en raison des nombreuses blessures qui l’ont affecté. Mais en cinq saisons complètes, il n’a jamais amassé plus de 40 points (il l’aurait peut-être fait l’an dernier sur une saison complète). C’est un peu le joueur qu’on voit à Montréal. Une certaine touche offensive, moyen défensivement, certainement pas aussi efficace que Phillip Danault, pas très explosif sur patins.

Bergevin a offert aux Coyotes le choix de première ronde le plus favorable entre celui des Hurricanes et le sien, à moins qu’il ne se situe dans le top dix. Dieu merci. Les Coyotes devraient donc repêcher après le 25e rang, peut-être après le 30e rang si les Hurricanes gagnent deux rondes.

S’ils n’avaient pas transigé avec les Coyotes, le Canadien aurait donc reçu un choix de fin de première ronde, entre le 25e et le 32e rang, là où les chances d’obtenir un joueur établi dans la LNH se situent à environ 25 %, et un choix de troisième tour, entre le 93e et le 98e rang.

Si Kotkaniemi se développe comme les Hurricanes l’espèrent, il s’agira d’un autre espoir perdu. Deux des meilleurs défenseurs du Lightning de Tampa Bay, doubles champions de la Coupe Stanley, ont été repêchés par le Canadien de Montréal : Ryan McDonagh, en 2007, échangé par Bob Gainey pour obtenir Scott Gomez, et Mikhail Sergachev, en 2016, échangé par Bergevin contre Jonathan Drouin.

En espérant que cet exode de talent cesse avec Kent Hughes.

En repensant à Wickenheiser et Napier…

Un lecteur, Raymond Labelle, rappelait ce week-end dans un courriel les erreurs du Canadien au fil des ans au repêchage. Monsieur Labelle, un partisan de longue date, a remonté plus loin dans l’histoire en rappelant deux bourdes de taille : Mark Napier à la place de Mike Bossy en 1977 et Doug Wickenheiser devant Denis Savard en 1980. Avec le recul, il s’agit en effet de choix épouvantables. Il importe de se remettre dans le contexte de l’époque et consulter les statistiques des joueurs en question à leur année d’éligibilité.

À 17 ans seulement, Napier avait marqué 60 buts en 80 matchs avec les Bulls de Birmingham dans l’Association mondiale, une ligue évidemment nettement plus relevée que les circuits juniors puisqu’il s’agissait d’un circuit professionnel comptant des joueurs comme Réal Cloutier, Anders Hedberg, Ulf Nilsson, Marc Tardif, Gordie Howe et Blaine Stoughton.

Wickenheiser était un centre de 6 pieds 1 pouce et 200 livres, un gros gabarit à l’époque. Il avait amassé un hallucinant total de 170 points, dont 89 buts, en 71 matchs avec les Pats de Regina.

Comment se seraient développés Mike Bossy et Denis Savard à Montréal et Napier et Wickenheiser dans des marchés comme Long Island et Chicago ? On ne le saura malheureusement jamais.

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