Il y a 16 mois, la LNH a choisi de s’installer au Canada pour tenir ses séries éliminatoires, puisque le pays était reconnu pour sa gestion de la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, le circuit doit composer avec les mesures sanitaires canadiennes pendant qu’il tente de poursuivre sa saison.

La LNH a annoncé lundi qu’elle repoussait neuf matchs prévus au Canada du 31 décembre au 10 janvier, dont cinq qui devaient avoir lieu au Centre Bell de Montréal.

Dans son communiqué, la LNH explique que les limites de capacité dans les amphithéâtres sont la cause de ces reports et qu’elle tentera de remettre ces parties au calendrier lorsque les restrictions seront assouplies ou retirées.

Cette annonce met en évidence les différentes visions qu’ont le Canada et les États-Unis quant à la gestion de la pandémie.

Lundi, les autorités sanitaires américaines ont réduit les restrictions d’isolement pour les personnes atteintes par la COVID-19 de dix à cinq jours, ce qui a poussé la LNH à revoir ses protocoles.

Toutefois, rien n’indique actuellement que le Canada va emboîter le pas à son voisin du sud. Au contraire, plusieurs provinces ajoutent des mesures restrictives, comme des limites de capacité pour les grands évènements.

« Le gouvernement et la population ne sont pas dans un état d’esprit propice à un relâchement des mesures, surtout pas les travailleurs de la santé », a expliqué le professeur à l’Université d’Ottawa Gilles LeVasseur, qui est spécialisé en relations canado-américaines.

« Les gens ont plutôt tendance à accepter plus de restrictions pour se protéger. L’idée que le virus fait désormais partie de nos vies et qu’il faut vivre avec n’est pas très répandue », selon M. LeVasseur.

Cette opinion est cependant mieux reçue aux États-Unis, au point où certains joueurs de la LNH sont frustrés de constater que les protocoles ne sont pas assouplis. Le retrait des activités pour 10 jours imposé aux joueurs qui ont reçu un test positif de dépistage à la COVID-19 est particulièrement critiqué.

« On dirait que c’est toujours à cause du Canada que les choses ne changent pas, donc je ne vois pas comment on pourrait faire adopter (une réduction de la durée du retrait forcé) », a affirmé l’attaquant du Lightning de Tampa Bay et représentant de l’Association des joueurs de la LNH, Alex Killorn.

« Mais je crois qu’il est raisonnable de dire que nous accepterions ce changement et que nous ferions ce qu’il faut pour le mettre en place rapidement. »

Naviguer en eaux troubles

La NFL et la NBA peuvent rapidement adopter des périodes d’isolement plus courtes pour les personnes dont le test de dépistage de la COVID-19 est positif. Les deux ligues peuvent également envisager de ne pas tester les joueurs asymptomatiques et vaccinés.

Mais avec sept équipes au nord de la frontière, la LNH n’a d’autre choix que de composer avec les nouvelles restrictions sanitaires imposées par le gouvernement canadien et les différentes provinces.

« Nous sommes habitués à devoir travailler avec des règles différentes dans différentes régions, donc ce n’est pas un nouveau défi », a mentionné le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly, dans un courriel envoyé à l’Associated Press avant l’annonce des nouveaux reports de matchs.

« Nous naviguons en eaux troubles et nous faisons tout en notre possible pour garder le contrôle », a ajouté Daly quelques heures avant la reprise des activités dans la LNH.

Le circuit Bettman renouait avec mardi soir après une pause du temps des Fêtes décrétée en réaction à la hausse du nombre de cas de COVID-19 au sein de plusieurs équipes.

Pas tant que nous jouons au Canada

Le directeur général des Islanders de New York, Lou Lamoriello, a mentionné dimanche que la LNH fait de son mieux pour poursuivre ses activités, mais qu’elle n’a pas le contrôle sur les mesures en place au Canada.

« À moins que nous ne jouions pas au Canada ou que nous n’ayons pas d’équipes au Canada, nous pourrions envisager de ne pas tester les joueurs vaccinés asymptomatiques, et cette option serait certainement envisagée, a mentionné Lamoriello.

« Mais avec les directives et les règles du Canada, c’est impossible. Nous n’aurions pas le droit de présenter des matchs sans faire passer de tests. »

La LNH teste les joueurs, les entraîneurs et le personnel quotidiennement jusqu’au 7 janvier en vertu de protocoles sanitaires renforcés, qui prévoient également le retour du port du masque et des restrictions supplémentaires pour les équipes sur la route. Les escouades de réserve sont aussi de retour jusqu’à la pause du match des étoiles.

Quant à savoir si le Canada suivra la stratégie américaine consistant à vivre avec le virus, le professeur LeVasseur ne s’attend pas à ce que ce changement se produise avant au moins deux semaines.

« S’il n’y a finalement pas de débordements dans les hôpitaux, cette mentalité va peut-être s’installer, a-t-il dit. Mais jusqu’au 15 janvier, rien n’ira dans cette direction. Il y aura plus de fermetures et de restrictions. C’est ce à quoi nous devons nous attendre. »