La bourde était monumentale.

Aussi cruel que cela puisse être de le résumer ainsi, le deuxième but du Canadien, qui a créé l’égalité 2-2 en toute fin de troisième période, est entièrement attribuable à une mauvaise sortie de Marc-André Fleury derrière son filet.

Le gardien québécois est sorti derrière son filet pour intercepter une rondelle dégagée une énième fois par une équipe qui ne créait rien ou presque en attaque jusque-là. Il a été surpris par le bond capricieux du disque sur son bâton, et l’objet s’est retrouvé derrière lui, directement sur la lame de Josh Anderson, qui ne s’est pas fait prier pour l’envoyer dans la cage abandonnée. On connaît la suite.

Malgré la culpabilité de Fleury, il ne fallait pas compter sur ses coéquipiers pour le blâmer du verdict final de la rencontre.

« Il nous a sauvés tellement de fois cette saison, je ne peux pas les compter », a lancé Nicolas Roy après la conclusion du match. « Des erreurs comme ça, ça arrive. »

« On aurait dû racheter ce but pour lui », a quant à lui estimé le capitaine, Mark Stone.

L’entraîneur-chef, Peter DeBoer, a croisé son gardien pendant l’entracte entre le troisième vingt et la prolongation.

« Je lui ai simplement dit : allons rechercher ce match, a indiqué DeBoer. On a affronté ce type d’adversité auparavant. Les gars ont toujours bien répondu devant lui. »

Apparemment, toute bonne chose a une fin. Car les Knights ont probablement connu leurs pires moments du match à la suite de ce but. Même avant de trancher le débat par le truchement d’un autre but de Josh Anderson, le Tricolore avait largement dominé la prolongation.

Il y a tellement de chances qu’on aurait dû convertir au cours des 60 premières minutes…

Mark Stone

Et comment ! Après une période, les visiteurs menaient 16-3 au chapitre des tirs au but. Et 30-8 après deux périodes. Au total, en un peu moins de 73 minutes, ils ont envoyé 77 rondelles vers le filet de Carey Price, dont 45 ont atteint la cible. Ils ont en outre généré 13 chances de marquer de qualité à cinq contre cinq.

Ça devrait théoriquement suffire amplement pour gagner un match, même à le mettre hors de portée en deux périodes ou moins.

C’est néanmoins le Canadien qui se réveille samedi matin en avance 2-1 dans la série.

Cela ne nuira pas au moral des troupes, assure Mark Stone. « On tirait de l’arrière 2-0 [au deuxième tour] contre l’Avalanche du Colorado, a-t-il rappelé. On s’était fait massacrer 7-1 au premier match. » Et pourtant, voilà son équipe en demi-finale de la Coupe Stanley.

« On a joué 60 bonnes minutes, a-t-il aussi réitéré. Mais d’abord et avant tout, il faut marquer des buts. »

« J’ai aimé notre match, a quant à lui soutenu Peter DeBoer. Si on peut jouer comme ça pendant toute la prochaine semaine, j’ai de la difficulté à croire que [le Canadien] puisse nous battre deux autres fois. »

Attaque massive en panne

S’il y a bien un aspect sur lequel les Knights doivent s’améliorer, et vite, c’est en avantage numérique.

Vendredi, ils ont bousillé quatre chances avec un homme en plus. Au total, en trois matchs contre le Canadien, ils n’ont converti aucune de leurs 10 chances, qui ont représenté un peu plus de 18 minutes.

Et depuis le début des séries éliminatoires, ils affichent un famélique taux de réussite de 10,5 %, au dernier rang parmi les 16 équipes qualifiées.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Depuis le début des séries éliminatoires, les Golden Knights de Vegas affichent un famélique taux de réussite de 10,5 %, au dernier rang parmi les 16 équipes qualifiées.

Cette lacune a été décrite par Reilly Smith comme le facteur d’insuccès « le plus important en ce moment ».

Car l’effet d’une attaque massive en panne ne se limite pas là, a souligné Mark Stone, déplorant par le fait même la perte de « momentum » à cinq contre cinq.

En priorité, a-t-il tranché, « on doit jouer avec plus de fierté ».

Cela peut sembler abstrait. Mais il n’y a plus de mauvaise suggestion au point où cette équipe est rendue.